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R&B - BLUES  |  COMPILATION

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2010 Call Her Name

Christine KITTRELL - Call Her Name (2010)
Par LE KINGBEE le 6 Décembre 2017          Consultée 1356 fois

Oubliée depuis des lustres, Christine KITTRELL a pourtant connu une longue carrière. Ne cherchez pas à découvrir un album de cette chanteuse de club, il n’y en a pas. On ne retrouve qu’une compilation de 15 titres « Nashville R&B Volume 2 » éditée en 1986 par le label anglais Krazy Kat, vinyle se négociant actuellement aux alentours des 40 €, un investissement sans risque qui vieillit bien tel un bon crû de Bordeaux ou de Bourgogne.

Formidable chanteuse au coffre généreux, Christine Kittrell était capable d’évoluer sur différents registres (R&B, Blues, Swing et Jazz). Intéressons nous rapidement à son parcours parfois digne de la Cosette des Misérables. Christine Joygena Porter voit le jour à Nashville, la capitale de la Country, en 1929. Elle n’a jamais connu son géniteur quant à sa mère, elle meurt quand Christine est à peine âgée d’un an. Il ne lui reste donc qu’une grand-mère, domestique dans un bordel et un grand-père ouvrier dans un abattoir. Dans son malheur, le bébé a toute de même du pot, elle échappe à Mémé et Pépé pour être confiée à un oncle et une tante habitant dans le quartier noir au nord de Nashville. Enfant, elle se met au chant en intégrant la chorale baptiste du quartier. Elle passe à l’étape supérieure en intégrant la Progressive Baptist Church dans laquelle l’un de ses cousins officie comme pasteur. Christine tourne alors avec cette chorale, un parcours qui la mène d’églises en églises. A 14 ans, elle se marie avec Rufus Carrethers, membre du Fairfield Four un ensemble réputé de Gospel, mais vous vous en doutez, l’entente entre les deux tourtereaux ne dure pas et deux ans plus tard elle retrouve Tata Roberta.
En 1945, après avoir chanté quelques temps au sein de la troupe du Révérend Jasper’s Gospel Singers, elle gagne un concours qui lui permet de se fondre dans le circuit des Clubs et de rejoindre l’orchestre du saxophoniste Louis Brooks. A la fin des années 40, suite à un second mariage, Christine prend le nom de Kittrell. Remarquée par le Ted Jarrett, l’un des premiers noirs à fonder son label au cœur de la Music City, Christine débute sa discographie en 1951 pour le label Tennessee Records, firme pour laquelle elle grave deux singles. Si « Sittin’ Her Drinking », son premier succès, ne rentre pas dans les charts, le disque se vend quand même à 150 000 exemplaires et lui permet alors de tourner en première partie de Ruth Brown, Big Maybelle ou Joe Turner. Le label met rapidement la clef sous la porte et la chanteuse rebondit chez Republic Records, petite firme dirigée par Bill Beasley l’ancien fondateur de Tennessee. Elle enregistrera sept singles de 1953 à 1955 pour Republic Records étant accompagnée sur certains titres par Little Richards.

En 1955, elle s’installe à Chicago enregistre deux titres pour Chess qui ne sortent pas, le label ayant perdu les masters. On peut penser que c’est là avec la disparition de ces deux titres qu’elle loupe le côche. La chanteuse quitte alors la musique du diable pour retourner vers le Gospel. En 1959, elle fait son retour en studio enregistrant une dizaine de singles pour les labels Champion, Key Hole, Vee Jay, King et sa filiale Federal. Au milieu des sixties elle tourne alors dans les bases militaires de l’US Air Force au Japon, aux Philippines et au Vietnam. En aout 68, la chanteuse est gravement blessée lors d’une attaque par un tir de mortier Viêt-Cong. Elle sera hospitalisée pendant un an et décide alors de laisser le monde du spectacle, derrière elle.
Au début des années 70, Christine change diamétralement d’orientation et devient assistante sociale se spécialisant dans les jeunes délinquantes. En 1972, suite à une attaque d’une jeune droguée hystérique dont elle s’occupait, elle fait une grave chute d’un escalier de secours et malgré de nombreuses interventions chirurgicales, elle ne peut que se déplacer en fauteuil roulant. Fortement handicapée la chanteuse va renouer avec la chanson intégrant The Linden Community in Action, un groupe de vétéran se produisant dans la région de Colombus, là où la chanteuse s’est établie. En 1998, surgissant tel le diable de sa boîte, le nom de Christine Kittrell revient à l’ordre du jour, la chanteuse participe à l’album « True Love Untold » réalisé par l’excellent guitariste Sean Carney (futur gagnant de l’IBC de Memphis). Le CD sera réédité en 2007 par le label Main Street Records. L’embellie sera de courte durée pour la chanteuse, elle décède en 2001 à 72 ans victime d’un emphysème et de problèmes cardiaques.

« Call Her Name », compilation de 31 titres dont 3 inédits, replace cette formidable chanteuse sur l’échiquier des grandes chanteuses de R&B. Si Christine Kittrell demeure la propriétaire d’une discographie de plus mince au vu de sa longue carrière, à peine 20 singles en comptabilisant une poignée de titres gravés sous un pseudo, n’oublions pas qu’elle chanta en club au sein des meilleurs orchestres fifties : Count Basie, Big Joe Turner, Earl Bostic, Paul Williams, Dave Bartholomew ou bien encore Memphis Slim pour ne citer que les principaux.

« Call His Name », titre ouvrant les hostilités, diffuse le parfait prototype d’un cocktail détonnant entre R&B et Black Rock n Roll avec Little Richard au piano et chœur, Lee Diamond au saxophone. Signalons la présence d’une seconde version éditée par Federal Records. La chanteuse se montre comme un poisson d’eau sur des pièces plus lentes comme « « Leave My Man Alone », le langoureux « Don’t Do It », « Gotta Stop Loving You » avec le sax de John Coltrane et l’apport de Gay Crosse au chant. Le tendre « « I Thank Him » nous plonge dans une torpeur dont on aura du mal à se relever.
Si elle a longtemps œuvré dans Gospel, Kittrell s’offre de somptueuses incursions dans la musique du Diable « Old Man You’re Slipping », « Sittin’ Here Drinking » un blues lent ode à l’alcool et future reprise de Earl Gaines et Little Richard aussi adapté par Muddy Waters sous l’intitulé « Whiskey Blues ». « Heartache Blues », un piano blues boosté par un court solo de saxophone mérite lui aussi une mention, tandis que « Evil-Eyed Woman » s’annonce comme un véritable Blues.
Mais la frontière entre Blues et R&B demeure souvent des plus minces, « Slave To Love » en est le plus bel exemple. « Black Cat Crossed My Trail », une reprise de Memphis Slim, se situe entre piano boogie et Black Rock n Roll.
Cette anthologie permet de découvrir quelques inédits comme l’énergique « L&N Special », « The Price You Pay For Love » et « Snake In The Grass », tous deux morceaux issus d’un single Champion.
Terminons ce panorama avec « I’m A Woman », une compo du tandem Leiber/Stoller, un R&B subtilement ravageur qui connaitra de nombreuses reprises (Peggy Lee, Bette Middler et une série de chanteuses Country Wynona Judd, Reba McEntire. Pour les curieux, on conseillera l’adaptation en français de Maria Vincent, chanteuse Yéyé ancienne maitresse du truand Francis le Belge sous le titre « Je Suis Une Femme », c’est à se tordre de rire (ou de honte c’est selon).

Cette anthologie, véritable rétrospective d’une chanteuse peu connue de notre contrée, est agrémentée d’un excellent book note de 38 pages richement illustré et bénéficie d’un excellent dépoussiérage sonore. Attention, certains lecteurs CD première génération ne peuvent lire ce CD d’une durée de 87 minutes.

Note réelle 4,5.

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   LE KINGBEE

 
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- Christine Kittrell (chant)
- Paul 'guitar Red' Johnson (guitare 13-14-15-16-17)
- Thomas Hartwell (guitare 1-18-19)
- Lefty Bates (guitare 24-25-26-27-28)
- Kelton Herston (guitare 29)
- Ollie Brown (guitare 11-12, basse 2-3-4-5-6-7)
- Clifford Mccray (basse 1-11-12-13-14-15-16-17-18-19-22-23)
- Quinn Wilson (basse 24-25-26-27-28)
- Alvin Jackson (basse 10)
- James Wilkerson (basse 29)
- Billy Sherrill (batterie 2-3-4-5-6-7-8-9)
- Kid King (batterie 1-11-12-18-19)
- Charles Connors (batterie 13-14-15-16-17)
- Willie Mitchell (batterie 22-23)
- Al Duncan (batterie 24-25-26-27-28)
- William Ackerman (batterie 29)
- Lovell Philipps (piano 2-3-4-5-6-7-8-9-11-12)
- Little Richard (piano, chœurs 1-18-19)
- Skippy Brooks (piano 13-14-15-16-17)
- Stash O'laughlin (piano 10)
- Wilso Jenkins (piano 22-23)
- William Pursell (orgue 29)
- Lee Diamond (saxophone 1-18-19)
- Louis Brooks (saxophone 2-3-4-5-6-7-8-9-11-12)
- Tommy Mcgee (saxophone 2-3-4-5-6-7-8-9-11-12)
- John Coltrane (saxophone 10)
- Nat Perrilliat (saxophone 13-14-15-16-17)
- Jimmy Beck (saxophone 22-23)
- Shakey Wilson (saxophone 22-23)
- Milton Battiste (trompette 13-14-15-16-17)
- Melvin Jackson (trompette 22-23)
- Tommy Turrentine (trompette 10)
- Harlan Floyd (trombone 24-25-26-27-28)
- Jimmy Johnson (harmonica 17)
- The Dells (chœurs 26-27-28)


1. Call His Name.
2. Leave My Man Alone.
3. Don't Do It.
4. Old Man You're Slipping.
5. Sittin' Here Drinking.
6. I Ain't Nothin' But A Fool.
7. Heartache Blues.
8. You Ain't Nothin' But Trouble.
9. Slave To Love.
10. Gotta Stop Loving You.
11. I'll Help You Baby.
12. L & N Special.
13. Every Night In The Week.
14. Evil-eyed Woman.
15. The Price You Pay For Love.
16. Snake In The Grass.
17. Snake In The Grass.
18. Lord Have Mercy (i'm So Lonely).
19. Sittin' Here Drinking Again.
20. Black Cat Crossed My Trail.
21. If You Ain't Sure.
22. I'm Just What You're Looking For.
23. I Thank Him.
24. Mr. Big Wheel.
25. Sittin' And Drinkin'.
26. I'm A Woman.
27. It's Nobody's Fault.
28. Next Door To The Blues.
29. Love Letters (straight From My Heart).
30. Ain't Never Seen So Much Rain Before.
31. Call His Name.



             



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