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2007 Le Cowboy Creole

GENO DELAFOSE - Le Cowboy Creole (2007)
Par LE KINGBEE le 23 Janvier 2018          Consultée 799 fois

Cette pochette a la mérite d’être explicite (du moins pour les initiés). Nous sommes là en présence d’un disque de Zydeco.
Geno DELAFOSE figure parmi le peloton de tête des représentants de la scène Zydeco seconde génération. Comme bien souvent, cet accordéoniste est issu d’une lignée de musiciens du terroir hautement réputés. Geno est le rejeton de John Delafose, membre fondateur des Eunice Playboys, groupe populaire dès les années 70. Comme souvent, Geno a commencé très jeune son parcours dans le Zydeco, intégrant l’orchestre de son paternel dès huit ans dans un rôle de frotteur (washboard) avant de se lancer dans l’apprentissage de l’accordéon, à l’orée des nineties.

Au décès de son père en 1994, Geno reprend les rennes des Eunice Playboys puis décide de fonder un nouveau groupe, The French Rockin’ Boogie. L’accordéoniste débute sa discographie en 1994 avec à la clef trois albums pour l’écurie Rounder Records. En 2003, son contrat n’étant pas reconduit, il atterrit dans l’escarcelle du label new-yorkais Times Square et enregistre « Everybody’s Dancin’ » en compagnie du fiddler cajun Michael Doucet (Beausoleil).

Ce cinquième album enregistré au Master Track Track Recording Studios de Crowley (studio d’enregistrement de Mark Miller, fils du célèbre J.D. Miller, patron du légendaire label Excello) n’est pas un choix anodin. C’est là que John Delafose enregistra 27 ans plus tôt « Zydeco Man ». Produit par Geno (on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même) et David Gaar (déjà présent aux manettes du précédent CD), ce disque vaut à son auteur une nomination aux Grammy Awards dans la catégorie des meilleurs albums cajuns et Zydeco de l’année 2007, battu par Terrence Simien & the Zydeco Experience (pour une raison essentiellement musico-politique).

« Le Cowboy Creole » propose un répertoire de Zydeco traditionnel dans lequel l’accordéoniste glisse quelques titres issus d’autres registres, un procédé pouvant ainsi rassembler les puristes et les amateurs de modernisme souvent plus jeunes.
Si l’auteur ne délivre que trois compositions dont l’excellente « Everybody’s Havin’ Fun », un two-step avec l’apport du violoniste cajun Courtney Granger (ex Pine Leaf Boys, Balfa Toujours), il prend soin d’incorporer diverses pièces issues du répertoire traditionnel cajun : « Grand Bois Waltz », une valse variante de « Big Hoods Waltz » des Balfa Brothers. Autre emprunt au folklore cajun avec « The Back Door (La Porte arrière) », un two-step dansant de D. L. Menard* dans lequel Geno change quelques paroles. Mais comment ne pas savourer les paroles en old french : « Moi et la belle on avait été au bal - On a passé dans tous les honky-tonk … … J’ai eu un tas d’amis quand j’avais d’l’argent-Asteure j’ai pus d’argent, ben y venons pu me voir - J’étais dans l’village et moi j’m’ai mis dans l’tracas- La loi ma ramasser, moi j’sus parti dans la prison - On va passer dedans la porte arrière » ? Le groupe booste le tempo de « Bee de la Manche » du fiddler cajun creole Canray Fontenot, transformant le titre en un two-step endiablé. Dernière bifurcation dans le domaine du trad. avec « Someone Told Me It Was All Over », œuvre de Clifton Chenier offrant un tempo tempéré et à la sauce New Orleans. A noter que le titre original figurait au générique du film « France Société Anonyme » d’Alain Corneau.

Parmi les divers emprunts plus modernes, la formation reprend « There’s No Getting Over Me », hit mineur du countryman Ronnie Milsap, pour une ballade qui n’a que pour seul mérite d’adoucir le rythme. Le thème du chicken (poulet) est quasi incontournable dans les registres Swamp et Zydeco ; généralement le pauvre animal sert de trame à des tempos hypnotiques. C’est ainsi que le volatile s’insère dans « Chickens On The Run », titre conjuguant aussi bien le répertoire de Slim Harpo que celui de Boozoo Chavis. On note au passage l’intervention de Paul « Big Bird » Edwards dans un rôle d’aboyeur, un clin d’œil à la colline infestée de chiens errants où résidait Boozoo Chavis.
L’accordéoniste s’offre également une petite déviation vers le Zydeco Soul avec « Gave You My Love », œuvre de Brian Jack livrée ici dans une forme plus rustique que l’original. Histoire de faire reposer les soupapes et les amateurs de dance floors, le groupe s’attaque à « Easy », grand succès des Commodores de Lionel Ritchie. Nul doute que de nombreux couples louisianais ont dû se former sur ce prototype de slow funky. Une version n’ayant rien à envier à celle de Boyz II Men enregistrée quelques mois plus tard. Autre détour vers la Soul avec « Domino », composition de Van Morrison en hommage à Fats Domino. Autre renvoi vers la Crescent City avec « Somebody Show Me », hit mineur de Billy « The Kid » Emerson, créateur du célèbre Rock n Roll « Red Hot ».
Avec un tel nom de groupe, Delafose et ses boys ne pouvaient passer outre avec un bon vieux boogie rockin’ des familles. C’est chose faite avec « Promised Land », standard de Chuck Berry qui connaîtra une surprenante popularité en Louisiane via la version de Johnnie Allan, une véritable institution dans l’état. Là encore l’accordéon se livre une bonne bourre avec la guitare. C’est là qu’on se dit que Nilda Fernández et Frank Michael, adaptateurs du morceau sous l’intitulé « La Terre Promise », auraient mérité d’être muets. Dernière reprise avec « When Will I Be Loved », une tisane sixties bien bubble gum des Everly Brothers, délivrée ici sur un tempo plus enlevé et qui bénéficie d’un refrain chanté en Cajun. Presque aussi bon que la version de John Fogerty associé au Boss Springsteen.
Terminons ce panorama par les deux autres compositions : « Baby, Baby, Baby » une valse mid tempo avec une rythmique véritable gardienne du temple, et « Tout l’Jour et Tout l’Soir », un two-step dynamique, véritable ode à la fête.

Si Geno Delafose n’a rien enregistré depuis dix ans, il se produit sporadiquement en Europe et continue de tourner principalement en Louisiane et au Texas. Propriétaire du Ranch Double D près de Duralde, au nord d’Eunice, il se consacre à l’élevage de son bétail et de ses chevaux. Son neveu Gerard Delafose, présent sur ce disque aux baguettes, semble avoir repris le flambeau de la fratrie avec un premier CD « Can’t Make U Love Me ! » vivement conseillé.

*Cette chronique est un clin d’œil à l’accordéoniste D.L. Menard décédé en juillet 2017 à 85 ans. Inutile de dire que sa disparition n’aura pas suscité la moindre ligne de la part des médias hexagonaux, chez nous autres on continue de séparer les torchons des serviettes.

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- Geno Delafose (chant, accordéon)
- Dale Patrick Stelly (guitare, chœurs)
- John Kent Pierre-auguste (guitare)
- John 'popp' Esprite (basse)
- Gerard Delafose (batterie)
- Demetri Thomas (frottoir)
- Courtney Granger (fiddle 1-4-11, chant 6)
- Lee Tedrow (guitare)
- Scott Ardoin (guitare, choeurs)
- Paul 'big Bird' Edwards (choeurs, junkyard dog barks 6)


1. Everybody's Havin' Fun.
2. When Will I Be Loved?
3. Baby, Baby, Baby.
4. Grand Bois Waltz.
5. There's No Getting Over Me.
6. Chickens On The Run.
7. Bee De La Manche.
8. Tout L'jour Et Tout L'soir.
9. Gave You My Love.
10. Easy.
11. The Back Door (la Porte En Arriere).
12. Promised Land.
13. Domino.
14. Someone Told Me It Was All Over.
15. Somebody Show Me.



             



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