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2007 I'Ve Got A Feelin''

BIG MAYBELLE - I've Got A Feelin' (2007)
Par LE KINGBEE le 14 Avril 2020          Consultée 1097 fois

Le label anglais Rev-Ola, propriété de Joe Foster, ancien patron de Creation Records, nous dresse une rétrospective écrémant la période 1952-1956 à travers 28 faces enregistrées pour les labels Okeh et Savoy par BIG MAYBELLE.

Selon certaines encyclopédies, Mabel Louise Smith voit le jour à Jackson (Tennessee) en 1924. Mais la chanteuse est plus probablement née en 1919 ou 1920. Il est toujours délicat et déplacé de demander son âge à une dame.
A la fin des années trente, Mabel est découverte par Dave Clark⃰, responsable de promotion pour les firmes Decca, Duke-Peacok et Savoy, alors qu’elle chante au Rock Temple Church, une petite paroisse de Jackson. L’ancien chef d’orchestre, toujours à la recherche d’un nouveau talent, fait tourner sa nouvelle pouliche pendant une demi-décennie, un bon moyen pour elle d’acquérir assez de métier en se frottant aux publics des scènes Blues, R&B et Gospel du Sud. En 1944, elle grave son premier single pour Decca et intègre l’orchestre de Christine CHATMAN. Il lui faut attendre trois ans avant d’enchaîner chez King, le label de Sid Nathan pour qu’il elle enregistre trois 78-tours, épaulée par l’orchestre de HOT LIPS PAGE.
En 1952, Fred Mendelsohn, un recruteur d’Okeh, filiale de la Columbia, la remarque alors qu’elle se produit au Flame Show Bar tenu par Morris Wasserman. Elle est pressentie pour remplacer l’actrice Hattie McDaniel▪ (popularisée par son personnage de Mammy dans le film Gone With The Wind), Hollywood cherchant une actrice noire à la forte stature, mais n’est pas en état de se rendre à l’audition suite à une plongée dans les paradis artificiels. En quatre ans, la chanteuse enregistre neuf singles. Viré de la Columbia et par conséquent d’Okeh, Mendelsohn poursuit son boulot de dénicheur chez Savoy Records, emmenant dans ses bagages sa pouliche, tandis qu’Okeh édite un 10ème single, la firme disposant d’un titre préalablement refusé. Big Maybelle enchaîne avec un certain succès chez Savoy, firme pour laquelle elle commet un bon petit hit dès son arrivée avec « Candy ». Si la chanteuse devient l’une des chanteuses attitrées de l’Apollo, elle doit faire face au départ de son mentor, Mendelsohn se faisant congédier suite à une dispute avec Herman Lubinski, patron de Savoy. A partir d’octobre 56, Big Maybelle est confiée aux mains d’Ozzie Cadena, mais le producteur longtemps passionné par le Gospel s’intéresse essentiellement au Jazz. Le R&B étant pour lui un domaine récréatif, sa complicité et son engagement avec Big Maybelle sont nettement moins en phase qu’avec Mendelsohn.

Si Big Maybelle a toujours été victime d’un surpoids, d’où son surnom, la chanteuse est surtout victime de son addiction à l’héroïne. Si elle est toujours capable de mettre le feu aux planches des scènes où elle se produit, si ses textes grivois souvent à double sens plaisent encore au public noir, elle ne réussit jamais à replacer la moindre chanson dans la partie haute du Billboard. Malgré de bons enregistrements et quelques tentatives de retour pour les labels Brunswick, Chess et Rojac, Big Maybelle avait laissé passer sa chance, son dernier petit hit remontant à 1967 avec la reprise de Question Mark & The Mysterians « 96 Tears ». Souffrant de diabète et usée par ses excès et un surpoids invalidant, Big Maybelle décède en janvier 1972 des suites d’un coma diabétique.

Le compilateur propose ici 28 pistes enregistrées comme l’indique le sous-titre entre 1952 et 1956 pour les labels Okeh et Savoy. Ce sont donc plus précisément 20 titres Okeh, 7 Savoy et 1 titre Live gravé lors d’une émission télé d’Alan Freed.
D’emblée, « Gabbin’ Blues » dans lequel elle s’offre un savoureux dialogue avec Rose Mary McCoy nous place la chanteuse sur l’échiquier du R&B d’après-guerre. Si le titre se classe à la 3ème place des charts R&B, il lance la carrière de Rose Mary McCoy comme auteure de premier plan. Après un roulement de tambour, le chant puissant parvient largement à couvrir le souffle du sax ténor de Sam « The Man » TAYLOR et confirme la vigueur du vocal sur « Rain Down Rain ». Outre le titre d’ouverture, le label anglais n’oublie pas d’incorporer ses principaux succès : « My Country Man » (3ème dans les charts R&B), repris en Jump par Candye KANE, en Boogie Rag par Jools HOLLAND et en Garage par les GORE GORE GIRLS témoigne du punch de la chanteuse et « Way Back Home » (10ème), plus métronomique.
Au gré des morceaux, on apprécie l’humour dont pouvaient faire preuve la chanteuse et son orchestre. C’est ainsi que dans « Jinny Mule » le saxophone de Dave McRae imite le hennissement d’une mule alors que Big Maybelle nous conte les déboires que va connaître la bête. Mais la corpulente chanteuse savait également se montrer moins expansive dans des ballades bluesy attendrissantes : « Maybelle’s Blues », « My Big Mistake » avec un flamboyant Mickey BAKER à la guitare, « Ain’t No Use », une compo du tandem Leroy Kirkland/Sid Wyche largement supérieure à notre avis à celle de Sarah VAUGHAN. Comme le veut la tradition sudiste, le Blues fait partie intégrante de son répertoire : « The Other Night » et l’excellent « Pitiful » dans lequel Mickey Baker tente de lui donner la réplique en susurrant plus qu’il ne chante. Elle apporte une coloration exotique à « New Kind Of Mambo », tandis que « That’s A Pretty Good Love » aurait dû intégrer les charts s’il avait été correctement promu. Cette compo de Mendelsohn s’inscrit pleinement dans un répertoire à la Ray CHARLES époque « What I’d Say » et demeure capable de faire danser le premier cul de jattes venu. Il faut entendre Mickey Baker tentant de mettre son grain de sel et relançant ainsi toute la gouaille de Big Maybelle. LITTLE FEAT, The RIDES, Gina SICILIA ou l’excellente chanteuse mexicaine GIZZELLE reprendront le titre à leur compte. Fermez les yeux dix secondes et laissez-vous tenter par deux pas de danse : « Baby, my love is deep - How deep?- Deep as the bottom of the ocean- How pure? … ».
Enfin, comment ne pas terminer cette chronique par un vrai feu d’artifice avec « Whole Lotta Shakin’ Goin’ On », un pur Rock'N'Roll gravé en mars 55 sous la houlette d’un tout jeune Quincy JONES. Il faut attendre deux ans pour que le titre de Dave WILLIAMS, probablement coécrit avec Roy HALL, cartonne dans les classements via la version d’un jeune pianiste blanc complètement à la masse Jerry Lee LEWIS. Celui-ci déclare plus tard avoir vu Big Mama THORNTON chanter le titre, la confondant ainsi avec Big Maybelle. Rien d’étonnant de la part d’un gars qui carburait déjà à toutes les sauces et qui épousa sa cousine d’à peine 16 ans.

Bien que ses entrées dans les charts soient peu nombreuses, Big Maybelle est parvenue à maintenir la tradition du Gospel et du Blues dans la musique noire des années 50. Son influence dans le Rock'N'Roll demeure bien palpable alors qu’elle parvient à se couler dans l’univers d’une Soul naissante aux abords des sixties, contrairement à beaucoup de ses contemporaines. On conseille aux amateurs d’exhaustif de se pencher sur la compilation « The Complete King, Okeh & Savoy Releases 1947-1961 » éditée en 2016 par Acrobat, cette dernière étant plus complète avec pas moins de 53 titres. Ce recueil constitue une excellente approche pour tous ceux qui souhaiteraient découvrir cette chanteuse puissante et pleine de gouaille.

⃰ Il s’agit d’un homonyme du leader et batteur du groupe anglais Dave Clark Five.
▪ Hattie McDaniel a participé à 90 films entre 1932 et 1949. Elle demeure la première afro-américaine à avoir décroché un Oscar dans la catégorie des seconds roles.

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- Big Maybelle (chant)
- Rose Marie Mccoy (chant 1)
- Mickey Baker (chant 22, guitare 9-10-11-12-13-14-15-16-17-18-19-)
- Jimmy Cannady (guitare 1-2-3-4-7-20)
- Walter Mcghee (guitare 5-6-8)
- Lloyd Trotman (basse 9-10-11-12-21-22-23-24-25-27-28)
- Grachan Moncur (basse 1-2-3-4-7-20)
- Leonard Gaskin (basse 21-22-25-26)
- Al Hall (basse 5-6-8)
- Norman Keenan (basse 13-16-19)
- Solomon Hall (batterie 21-22-23-24-25-26-27)
- Marty Wilson (batterie 2-3-5-6-8)
- Charlie Smith (batterie 1-4-7-20)
- Jimmy Crawford (batterie 9-10-11-12)
- Panama Francis (batterie 13-16-19-28)
- Herbie Lovelle (batterie 15-17-18)
- Fletcher Smith (piano 1-2-3-4-7-20)
- Kelly Owens (piano 21-22-23-24-25-26-27)
- Al Williams (piano 9-10-11-12-14)
- Lee Anderson (piano 5-6-8)
- Ernie Hayes (piano 13-16-19-28)
- Alfred Cobbs (trombone 2-3-20)
- Eli Robinson (trombone 5-6-8)
- Billy Byers (trombone 15-17-18)
- Joe Wilder (trompette 9-10-12)
- Taft Jordan (trompette 11-14)
- Sam 'the Man' Taylor (saxophone 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12-13-14-16-19-2)
- Dave Mcrae (saxophone 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12-13-20-21-22-2)
- Leslie Johnakins (saxophone 13-16-19-21-22-23-24-25-26-27)
- Buddy Lucas (saxophone 21-22-23-24-25-26-27)
- Warren Lucky (saxophone 21-22-23-24-25-26-27)
- Paul Ricci (saxophone 9-10-11-12-14)
- Maurice Simon (saxophone 13-16-19)
- Jerome Richardson (saxophone 15-17-18)
- Albert 'budd' Johnson (saxophone 15-17-18)
- Haywood Henry (saxophone 15-17-18)
- Big Al Sears (saxophone 28)
- Freddie Mitchell (saxophone 28)


1. Gabbin' Blues (aka Don't Run My Business)
2. Rain Down Rain
3. Way Back Home
4. Just Want Your Love
5. Jinny Mule
6. Send For Me
7. My Country Man
8. Maybelle's Blues
9. I've Got A Feelin'
10. You'll Never Know
11. I'm Gettin' 'long Alright
12. My Big Mistake
13. Don't Leave Poor Me
14. Ain't No Use
15. Whole Lotta Shakin' Goin' On
16. One Monkey Don't Stop No Show
17. The Other Night
18. Such A Cutie
19. New Kind Of Mambo
20. So Good To My Baby
21. Candy
22. That's A Pretty Good Love
23. Mean To Me
24. Tell Me Who
25. Ring Dang Dilly
26. Pitiful
27. I Don't Want To Cry
28. Ring Dang Dilly/candy (live)



             



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