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The DRIFTERS - Rockin' & Driftin' (1959)
Par LE KINGBEE le 19 Décembre 2017          Consultée 1084 fois

Parmi la multitude d’ensembles vocaux qui verront le jour à l’orée des années 50, The DRIFTERS constituent une entité à part. Cette formation pionnière de la Soul figure parmi les ensembles les plus durables et les plus populaires de la musique afro-américaine.

Grand admirateur de Clyde McPhatter, ancien chanteur des DOMINOES de Billy Ward, Ahmet Ertegum, patron de la firme Atlantic, profite de son départ pour l’embaucher et créer un ensemble vocal monté de toute pièce en mai 1953. Durant l’automne, « Money Honey » (titre repris trois ans plus tard par Elvis), permet au groupe de monter sur la première marche des charts R&B durant onze semaines. Entre 1953 et 55, The DRIFTERS empilent une série de succès malgré le départ l’année suivante de McPhatter appelé sous les drapeaux par l’Oncle Sam.
En 1955, la formation devient la propriété de l’arrangeur George Treadwell, ex mari de Sarah Vaughan. Ancien musicien de Jazz et homme d’affaire aussi filou que radin, Treadwell embauchera une série de chanteurs (David Baughan, Bill Pinkney, Bobby Hendricks et Johnny Moore) pour prendre la suite de Clyde McPhatter. Si le groupe est alors en perte de vitesse, les hits se réduisant à peau de chagrin, ce sont les conditions financières imposées par Treadwell qui auront presque raison du groupe.
Mais il arrive parfois que des miracles se produisent dans le monde de la musique. Liés par un contrat avec l’Apollo Theater à raison de deux concerts par an pour une durée de dix ans, les DRIFTERS au bord de la dissolution vont renaître de leurs cendres. Treadwell, voulant éviter tout risque de poursuite pénale, est contraint de recruter une nouvelle formation afin d’honorer les engagements contractuels du groupe. L’impresario jette son dévolu sur les Five Crowns, un ensemble de Harlem ayant enregistré une poignée de babioles pour les labels Rainbown, Old Town, Riviera et Gee. Groupe modeste ne se démarquant guère de ses innombrables concurrents, les Five Crowns disposent dans ses rangs d’un chanteur exceptionnel, Benjamin Nelson, bientôt rebaptisé Ben E King.
Sous la houlette d’Atlantic, les nouveaux DRIFTERS peuvent compter sur des équipes d’auteurs et de producteurs de premier plan (Leiber/Stoller). Durant l’été 1959, « There Goes My Baby », le premier single avec Ben E King en lead vocal, dépasse le million d’exemplaires vendus. Au fil des années, les DRIFTERS, formation qui comptera près d’une trentaine de membres, sont les géniteurs d’un nouveau concept de musique noire combinant Gospel, R&B, Doo-Wop et Soul naissante se posant sur des orchestrations classiques voguant entre Broadway et répertoires à la limite du symphonique bourré de cordes et de violons. Bien évidemment, les modes, l’évolution des tendances, l’apparition de nouveaux chanteurs (Solomon Burke ou Wilson Pickett chez Atlantic, Otis Redding, Marvin Gaye, Clarence Carter sans oublier les vagues Psyché et Funk), sans parler d’un désintéressement de leur label) auront peu à peu raison de ces Vagabonds qui se séparent en 1969.
Au fil des années, l’Europe redécouvre ce groupe pionnier via l’Angleterre et plusieurs formations comprenant un ou deux chanteurs issus des premières moutures voient le jour. S’il fallait retenir deux singularités de leur parcours, la première serait que l’ensemble est parvenu à devenir populaire aussi bien auprès du public noir que du public blanc américain, la seconde étant que les DRIFTERS ont compté dans leur sein deux chanteurs d’exception : Clyde McPhatter et Ben E King.

Edité en 1959, « Rockin’ & Driftin’ » propose 14 titres enregistrés lors de cinq sessions s’étalant entre septembre 1955 et avril 1958. Ces 14 titres proviennent de 7 singles habilement mélangés de manière à gommer toutes traces chronologiques. En ouverture, on peut penser qu’Atlantic a voulu rassurer l’auditeur avec une valeur sûre « Moonlight Bay » un titre du début du siècle repris par Glenn Miller et qui figurera au générique du film du même nom avec Doris Day (« Le Bal du Printemps »). Repris par toute une flopée de crooners mollassons et de quartets à l’eau de rose, les Drifters nous délivrent ici une version un brin plus énergique que celles des Chordettes ou des Champs.
L’ensemble reprend plusieurs compositions du tandem Leiber/Stoller écrites spécialement pour le quatuor : « Ruby Baby », titre repris à la sauce slow teen rock par Ronnie Hawkins, Bobby Darin ou encore Gene Vincent, dans lequel les harmonies vocales apportent un plus incontestable. Chez nous, Richard Anthony en délivre une version ridicule, tandis que Dick Rivers adapte lui aussi le morceau avec un autre texte et un rythme plus vitaminé. Repris plus tard par Dion et le guitariste de Blues Bob Margolin, « Drip Drop » permet de faire le pont entre Doo-Wop et chansonnette R&B avec un titre plaçant en avant le chant de Bobby Hendricks et le sax de Sam « The Man » Taylor. Dernier titre de Leiber/Stoller, « Fools Fall In Love », future reprise d’Elvis, fait figure de guimauve avec Johnny Moore dans le rôle du ténor. Carla Thomas reprend elle aussi le morceau avec une orchestration bourrée de violonnades.
Si l’album contient quelques soupes hyper sucrées : « I Know », « Soldier Of Fortune » (rien à voir avec le titre homonyme de Deep Purple), « Adorable », une création guimauve de Buck Ram popularisée par The Colts, ou « Drifting Away From You », les DRIFTERS pouvaient aussi faire bonne figure dans le Rock n' Roll comme en atteste « Hypnotized », une reprise du rocker texan Terry Noland. « Yodee Yakee », une composition d’Ahmet Ertegum annonce le futur hit « Yakety Yak » des Coasters. En fermeture, « Steamboat », œuvre du saxophoniste Buddy Lucas, pourrait synthétiser à lui seul l’univers du début de carrière des DRIFTERS.

Avec sa pochette dévoilant un public de groupies toutes blanches et parfois au bord de la syncope, « Rockin’ & Driftin’ » ne contient qu’un seul titre accédant à la première place des charts R&B, « Adorable » l’un des plus mauvais. Alors, 58 ans après sa sortie, cet album a évidemment pris pas mal de rides avec un bon tiers de pistes oscillant entre le larmoyant et une grosse chape de Nutella, mais les harmonies vocales demeurent l’atout principal de cette production fin fifties.

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   LE KINGBEE

 
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- Bobby Hendricks (chant 1-2-3-10-11-13-14)
- Gerhart Trasher (chant)
- Andrew Trasher (chant 2-4-9-10-11-13-14)
- Tommy Evans (chant 1-3-5-6-7-8-12)
- Johnny Moore (chant 2-4-5-6-7-8-9-10-11-13-14)
- Bill Pinkney (chant 2-4-9-10-11-13-14)
- Jimmy Millender (chant 1-3)
- Charlie Hugues (chant 5-6-7-8-12)
- Jimmy Oliver (guitare)
- Al Caiola (guitare 6-7-8)
- Allen Hanlon (guitare 6-7-8)
- Lloyd Trotman (basse 1-3-4-9)
- Milt Hinton (basse 6-7-8)
- Joe Marshall (batterie 1-3-4-9)
- Panama Francis (batterie 6-7-8)
- Howard Biggs (piano 1-3-4-9)
- Ernie Hayes (piano 6-7-8)
- Sam 'the Man' Taylor (saxophone 1-3-4-6-7-8-9)
- Plas Johnson (saxophone 2-10-11-13-14)
- Gil Bernal (saxophone 2-10-11-13-14)
- Jesse Powell (saxophone 6-7-8)
- Budd Johnson (saxophone 4-9)
- Big Al Sears (saxophone 1-3)


1. Moonlight Bay.
2. Ruby Baby.
3. Drip Drop.
4. I Gotta Get Myself A Woman.
5. Fools Fall In Love.
6. Hypnotized.
7. Yodee Yakee.
8. I Know.
9. Soldier Of Fortune.
10. Drifting Away From You.
11. Your Promise To Be Mine.
12. It Was A Tear.
13. Adorable.
14. Steamboat.



             



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