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1995 Cover To Cover

Jeff HEALEY BAND - Cover To Cover (1995)
Par LE KINGBEE le 21 Décembre 2017          Consultée 1653 fois

Guitariste originaire de Toronto, Jeff HEALEY enregistre son quatrième album studio en 1995. Le guitariste n’est pas totalement inconnu, on n’a pu le remarquer en 1989 dans le film « Road House » qui nous contait les mésaventures d’un videur de boite de nuit (Patrick Swayze) confronté à un homme d’affaire mafieux (Ben Gazzara). Jeff interprétait le rôle de Cody, le guitariste d’un band jouant au Double Deuce, club où se déroule une partie du film.

Adopté alors qu’il n’était encore qu’un bébé, Jeff HEALEY fait figure de guitariste prodige. Victime d’un cancer de la rétine, il est non voyant à un an et se met à la guitare deux ans plus tard. A 19 ans, l’homme qui joue à plat, à l’instar des guitaristes hawaïens la guitare posée sur ses genoux, monte son trio et se retrouve invité sur la scène du Royal Albert Hall de Toronto jouant aux côtés d’Albert COLLINS et Stevie Ray VAUGHAN. Il est embauché la même année par Arista Records, firme qu’il quittera dès la fin de cet enregistrement, le label semblant plus préoccupé par les ventes de Whitney Houston ou Ace Of Base que par la promotion du Power Blues Trio.

Enregistré au Forte Studio de Toronto, « Cover To Cover » est comme son titre l’indique explicitement un album de reprises. Mais le Jeff HEALEY Band ne se contente pas de nous délivrer une copie servile et parvient à se réapproprier un répertoire dans lequel viennent se greffer standards et inusités. Au niveau de l’enregistrement et de production, le trio fait encore appel à Thom Panunzio, tour à tour ingé- son, producteur ou aux manettes du mixage. On retrouvait déjà le bonhomme durant les seventies aux commandes d’albums forts (« Easter » Patti Smith, « « Born To Run » Bruce Springsteen, « Damn The Torpedoes » Tom Petty). Fonctionnant toujours en mode Power Trio Blues, HEALEY bénéficie d’une poignée d’intervenants, un apport contribuant à renforcer la consistance, certains titres se tournant vers le gros son seventies ou le Blues Rock.

Dès les premières notes, les cordes de la guitare grincent, la réverb accentue l’atmosphère psyché avec une reprise instrumentale du « Shapes Of Things » des YARDBIRDS. On est loin de la version instrumentale et naïve des Folkswingers (groupe de Glenn Campbell) ou des tentatives de BOWIE, RUSH ou BECK. Comme si le morceau des YARDBIRDS était passé à l’essoreuse avec une grosse dosette de Cream et une lingette à la Richie KOTZEN. HEALEY rend hommage à Hendrix avec « Freedom », titre nous assénant une sonorité à la Glenn HUGUES, bien éloignée de la version hardos de bac à sable de Steve LUKATHER. Second emprunt à Hendrix avec « Angel » qui permet de laisser reposer les soupapes avec une version nettement plus astrale que celle de Rod STEWART.

La reprise de « Yer Blues », titre figurant sur le double album blanc des BEATLES, s’annonçait presque comme un calque jusqu’à ce que la guitare s’envole vers un véritable feu d’artifice cosmique. Une interprétation beaucoup plus ambigüe par rapport au récent essai de la canadienne Layla Zoé. Bonne reprise de « Stuck In The Middle With You », hit des STEALERS Wheel, groupe de Gerry Rafferty et Joe Egan, mais on restera attaché à la version originale. Même impression avec « Run Through The Jungle », titre intemporel du CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL. Autre reprise issue du Blues Blanc seventies avec « Badge » popularisé par CREAM avec pour principale différence une ligne de basse moins présente et moins ronde. Autre gros clin d’œil au Blues Rock avec « Communication Breakdown », titre qui marquait les débuts de LED ZEP, délivré ici dans une version entièrement instrumentale dans laquelle HEALEY nous offre une démonstration de guitare peut être trop expansive. Dernier retour vers la fin sixties avec « I Got A Line On You » de SPIRIT dans lequel le piano de la version originale est remplacé avantageusement par un harmonica pour une interprétation pleine de peps qui tient la dragée haute aux versions de Blackfoot ou d’ALICE COOPER.

Parmi les titres noirs, ou si vous préférez ceux échappant au domaine du Blues Rock, le trio nous délivre une bonne version de « Evil ». Alors pour l’anecdote il s’agit là en fait de « Evil Is Goin’ On », une compo de Willie DIXON gravée pour la première par Howlin’ WOLF et que de nombreux musiciens ont raccourci. Seul hic, il existe un autre titre du même nom écrit par Willie DIXON pour Muddy WATERS. Là Jeff HEALEY nous délivre quasiment un instrumental entrecoupé de quelques paroles et de grands coups de slide. CACTUS en délivra en son temps une version largement plus consistante, idem pour Ron Hacker dans une approche plus roots. Autre incursion dans le répertoire de Dixon avec le standard « I’m Ready », titre accommodé à toutes les sauces (Blues Rock et Chicago Blues). On conseillera aux puristes de se tourner vers les versions de Muddy WATERS, Otis Spann ou de Luther « Guitar Junior » JOHNSON. Les amateurs de tempo plus musclé devraient eux s’orienter vers HUMBLE PIE, Paul RODGERS ou AEROSMITH. Petit moment de douceur avec une pépite de slow blues « As The Years Go Passing By », accrédité comme toujours à Deadrick Malone patron du label Duke, mais œuvre probable de Peppermint Harris. Le titre a connu de somptueuses versions (Fenton Robinson, Mighty Joe Young, Otis Rush ou Jimmy Johnson) mais le canadien ne s’en sort pas trop mal et le titre fait baisser une tension souvent sur le bord d’exploser. L’album se clôture avec un inusité de Lonnie JOHNSON joué en acoustique, pour une atmosphère totalement roots. Un titre qu’il aurait peut être été préférable de faire figurer en milieu d’album.

Le Jeff HEALEY Band propose ici un répertoire musclé dans lequel le guitariste endosse le premier rôle, secondé par une section rythmique qui ne cesse de le relancer. A noter que les trois hommes jouent ensemble depuis les débuts du trio. Un album principalement destiné aux amateurs de Blues Rock ou de Blues qui pète, les puristes et amateurs de Chicago Blues passeront la main.

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- Jeff Healey (chant, guitare)
- Joe Rockman (basse)
- Tom Stephen (batterie)
- Pat Rush (guitare 1-4-6-7-11-13)
- Roy Bittan (claviers 8-10-11)
- Paul Schaffer (claviers 4-5-9-12)
- Denis Keldi (claviers 9)
- Jerome Godboo (harmonica 6-8)
- John Popper (harmonica 13)
- Art Avalos (percussions 5-8-9)
- Rick Lazar (percussions 8)
- Stevie Rain (chœurs 5-9)
- Amanda Marshall (chœurs 5)
- Mishka (chœurs 5)
- Mark Lennon (chœurs 8)
- Kipp Lennon (chœurs 8)
- Michael Lennon (chœurs 8)


1. Shapes Of Things.
2. Freedom.
3. Yer Blues.
4. Stop Breakin’ Down.
5. Angel.
6. Evil.
7. Stuck In The Middle With You.
8. I Got A Line On You.
9. Run Through The Jungle.
10. As The Years Go Passing By.
11. I’m Ready.
12. Badge.
13. Communication Breakdown.
14. Me And My Crazy Self.



             



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