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2022 I Ain't Playin''

DIUNNA GREENLEAF - I Ain't Playin' (2022)
Par LE KINGBEE le 28 Juin 2022          Consultée 807 fois

Native de Houston où elle a vu le jour en 1957, Diunna GREENLEAF n’est pas inconnue des amateurs de Blues. Victorieuse de l’International Blues Challenge de Memphis en 2005 avec Blue Mercy, elle raflera également le Koko Taylor Award coiffant au passage Lavelle WHITE et Zora Young. Si elle a débuté son apprentissage sur les bancs d’une église, ses parents se produisant au sein d’un ensemble Gospel, elle n’a emprunté le chemin des studios que très tardivement, n’enregistrant son premier disque "Crazy But Live In Houston" qu’en 2004, disque disponible sur l’ancienne plateforme CD Baby. Diunna s’est en fait décidé à se lancer dans une carrière musicale au décès de son père, chanteur de Gospel et ancien professeur de Sam COOKE et Johnnie Taylor.

En 2010, le label APO éditait un éponyme fort recommandable dans lequel figurait le guitariste John Del Toro Richardson. Bien avant ça, Diunna avait décroché un diplôme universitaire en communication. Si sa discographie demeure étrangement mince, Greenleaf cultive un don pour s’entourer de guitaristes de talent, c’est ainsi que les amateurs parisiens auront pu l’apprécier au côté de Christone "Kingfish" Ingram. Diunna a aussi laissé une bonne trace de son passage au Cahors Blues Festival. Le dernier opus de la texane remontait à 2011 avec "Trying To Hold On", un album autoproduit qui curieusement n’avait pas semblé intéressé la moindre maison de disque. Elle aura également servi de choriste de luxe auprès du vétéran Pinetop Perkins et du pianiste Kenny "Blues Boss" Wayne tout en ayant en enseignant dans le programme scolaire Blues In The Schools. Nos collègues de "Living Blues", excellente revue américaine, lui avait décerné le prix de meilleure chanteuse en 2015.

Cette fois, c’est sous la bannière de Little Village, label qui avait dans un passé récent publié Aki Kumar, John Blues BOYD ou Sonny Green, qu’apparait ce nouvel opus. Souhaitons que le label de Jim Pugh (également présent aux claviers) puisse apporter à cette formidable chanteuse la reconnaissance qu’elle mérite depuis des années.
Little Village a mis les petits plats dans les grands. Le répertoire s’appuie sur un projet imaginé de longue date, certains titres auraient du être enregistrés avec Otis Clay, le dessein capota suite au décès du chanteur en 2016. Mike Ledbetter devait reprendre la suite, malheureusement ce dernier, victime d’une crise d’épilepsie foudroyante, aura la malencontreuse idée de rejoindre Otis au paradis.

Enregistré au Greaseland Studio de San Jose, antre du guitariste Kid Andersen (également attaché à la production), ce nouvel opus tant attendu bénéficie de grosses pointures : le légendaire bassiste Jerry Jemmott (ex King Curtis, BB KING, Aretha FRANKLIN, Chuck BERRY), le batteur Derrick « D’Mar » Martin (Little RICHARD, Vasti Jackson, Rick ESTRIN), le claviériste Jim Pugh (Robert CRAY, Mark Hummel, Tommy Castro). Afin de donner un peu plus de consistance, une solide section cuivre complète l’ensemble avec le tromboniste Mike Rinta (Howard Tate, John Nemeth) le saxophoniste Arron Lington (Sonny Green, Beata Pater) et le trompettiste Jeff Lewis (ex Little CHARLIE, Joe Louis Walker). Chargé de la production exécutive, Noel Hayes a pris soin d’inviter quelques guests de renom comme les saxophonistes Sax Gordon et Eric Spaulding, le guitariste Igor Prado (ex Lynwood Slim), la paloise Maëlys Baey présente aux chœurs et au sax, le percussionniste Paul Revelli, sans oublier le chanteur Alabama Mike et Vicki Randle. Il est rare qu’on se bouscule autant au portillon, mais selon certaines rumeurs certains auraient fait des pieds et des mains pour collaborer au présent recueil.

Si les premières influences déclarées de Diunna regroupent des artistes aussi variés que les Soul Stirrers, Mahalia Jackson, Sam COOKE, Sister Rosetta THARPE ou Howlin’ WOLF, le premier titre annonce la couleur avec "Never Trust A Man", sympathique clin d’œil à Koko TAYLOR, chanteuse a coffre dont Diunna se rapproche avec son timbre d’alto. Les cuivres apportent de la dimension tandis qu’une rythmique de métronome joue à la perfection son rôle de gardienne du temple. Changement de cap avec "Running Like The Red Cross", titre à cheval entre Gospel à l’ancienne et une Soul à la Mavis STAPLES. La participation des trois frères Morgan, membres de l’ensemble Sons Of The Soul Revivers, contribue à nous offrir une ambiance d’église. Le genre de morceau qui invite à aller à la messe du dimanche pour gouter un godet de vin de messe. Retour au registre Soul Blues avec "If It Wasn’t For The Blues", titre du tromboniste Big James Montgomery popularisé par Sam McClain et dans lequel le chant plein de maitrise est mis en relief par le biais d’une guitare aérienne et de cuivres étincelants. Autre moment de douceur avec "I Wish I Knew How It Would Feel to Be Free", instrumental de Billy Taylor agrémenté plus tard d’un texte de Dick Dallas, pour une chanson souvent utilisé au sein du Mouvement pour les Droits Civiques, via l’interprétation de Nina SIMONE. Si le titre a été mis à toutes les sauces et figure sur le récent "Carry On Home" de Mavis STZAPLES/Levon HELM, Diunna nous en délivre une superbe version secondée par une rythmique imperturbable et un orgue déférant un décor crépusculaire.

Si le tempo se durci d’un cran sur "Answer to the Hard Working Woman", elle témoigne d’un humour caustique avec cette tranche de vie nous racontant les déboires d’une femme qui travaille trop se dévouant pour son mari. "When I Call Your Name", ancien titre du countryman Vince Gil, prend ici une toute autre tournure ; si la mélodie s’apparente à l’originale l’orchestration et les arrangements nous ramènent entre Country Soul et Gospel. Une version bien plus goûteuse, selon nous que les reprises de LeAnn Rimes ou Jo Dee Messina.
Noel Hayes et Diunna ont aussi concocté quelques superbes trouvailles piochées dans les oubliettes du R&B, à l’image de "I Don’t Care" **, composé par le texan Long John Hunter et popularisé par Dennis Roberts en 63 via un single Yucca Records. Diunna et ses musiciens nous réexpédient dans l’ambiance enfumée des clubs noirs du début sixties. Les amateurs de Slow Blues devraient être comblés avec "Damned If I Do", une tuerie de Joe Medwick gravée en 1969 pour Westpark. Pour les amateurs d’anecdotes, Medwick, ancien membre des Chosen Gospel Singers, aurait vendu pour une bouchée de pain 500 chansons au label Duke de Don Robey dont "Turn On Your Love Light", "I Pity the Fool" ou "Further On Up The Road". Autre énorme blues lent avec "Let Me Cry" de l’excellent Johnny Copeland, guitariste qui passa la fin de sa vie à Houston.

Les premières influences familiales se répercutent totalement sur "I Know I’ve Been Changed", un Gospel chanté avec Alabama Mike. Si ce spiritual donne l’impression de sortir d’un champ de coton, il est tiré d’une comédie dramatique de Tyler Perry, pièce racontant le quotidien de deux personnes ayant surmonté maltraitance et viols lors de leur enfance grâce à Dieu. Frisson garanti et parfait complément de la version a capela des Giddens Sisters.

La chanteuse revisite deux de ses compos figurant antérieurement dans "Tryin’ To Hold On" : "Sunny Day Friends" prend une orientation Jazzy avec un sax qui lance le piano sur de bons rails tandis que la guitare dessine une sonorité West Coast. Un titre qui vient trancher avec le ton général et qui prouve que Diunna est capable d’évoluer dans de multiples registres. "Back Door Man" * se retrouve modernisé diffusant par moment une ambiance plus Funky et exotique. Le disque s’achève sur une note plus dansante avec chœurs enjoués et une belle étoffe cuivrée avec "My Turn, My Time", titre de Deitra Farr.

Auteure d’un répertoire varié, oscillant entre Soul, Blues et Gospel, Diunna Greenleaf délivre ici un album de première bourre. La qualité des arrangements et une orchestration hors norme apportent un superbe relief. Paradoxalement, l’éclectisme de certaines pistes aboutit sur une unité rare, la plupart des titres enregistrés en une seule prise débouche sur une spontanéité étonnante. Si la tristesse et les peines sont des trames largement employées ici, Diunna nous balance un beau message d’espoir. N’oublions pas d’adresser une mention à Kid Andersen, guitariste producteur, ingé-son qui depuis une dizaine d’années a le don de transformer l’eau en vin.


*Titre homonyme au hit d’Howlin’ Wolf.
**Titre homonyme à ceux de Webb Pierce, Elton John, The Ramones, Ted Taylor et Justin Townes Earle.

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- Diuanna Greenleaf (chant)
- Alabama Mike (chant 7-10, chœurs)
- Kid Andersen (guitare)
- Igor Prado (guitare)
- Jerry Jemmott (basse)
- Derrick 'd'mar' Martin (batterie)
- Jim Pugh (claviers, piano, clavecin)
- Paul Revelli (percussions)
- Mike Rinta (trombone)
- Arron Lington (saxophone, flûte)
- Sax Gordon (saxophone)
- Walter Morgan (chœurs 2)
- Dwayne Morgan (chœurs 2)
- James Morgan (chœurs 2)
- Lisa Leuchner Andersen (chœurs)
- Vicki Randle (chœurs)
- Eric Spaulding (saxophone)
- Maëlys Baey (saxophone, chœurs)
- Jeff Lewis (trompette)


1. Never Trust A Man
2. Running Like The Red Cross
3. If It Wasn't For The Blues
4. Answer To The Hard Working Woman
5. I Wish I Knew How It Would Feel To Be Free
6. Sunny Day Friends
7. When I Call Your Name
8. I Don't Care
9. Damned If I Do
10. I Know I've Been Changed
11. Back Door Man
12. Let Me Cry
13. My Turn, My Time



             



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