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The DRIFTERS - Save The Last Dance For Me (1962)
Par LE KINGBEE le 7 Janvier 2018          Consultée 1649 fois

A l’orée des sixties, The DRIFTERS ont vraiment le vent en poupe. Il faut dire que suite à la défection de Ray CHARLES parti chercher fortune chez ABC, la formation est désormais le maillon fort du label Atlantic. C’est bien simple, ces vétérans de l’ère des groupes vocaux du milieu fifties vont connaitre leur unique Number One Pop en octobre 1960 avec « Save The Last Dance For Me », mais on va y revenir.

Amputé de sa plus grosse vedette (Ray CHARLES), Atlantic décide de mettre le paquet autour des DRIFTERS en leur attribuant les meilleures équipes d’auteurs compositeurs (Doc Pomus/Mort Shuman, Bob Hilliard/Burt Bacharach, Carole King/Gerry Goffin époux à la ville) et de bons musiciens de sessions. Tout aurait pu tomber à l’eau avec le départ de Ben E KING, leur chanteur leader, en 1961, mais Atlantic a retenu la leçon, il est hors de question pour la firme de négliger son meilleur groupe, du moins le plus vendeur, mais au contraire de rehausser sa percussion via des directeurs artistiques haut de gamme (Bert Berns, Rudy Lewis, un ancien membre des Ward Singers). Si la formation ne décroche qu’un seul Numéro Un dans les classements Pop, le disque peut se targuer de recueillir quatre titres se classant entre la 6ème et la 13ème place dans les charts R&B alors que deux autres se hissent dans le Top 100 du Billboard, soit sept morceaux sur douze. L’album provient en réalité de quatre sessions gravées entre mai 1960 et octobre 61. Pour une raison incompréhensible, Atlantic a rajouté un titre issu d’un single de 1955 gravé sous le nom de Clyde McPhatter and The Drifters (« No Sweet Lovin’ »).

On retrouve donc ici Clyde Mc Phatter, Ben E KING, Bobby Hendricks et Rudy Lewis dans des rôles de lead tenor au grès des séances d’enregistrement. A tout seigneur tout honneur, « Save The Last Dance For Me » ouvre le disque avec faste. Slow Soul par excellence, cette compo du duo Shuman/Pomus aurait bénéficié en studio des faveurs de Phil Spector. Au fil des décennies, ce blockbuster sera accommodé à toutes les sauces : de Jerry Lee Lewis à Paul Anke en passant par Harry NILSSON et Emmylou HARRIS jusqu’à BON JOVI en duo avec Willie DEVILLE qui en délivreront une version sur le plateau de l’émission « Taratata ». Dès 1961, certains artistes hexagonaux adapteront la chanson sous le titre de « Garde-moi la Dernière Danse » : l’anglaise Petula CLARK, DALIDA jusqu’à Danielle Darrieux pour des versions franchement tartignoles. Hormis Mort Shuman et plus tardivement Eddy MITCHELL, tous nos bons chanteurs auront massacré cette belle pièce à qui mieux mieux, la palme revenant à Frank MICHAEL et Carole LAURE, mais là, la Nation s’en sort sans trop de mal, le premier est italo-belge, la seconde canadienne.

Au niveau de l’écriture, le tandem Doc Pomus Mort Shuman se montre particulièrement actif, avec pas moins de cinq autres chansons: « I Count The Tears », un brin trop sirupeux et futur massacre anglais des SEARCHERS ou de GERRY & the PACEMAKERS. Le léger « Somebody New Dancin’ With You » avec Doris Troy et les sœurs Warwick aux chœurs est un honnête amuse bouche annonciateur de la Motown. Beaucoup plus connu, l’intemporel « Sweets For My Sweet », 10ème dans les classements R&B en 1961, connaîtra une piqure de rappel foudroyante avec la reprise anglaise des Searchers qui en feront la meilleure vente au Royaume de la Perfide Albion, tandis que chez nous, les sœurs Konyn adapteront le morceau pour Frank ALAMO sous le titre de « Ma Biche ». Afin de ménager les susceptibilités de certains lecteurs, nous n’évoquerons pas les versions de C. JEROME ou Nilda FERNANDEZ. Le duo Pomus/Shuman apporte deux autres contributions qui ne resteront pas dans les annales : « Nobody But Me » (sans lien avec le titre homonyme des ISLEY BROTHERS) bourré de violons et « Room Full Of Tears » (future reprise de Jay & The Americans et des jamaïcains Alton Ellis et John Holt), titre à la sonorité surannée et pleurnicharde.

Le tandem Bob Hilliard/Burt Bacharach offre deux titres peu captivants : « Mexican Divorce », avec une guitare sensée nous déporter sur les rives du Rio Grande. Cette guimauve mollassonne sera reprise plus tard par Nicolette LARSON, Ry COODER et Cissy HOUSTON, maman de Whitney, dans des versions beaucoup plus alléchantes. Encore plus étonnant, le titre tombera ensuite dans l’escarcelle de nombreuses formations Ska et Rocksteady. Autre compo du tandem, « Please Stay » connaitra une flopée de moutures via de nombreux groupes de beat (Cryin’ Shames, Wayne Fontana & the Mindbenders, Love Affair) qui montreront un savoir faire incontestable dans le domaine de la geignardise. Le titre connaitra une excellente version via Elvis COSTELLO avant d’être remis au gout du jour par la galloise Duffy, auteure d’une version hautement déconseillée. C’est simple pour un peu on pourrait préférer l’adaptation « Cœur Gros » de Danyel GERARD, une cible de Coluche qui affirmait : «Danyel GERARD a eu le choix entre le chapeau de Bob DYLAN et le talent. Et il a choisi quoi ? Le chapeau ! ».

De son côté, le couple Carole King Gerry Goffin vient grossir le répertoire avec « When My Little Girl Is Smiling » une bonne soupe recuisinée par de nombreux seconds couteau. Chez nous, la chanson sera adaptée par Jimmy Justice, un anglais que ses compatriotes, bien filous, ont essayé de nous refourguer, sous le titre de « Quand Un Air Vos Possède » puis par Johnny HALLYDAY. Sophie (ex Jenny Ann) et Christina et les Cheerios reprendront elles aussi le morceau, et autant dire qu’il n’y a là pas de quoi agiter le drapeau. Seconde contribution du couple de songwriters avec « Some Kind Of Wonderful » (aucun lien avec l’homonyme des Soul Brothers Six, une tuerie de groove et de rage reprise par GRAND FUNK RAILROAD et les INMATES) pour un titre qui aurait pu faire mouche sans la faiblesse de l’arrangeur Ray Ellis, qui vient gorger le titre de violons et de chœurs jusqu’à l’indigestion. Terminons ce tour d’horizon par « Jackpot », une pièce aujourd’hui obsolète plombée par un arrangement indigne, tandis que « No Sweet Lovin’ » titre gravé en 1955 et seule composition du groupe, nous dirige vers un bon R&B fifties à la coloration bluesy, dans lequel la guitare et le sax de Sam « The Man » Taylor se détachent.

Franchise à part entière (on dénombrait à un moment une demi-douzaine de formations se produisant plus ou moins légalement sous le nom des Drifters), les DRIFTERS proposaient avec ce quatrième disque (« The Drifters’ Greatest Hits » -Atlantic 8041- est un véritable album, malgré son titre trompeur) un pont entre l’ère des grands groupes vocaux et une Soul naissante early sixties. Si on peut aujourd’hui déplorer la faiblesse et la naïveté de certains arrangements et une orchestration parfois trop proche de la variété, cet album constitué de douze titres tous sortis en singles représente la meilleure période de cet ensemble mythique. Malgré un tiers de faces plus faibles, « Save The Last Danse For Me » mérite une note de 2,5 qui sera ramenée à 3.

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- Ben E. King (chant 1-2-11)
- Charlie Thomas (chant 1-2-3-4-6-7-8-9-10-12)
- Doc Green (chant 1-2-3-4-6-7-8-9-10-11-12)
- Rudy Lewis (chant 3-4-6-7-8-9-10-12)
- Johnny Williams (chant 1-2-11)
- Elsbeary Hobbs (chant 1-2-11)
- Tommy Evans (chant 3-6-7-9-10-12)
- Bobby Hendricks (chant 5)
- David Baughan (chant 5)
- Gerhart Thrasher (chant 5)
- Andrew Thrasher (chant 5)
- Bill Pinkney (chant 5)
- Billy Davis (guitare 1-2-3-4-6-7-8-9-10-11-12)
- Jimmy Oliver (guitare 5)
- Sam 'the Man' Taylor (saxophone )
- Connie Kay (batterie 5)
- Doris Troy (chœurs 3-4-7-8)
- Dee Dee Warwick (chœurs 3-7)
- Dionne Warwick (chœurs 3-7)


1. Save The Last Dance For Me
2. I Count The Tears
3. Somebody New Dancin' With You
4. Jackpot
5. No Sweet Lovin'
6. Sweets For My Sweet
7. Mexican Divorce
8. When My Little Girl Is Smiling
9. Some Kind Of Wonderful
10. Please Stay
11. Nobody But Me
12. Room Full Of Tears



             



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