Elle le disait depuis longtemps : le cinéma, c'était juste un tremplin vers son objectif final, monter un groupe de rock. Pas de quoi être surpris donc lorsqu’après un EP en 2004, on vit de nouveau apparaître dans les bacs des disquaires l'ex enfant terrible des années 90 en train d'ébouriffer sauvagement sa chevelure dans un décor bien sage.

« Tu parles mon langage », clame t-elle. Quel langage ? Celui du rock bien sûr ! L'inspiration n'est pas à chercher bien loin. Du garage-rock à la production lisse, une pincée de Patti SMITH pour le style, une cuillerée de Janis JOPLIN pour la voix et une grosse louche de P.J. HARVEY, d'Iggy POP et des STOOGES pour le reste. Remuez bien, ajoutez quelques ballades pour adoucir le tout, puis servez bien chaud. Recette imparable ? Pour le single éponyme, en tout cas, la question ne se pose pas : ça crie, ça casse tout, ça remue, que c'est bon et primal! Oubliez tous ces acteurs qui ont tenté une carrière musicale pour se ramasser lamentablement, Juliette LEWIS a du coffre et sait en remontrer à ceux qui doutent de sa capacité à rocker bien comme il faut. Mais amoureux de la poésie et du bon mot, passez votre chemin, les paroles ici sont plus niaises qu'autre chose.

En parlant de niaiseries, toutes les chansons de l'album ne sont pas de petits brûlots comme la première. Les ballades « This I Know », « By the Heat of Your Love » et « Long Road Out Of Here » sont peu intéressantes. Trop répétitives, les trois se ressemblent beaucoup et servent plutôt à calmer la température avant la reprise des hostilités. Mais la poudre que fait parler le groupe n'est pas toujours explosive. Si les quatre premières chansons de l'album (sans compter l'intro) mettent tout le monde d'accord, « This I Know » marque une rupture, et ce qui suit paraît plus uniforme. Toujours viscéral, mais sans vraiment prendre aux tripes, comme si la magie était passée et que le groupe ne faisait plus que du bruit. « Got Love To Kill » se démarque du lot, Juliette LEWIS y faisant de son mieux pour imiter Patti SMITH, mais c'est surtout la guitare abrasive de Todd Morse qui sauve la chanson. Malheureusement, les deux derniers titres, l'oubliable « Seventh Sign » et la soporifique « Long Way Out Of Here » coulent l'album.

Difficile alchimie que le rock ! Il ne suffit pas de mettre quelques ballades entre deux morceaux puissants pour maintenir l'attention de l'auditeur de flot. En dépit d'un très bon début, c'est là où le groupe se rate. Une fois le premier tiers de l'album passé, les chansons se suivent et se ressemblent. Si les musiciens sont incontestablement doués, il n'y a bien que la guitare de Todd Morse et la voix de Juliette LEWIS qui parviennent à se mettre en valeur.
Un premier essai qui commence bien mais se rétame un peu avant la fin, donc. Loin du désastre attendu et annoncé, la féroce chanteuse montre qu'elle en a dans le ventre et qu'elle ne fait pas du rock pour se remplir le porte-monnaie. De quoi nous faire attendre la suite avec intérêt, si ce n'est avec impatience !