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1962 Christmas With Eddy Arnold

Eddy ARNOLD - Christmas With Eddy Arnold (1962)
Par LE KINGBEE le 24 Décembre 2017          Consultée 1311 fois

Ah … … Christmas … … le sapin, la crèche, la naissance de l’Enfant Jésus, la dinde, la bûche, le grand crû qu’on ne sort qu’aux grandes occasions, le champagne, les cadeaux, la venue de Tante Jeanne qu’on ne voit qu’une fois par an. Que manque t-il à ce tableau bucolique, pittoresque et néanmoins réaliste ? Ah oui, l’indigestion aussi fatale qu’irrémédiable. Et oui, on va encore dire que je suis méchant, caustique ou désabusé dans le meilleur des cas. Mais même quand on est méchant, Noël peut aussi se prêter à la découverte d’un artiste, pas de chez nous et oublié depuis Mathusalem. Noël est l’occasion rêvée de revenir brièvement sur le parcours d’Eddy ARNOLD, grand chanteur de Country devant l’Eternel.

De son vrai nom Richard Edward, il voit le jour dans une ferme du Tennessee en 1918. Son paternel, un fiddler réputé, lui apprend les rudiments de la guitare et à 16 ans, l’adolescent se produit sur une radio péquenot locale. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, il participe à la Camel Caravan, une troupe chargée de distraire les troupes de soldats. En 1943, il se produit sur la scène du Grand Ole Opry, hérite du surnom The Tennessee Plowboy (le laboureur du Tennessee). Fin 44, il connaît son premier succès avec « Each Minute Seems A Million Years » publié par Bluebird, avant de tomber dans l’escarcelle du Colonel Parker, futur manager d’Elvis, et de signer avec la RCA. Grâce à sa voix enjôleuse, Eddy Arnold ne cesse d’aligner ses titres dans les charts Country et Pop de l’époque. Mais en 1953, le sulfureux Colonel Parker prend ses cliques et ses claques et les succès ne s’empileront plus comme à la glorieuse époque de l’Etat de Grâce. Le chanteur rebondit à la télé avec « The Eddy Arnold Time », la première émission TV entièrement consacrée à un artiste Country. Au fil des années, la RCA publie environ 90 albums (compilations comprises) du chanteur et presque 200 singles. Ce crooner devient le vieil ami de l’Américain Moyen vendant au passage plus de cent millions de disques. Parallèlement à sa carrière de chanteur, Eddy Arnold était un homme d’affaire bougrement avisé, investissant dans l’édition musicale. Il faisait partie d’innombrables conseils d’administration dans le domaine des gros consortiums et des banques. Eddy Arnold est décédé en 2008, juste une semaine avant son 90ème anniversaire. Juste une semaine après le décès de sa poule aux œufs d’or, la RCA rééditait en single « To Life », titre qui montait à la 49ème place des classements Hot Country Songs du Billboard. Cela faisait 25 ans qu’Eddy n’avait pas fait une apparition dans les hit-parades américains. Une chose est sûre, Eddy Arnold était et sera le laboureur le plus riche du territoire US.

Cet album paraît dans les bacs des disquaires américains fin novembre 1962. L’un des plus gros crooners Country est encore un gros vendeur, surtout à ce moment de l’année où tout ne va pas pour le mieux en Amérique. Entre la crise des missiles cubains et l’entrée à l’Université du Mississippi du premier étudiant noir (James Meredith), le pays est fracassé. Quoi de mieux en cette période d’amour, de joie et de rédemption qu’un bon petit disque de Christmas Songs ? 23ème album du chanteur pour la RCA, « Christmas With Eddy Arnold », est un disque au titre explicite, la pochette vous place sur la voie : Eddy Arnold, tout souriant, coiffé d’un bonnet de bûcheron tient une guitare acoustique, instrument dont il jouait rarement en session, derrière un village enneigé. Le genre de pochette rassurante en cette période de troubles.
Enregistré lors de trois sessions, entre le 5 et le 7 mars 1962 dans les studios RCA de Nashville (la firme n’est pas en retard), le disque propose un savant mélange de titres traditionnels archi rabâchés et d'autres inusités. « Christmas Can’t Be Far Away », une ballade du prolifique Boudleaux Bryant, nous remet presque le cœur à l’endroit: « Christmas can't be far away- A neighbour tipped his hat to me this mornin'-The landlord even smiled and said good-day- And I want you to know a stranger said hello ». Ce premier couplet donne l’impression que tout va bien pour le meilleur des mondes. Ce bon vieux Eddy reprend en fait une chanson enregistrée en 1954.

RCA nous refourgue deux morceaux gravés par le chanteur en 1949 : les compos « Will Santy Come To Shanty Town », dans laquelle Eddy nous déclare que le Père Noël n’oublie personne et vient même dans les habitations les plus défavorisées, et « C-H-R-I-S-T-M-A-S » nous donneraient presque la larme à l’œil. Eddy nous offre aussi des standards issus de chants de Noël typiquement américains : « Santa Claus Is Comin’ To Town », popularisé par l’acteur Eddie Cantor, vaut largement les versions de Sinatra ou Perry Como ; repris près de 500 fois à toutes les sauces (Soul, Country, Hard, Jazz) on a une préférence pour la version déjantée des Blue Magoos. Autre titre typique du Noël américain avec « I Heard The Bells On Christmas Day » immortalisé bien sûr par Bing Crosby et Sinatra. Ce titre avec son intro d’orgue nous renvoie vers le Country Gospel et prête à sourire, son créateur Johnny Marks, un auteur de confession juive, s’étant spécialisé dans l’écriture de chants de Noël, son fond de commerce.

On fait encore plus fort avec « Winter Wonderland », titre des années 30 repris près de 700 fois et faisant toujours recette. Si Dean Martin et Elvis popularisèrent ce standard, Eddy Arnold s’en sort à merveille évitant tout effet mélodramatique. Ce classique repris à la sauce germanique sous le titre « Weisser Winterwald » (Mireille Mathieu, Nana Mouskouri, ou Julio Iglesias dans une version à se tordre de rire) fait aussi l’objet d’une version française de Marie Myriam sous le nom de « Au Royaume Du Bonhomme De Neige ». Avouons que la chanteuse ne relevait pas la flamme. En 2014, le duo Lady Gaga et Tony Bennett transforment ce chant de Noël en lingot d’or. Dans un registre quasi identique, Eddy reprend « It Came Upon The Midnight Clear », autre grand classique du Noël américain, dans une interprétation gorgée de chœurs sous un tapis d’orgue d’église. Là pour un peu, on hésite entre verser une larme ou foutre le feu au sapin. Même impression avec « O Little Town Of Bethlehem », titre à la coloration religieuse nettement plus marquée, repris par moult artistes (Elvis, Cash, Willie Nelson jusqu’à Gloria Gaynor). Comment ne pas échapper à « White Christmas », l’un des chants de Noël parmi les plus populaires ? Eddy Arnold s’en sort bien, évitant la prolifération d’une tonalité trop sirupeuse par le biais de la guitare de Velma Smith, la première guitariste à s’être imposée dans le monde machiste de Nashville.

Eddy Arnold reprend « Up On The Housetop » popularisé par Gene Autry. Si la mélodie peut rappeler le « Little Boxes », chanson contestataire de Pete Seeger, le texte bon enfant met en place le traîneau du Père Noël et les rennes se posant sur le toit d’une maisonnée. Autre inusité avec « Jolly Old St. Nicholas », œuvre probable du pasteur compositeur Benjamin Hanby, gravé préalablement pour la Columbia par Ray Smith. On ne peut s’empêcher de lui préférer la version décalée du groupe NRBQ. Terminons cet éventail avec « Jingle Bell Rock », titre le plus énergique, popularisé par Bobby Helms. Eddy Arnold nous distille un morceau sans poudre aux yeux bien dans l’esprit des productions de Chet Atkins et du Nashville Sound de l’époque. A l’orée des sixties, la pseudo actrice chanteuse yéyé Gillian Hills (vue brièvement dans « Blow-Up » et « Orange Mécanique ») et le groupe Teddy Raye et Ses Teddy Boys en délivrent une adaptation dont le titre parle de lui-même « La Tête A l’Envers ». Inutile de souligner que la Patrie n’en ressortira pas grandie.

Le moment de donner une note à ce disque est maintenant venu. Bien souvent, ce genre de disques obtient chez nous une notation famélique, le registre des Christmas Songs échappant souvent à notre émotion et à notre culture. Le chant d’Eddy Arnold et une orchestration évitant les violonades, les tintements de clochettes, la profusion de chœurs sirupeux ou le bruit du traîneau sont les atouts principaux de ce disque. Avouons aussi que 55 ans après sa sortie, ce disque fait moins guimauve que d’innombrables productions US. Alors en cette période d’Amour et de mansuétude, une note de 1,5 ramenée à 2 ne paraît pas exagérée. Et puis avec cette pochette, votre chroniqueur risque de décrocher le Top Ten des visuels les plus bling-bling ou « has been » du site. Bon, ce n’est pas le tout, faut que j’aille attraper la dinde bio qui picore dans le jardin et l’affaire est loin d’être gagnée.

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- Eddy Arnold (chant)
- Grady Martin (guitare)
- Velma Smith (guitare)
- Ray Edenton (guitare)
- Henry Strzlecki (basse)
- Douglas Kirkham (batterie)
- The Jordanaires (chœurs)


1. Christmas Can't Be Far Away.
2. Will Santy Come To Shanty Town.
3. Jingle Bell Rock.
4. White Christmas.
5. Santa Claus Is Comin' To Town.
6. C-h-r-i-s-t-m-a-s.
7. I Heard The Bells On Christmas Day.
8. Winter Wonderland.
9. Up On The Housetop.
10. It Came Upon The Midnight Clear.
11. Jolly Old St. Nicholas.
12. O Little Town Of Bethlehem.



             



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