À l'heure où j'écris ces lignes, la justice n'a toujours pas rendu son verdict. Penelope Fillon a-t-elle oui ou non bénéficié d'un emploi fictif en tant qu'assistante parlementaire ? Pour moi, c'est de l'acharnement, je ne doute pas une seconde qu'elle ait une fois ou deux lavé les chaussettes de son mari. Et puis surtout c'est deux poids, deux mesures parce que, dans ce cas-là, qu'est-ce que la justice attend pour se pencher sur le cas de Pelle Gunnerfeldt crédité en 1997 comme ingénieur du son/producteur sur le premier album des HIVES ? Les VU-mètres sont dans le rouge du début à la fin. C'est pas un boulot fictif ça ? Il n'y avait personne derrière la console. À d'autres !

Il y a donc déjà vingt ans, The HIVES, une bande de jeunes hooligans originaires de Fagersta en Suède, soit le trou du cul du monde, sortaient leur première rondelle de revival garage punk. Tout est déjà là. En 27 minutes, les cinq joyeux drilles atomisent tout sur leur passage avec une aisance déconcertante et ce second degré savamment étudié qui fait qu'on leur pardonne tout. Et ils ne prennent personne en traître. « Well, Well, Well », la première plage, est un assaut sonique en règle d'une durée d'une minute. Le slogan « si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux » n'a jamais été plus a propos. Il vaudra mieux s'arrêter là pour certains. Pour les autres, amateurs de sensations fortes régressives, c'est parti pour un festival express de chansonnettes/baffes dans la gueule excédant rarement les deux minutes et demi. « a.k.a I-D-I-O-T » (annonciateur de « Walk Idiot Walk ») est presque un manifeste avec ce diablotin de Howlin' Pelle qui éructe et son frangin guitariste survolté, Nicholaus Arson, qui lui renvoie la balle sur le refrain. Vite une camisole de force pour ces deux-là ! On n'est pas loin de tenir un hit et c'est ce qui manquera réellement à ce premier glaviot (« Hail, Hail, Spit N Drool » en plage onze) balancé à la face du monde. Le tempo ralentit un peu mais on est toujours dans le rouge avec « Here We Go Again », morceau typique du combo avec un riff haché hérité des aïeuls SONICS ou MUSIC MACHINE au hasard et assené avec la hargne forcément plus dévastatrice des 90s. Les morceaux défilent ensuite sans pitié non sans tourner rapidement en rond, il faut le reconnaître, mais on a à peine le temps de le regretter que la galette est terminée.

Barely Legal est un premier essai gagnant paradoxalement d'une grande fraîcheur pour du revival. L'essai sera transformé trois ans plus tard avec Veni Vidi Vicious qui fera exploser The HIVES sur la scène internationale, un album toujours aussi sauvage mais plus varié avec un groupe privilégiant doucement mais sûrement davantage la mélodie et accouchant ce faisant de trois vrais tubes (« Main Offender », « Hate To Say I Told You So » et « Die, Alright »). On note dès ce premier méfait la participation dans les crédits d'un certain Randy Fitzsimmons, sixième membre invisible du groupe officiant comme songwriter/producteur/manager. Ce serait Nicholaus Arson (Niklas Almquist) pour certains mais le groupe facétieux n'a jamais confirmé et entretient la légende. Encore un emploi fictif en somme.

Note réelle: 3,5/5