Le reproche que l'on peut faire à la synthwave, et c'est un défaut récurent, c'est que les groupes et artistes se ressemblent énormément. La recherche du "son" retro 80 se faisant avec les mêmes outils de productions (synthé, plugin VST et émulateur d'instruments eighties) la scène synthwave se confond d'un artiste à l'autre et rares sont ceux proposant quelque chose de neuf. C'est pourquoi l'arrivée de COM TRUISE dès 2011 (avec son premier EP "Cyanide sister" et son album "Galactic Melt") a apporté un véritable vent de fraîcheur. Le style de Seth HALEY (le seul nom se cachant derrière COM TRUISE) est très particulier. On y trouve de la synthwave bien sûr, mais aussi du funk ainsi que de l'electro minimale voire ambient par moment. Un mélange surprenant sobrement intitulé "Slow motion funk electro" par les puristes.

Il aura fallu attendre 5 ans depuis l'album "Decay" paru en 2012 (une attente parsemée de plusieurs EP ici et la) avant de voir débarquer le troisième album de COM TRUISE intitulé "Iteration". Et s'il est souvent difficile pour un artiste émergent de faire tenir sa signature sonore dans le temps sans la dénaturer, force est de constater que COM TRUISE se confirme avec "Iteration" comme stupéfiant d'inventivité.

L'album ouvre sur un premier morceau (Off your fake dimension) dans la pure veine de ce qu'on a l'habitude d'entendre avec COM TRUISE. Un synthé lancinant et mystérieux ainsi qu'une boîte à rythme en arythmie constante, marque de fabrique classique de HALEY. Ce morceau d'ouverture nous invite à quitter notre dimension pour s'immerger dans celle si particulière de COM TRUISE. "Ephemeron" poursuit notre immersion en proposant la même recette mais avec un Timestrech et Pitch de fin (modification du tempo et des notes en temps réel) très surprenant et psychédélique. "Dryswch" (où va-t-il chercher ces noms?) achève la transition d'un univers à un autre et nous accueille tel une renaissance dans ce nouveau monde offert par "Iteration". Les nappes de synthés nous englobent, toujours accompagnées d'une arythmie qui nous maintient en éveil, "Isostasy" ou encore l'excellent "Memory" incluent des voix digitalisées et glitchées, apportant un aspect très futuriste à l'ensemble. La suite de l'album est excellente mais il est regrettable de voir que HALEY se laisse aller à la facilité, conscient que sa recette marche, en proposant des morceaux qui se ressemblent entre eux. Heureusement, "Syrthio" ou "Vacuume" se démarquent clairement et permettent d'éviter de peu l'auto plagiat par moment (même si cela reste tout de même relativement discret). "When you find the limit.." est le morceau le plus synthpop et synthwave de l'album. Véritable ode au rétro futurisme typique du début des années 80 (je vous conseille à ce sujet l'excellent film Electric Dreams) le morceau se termine à nouveau par un timestrech et pitch sévère, nous rappelant que nous arrivons à la fin de cet album et qu'il va bientôt falloir remonter à la surface. Le titre "Iteration" conclut l'album comme il se doit, même s'il aurait été préférable, à mon sens, de clôturer sur le morceau précédant.

Avec ce disque, COM TRUISE démontre qu'il n'a pas perdu son savoir-faire lorsqu'il s'agit de nous transporter le temps d'un album dans son monde aux contours si particuliers. Sans pour autant égaler "Decay", "Iteration" reste un véritable Ovni dans le genre et je ne peux que vous conseiller de vous y plonger.