Il arrive que certains membres de différents groupes s'unissent et forment une seule clique. Le "All-Star Band" existe depuis des décennies et on connaît tous au moins un super-groupe ou un de ses membres.
On peut citer AUDIOSLAVE (avec Chris Cornell de SOUNDGARDEN et trois ex-membres de RAGE AGAINST THE MACHINE), A PERFECT CIRCLE (Maynard James Keenan de TOOL, Twiggy Ramirez) ou encore CROSSES (avec des membres de DEFTONES et GUNS N' ROSES) pour s'en rendre compte si on est un minimum mélomane.

La France ne déroge pas à cette règle. EMPYR en est l'exemple même. Ce quintet formé en 2007 est composé de membres de la scène rock française des années 2000 à savoir PLEYMO, VEGASTAR, WATCHA, et KYO.
Savoir que le poste de frontman est occupé par Benoît Poher (chanteur de KYO) peut en freiner certains. Non pas que son chant soit mauvais, mais il semblerait que ce n'est pas très Rock d'écouter KYO... Mon côté mélomane éclectique dépasse largement ces clichés rédhibitoires. Et c'est tant mieux.

Certes, on reconnaît assez facilement le chant de Benoît dès la première chanson de l'album ("God Is My Lover"), mais à la différence de KYO et des groupes dont sont issus les membres d'EMPYR, le chant est en anglais et c'est tant mieux. L'anglais est selon moi plus mélodieux, et on ne comprend pas tout le temps les paroles (ce qui est pas plus mal dans certains cas).

Cet album est comme ses membres, un mélange de différents éléments. En effet, les douze chansons se suivent et ne se ressemblent pas. On passe de chansons énergiques comme "God Is My Lover", "New Day" ou encore "The Voice Of The Lost Souls" à des morceaux plus posés comme "March On" ou "Water Lily". L'album oscille entre mélancolie ("Birth", "Forbidden Song") et gaieté ("The One", "The Voice Of The Lost Souls" ou "Tonight").

Que dire du son général? Les studios d'enregistrement de L.A ont bien fait le taff. Comme dirait un amateur de pommes, "C'est beau mais c'est loin". Mais enregistrer dans un grand studio ne fait pas tout.
Les idées sont bonnes, les parties batterie sont intéressantes. Des morceaux rentre-dedans et basiques comme "God Is My Lover" contrastent avec des parties plus déstructurées ("The Voice Of The Lost Souls", "Forbidden Song"). L'utilisation des cerclages ou des toms donne aux morceaux un côté plus intimiste ("Birth", "March On") qu'on retrouve avec l'utilisation de guitares acoustiques ("The One").

Les instruments à cordes sont bien présents et se démarquent sur certains passages comme dans "Forbidden Song", "Join Us" avec une fin bien bordélique entre les effets de grattes et un mur de basse/guitare assez gras. Les passages plus aériens laissent le temps à l'auditeur de respirer.
Tout comme les instruments, le chant alterne entre des passages posés à des passages plus criés. On le remarque sur "New Day", "Forbidden Song" et encore plus nettement sur "The Voice Of The Lost Souls".
Le constat est fait, nous avons des morceaux qui varient et empêchent le lecteur de sombrer dans la redondance sonore.
Mais varier n'empêche pas la cohésion. En effet, une mélodie revient sur plusieurs titres (dans le refrain de "New Day", sur "My Empress", et le piano dans le refrain de "Birth").

Côté influences, on retrouve des sonorités de différents horizons musicaux. "The One" a un côté BLINK 182 cuvée Take Off Your Pants And Jacket (Les chansons "Give Me One Good Reason" ou encore "Story Of A Lonely Guy"). Sur "God Is My Lover", le Pont avant le dernier refrain a un côté Strokesien (j'ose le néologisme, encore une fois!). Certains gros riffs de guitares font penser à du DEFTONES (la fin de "The Voice Of The Lost Souls" pourrait se retrouver sur l'album White Pony). On peut même retrouver une touche PLEYMO sur "Tonight" dont le refrain ressemble fortement à la chanson "Phantom". Logique vu le line-up.

Même si certains titres sont un peu en dessous ("The Fever" ou "One"), EMPYR propose un premier album de bonne qualité, et cela aussi bien au niveau du visuel que du contenu sonore. Même si pour certains, il peut avoir du mal à rivaliser avec le passé des groupes dont sont issus les membres.