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1964 You'Re No Good

Betty EVERETT - You're No Good (1964)
Par LE KINGBEE le 21 Octobre 2017          Consultée 947 fois

L’année 64 restera à marquer d’une pierre blanche pour Betty EVERETT. Oui mais voilà, certaines chanteuses noires vont être privées de la timbale si ardemment désirée par manque de chance ou plutôt d’un concours de circonstance des plus bizarroïdes.
Nous sommes donc en 1964, Betty EVERETT, une native du Delta, s’est installée à Chicago depuis 1957. Betty a fait ses gammes à l’église, comme 99% des chanteuses noires de l’époque. A 17 ans, elle se tourne vers le R&B, au grand damne de ses parents. La scène Soul de la Windy City, très imbibée par le Blues, lui offre de belles perspectives. La jeune chanteuse intègre brièvement l’orchestre de Muddy Waters et décroche plusieurs engagements avec les valeurs montantes du West Side. En 1957, Magic Sam la recommande à Elie Toscano, patron du label Cobra, et Betty met en boite ses trois premiers singles. L’aventure sera de courte durée, on retrouve Toscano les deux pieds dans un bloc de béton au fond du lac Michigan. On de déconne pas avec la Mafia ! La jeune chanteuse tourne brièvement avec Ike Turner avant d’atterrir Chez C J Records, un micro label dirigé par Carl Jones, barman de son métier. Elle enchaîne chez Renée et One-Der-Ful ! Records mais c’est en1963 qu’elle consolide sa réputation en signant chez Vee Jay Records, célèbre firme chicagoanne concurrente du label Chess. Fin 63, elle met en boite un premier hit « You’re No Good » et cartonne dès l’année suivante avec « « The Shoop Shoop Song (It’s In His Kiss) ». La jeune chanteuse parvient à glisser cette même année trois autres titres dans les charts dont Let It Be Me », une adaptation de Gilbert Bécaud, chanté en duo avec Jerry Buttler.

Oui mais comme on vous le signalait plus haut, Betty ne sera pas favorisée par la chance : A l’ instant où elle cartonne, le Billboard décide de supprimer pendant un an et demi ses classements R&B, estimant que la similitude entre les classements de la Pop et du R&B sont trop proches. Cette disparition éphémère n’est pas sans conséquence, de nombreux artistes issus des ghettos seront écartés des hit-parades du moment.
Alors certes, « The Shoop Shoop Song » et « Let It Be Me » vont brièvement atteindre le Top 10 Pop, mais ces deux places honorables ne valent pas un numéro Un dans les charts R&B. Comme dirait l’autre, Betty n’a pas eu de chance, elle était là et bien là, mais au mauvais moment. Comble de malheur, sa maison de disque ne tarde pas à mettre la clef sous la porte pour cause de faillite. Everett enchaînera ensuite un parcours en dent de scie chez ABC, MCA et Fantasy. Elle connaitra encore le succès en 1974 avec « Sweet Dan » enregistré sous la houlette de Johnny « Guitar » Watson et en 1978 avec le modeste « True Love (You Took My Heart) » publié par United Artists. Au début des années 80, Betty Everett retournera vers le Gospel et s’installera en 1985 dans le Wisconsin, se consacrant au Gospel et à sa congrégation Fountain of Life and New Covenant churches. Betty Everett décède en 2001 à l’âge de 61 ans. Elle aura passé les vingt dernières années dans la musique religieuse, un pardon de deux décennies pour oublier sa longue passion avec la musique du Diable.

« You’re No Good » apparaît dans les bacs des disquaires en 1964. Cinq des douze titres ont fait l’objet de publications en single. Curieusement la chanson donnant son titre à l’album n’ouvre pas les débats et ne les ferme pas d’avantage. Ballade mid tempo, « You’re No Good », une compo de Clint Ballard enregistrée un mois avant par Dee Dee Warwick dans une version souffrant d’une surproduction, est délivrée dans une version Deep Soul du meilleur tonneau avec une voix qui impressionne. Linda Ronstadt donnera une seconde vie au titre quelques années plus tard.

Le domaine de prédilection de la chanteuse s’ancre résolument dans la ballade. On en retrouve pas moins de six : « With You I Stand », « It Hurts Be In Love », « I Need So You », «Chained To Your Love » (malheureusement parasitée par des chœurs à la Motown) ou bien encore « « Until You Were Gone » orientée dans le slow soul évoquant Barbara Lynn, sans oublier « You’re No Good ». « June Night » s’inscrit dans une ambiance cabaret oscillant entre Soft Swing et R&B et détonne de l’ensemble. Mais Betty savait aussi le ton, elle assène une version aussi personnalisée que cuivrée du classique « Hound Dog », une agréable alternative aux versions de Big Mama Thornton, Little Esther ou Elvis qui inspirera sans nul doute la récente reprise de Dee Dee Bridgewater. Autre morceau plein de peps avec « Hands Off » même si l’original de Jay McShann dépotait plus sévèrement. La chanteuse était également à l’aise avec des pièces plus légères, combinant Soul et Teen Rock : « The Prince Of Players ». Mais si une chanson devait figurer au tableau d’honneur, « Down In The Country », un Blues Soul chicagoan avec un beau solo de guitare, aurait toutes ses chances de rafler la mise.
Enfin, terminons par le gros carton, « The Shoop Shoop Song (It’s In His Kiss) ». Si Merry Clayton avait enregistré le titre de Rudy Clark pour Capitol quelques semaines avant, c’est bien notre Betty qui allait le populariser dans une version vitaminée hyper dansante. Evidemment plusieurs groupes s’attaqueront au morceau, souvent dans des tentatives peu captivantes (les Searchers, les Hollies, Sandie Shaw). Même Aretha Franklin se cassera les dents dans une version moins rythmée et bourrée de chœurs intempestifs. Cher reprendra le titre dans les années 90 avec une certaine réussite (avouons le).

« You’re No Good » constitue aujourd’hui encore un excellent disque de Soul chicagoanne. Les grincheux pourront trouver à redire sur les arrangements et l’orchestration sur deux ou trois pistes, mais la voix enthousiaste et pleine de verve et d’émotion* de Betty Everett aurait mérité une maison de disque un peu plus concernée.

* Fontana, tombé depuis dans l’escarcelle d’Universal, a édité le disque en Europe au début de l’année 1965 avec une pochette différente. Aucune indication ne figure sur la pochette dorsale, mais ce sont les Dells et les baguettes de Maurice White (futur Earth Wind & Fire) qui accompagnent la chanteuses.

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   LE KINGBEE

 
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- Betty Everett (chant)
- Maurice White (batterie)
- Marvin Junior
- Verne Allison
- Mickey Mcgill
- Johnny Carter


1. The Shoop-shoop Song (it's In His Kiss)
2. Hands Off
3. You're No Good
4. June Night
5. Hound Dog
6. With You I Stand
7. It Hurts To Be In Love
8. Until You Were Gone
9. The Prince Of Players
10. I Need You So
11. Chained To Your Love
12. Down In The Country



             



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