Le deuxième album de LOUANE fait preuve d'un peu de la maturité attendue à la suite du premier. Un peu. Disons assez pour que ce soit agréable, même si la demoiselle garde le côté enfantin et gentillet qui en fait fuir beaucoup. Quelque part, ça me dérange moins que l'avalanche de lionnes suiveuses de BEYONCE-who-run-the-world?-giiiirls!. La gazelle blonde française donne parfois l'impression d'être une nouvelle forme de variété à la Françoise HARDY ou autre chanteuse yéyé d'il y a 50 ans, mais remise au goût du jour, dans l'image, l'attitude, sans trop s'éloigner question naïveté.

Bien sûr, il convient de tempérer le jugement positif à l'égard de ce qui n'est pas de facto de la grande musique. LOUANE est une chanteuse familiale, un peu la bru idéale (du moins, là où le mariage est encore défendu) et ne tient pas encore à s'éloigner trop de son pré carré. Le contenu du deuxième album est forcément un peu plus mature que celui du premier, mais le problème, c'est que tout veut sonner simple, trop simple.

Les mélodies, les textes, les refrains surtout avec des "Wooh !" et des "Eh eh !", des rythmes afro-antillais pour surfer sur la vague (attention aux cyclones quand même, à force). Cependant, l'entourage de LOUANE lui permet de garder un son aérien. On entend quelques guitares électriques claires, très sympas. C'est la voix de la chanteuse qui peut faire tiquer, monocorde avec toujours ce côté cassé conjoint au vibrato, et qui étouffe un brin les ambiances, les mélodies. Elle n'a que 21 ans, mais bon ! Et on n'essaie pas de faire du nerveux avec de tels effets studios, enfin ! Déjà sur le disque d'avant, ça agressait les oreilles.

Du coup, à l'écoute, on a le sentiment que LOUANE a chanté toutes ses parties vocales le même jour, et que les musiciens se sont greffés en voulant insuffler la diversité qui manquait. C'est dommage car l'esprit funk/soul de "Midi Sur Novembre", le côté ballade parisienne nostalgique de "Si T'étais Là" sont agréables, autant que peut l'être le tempo exotique de "On Etait Bien", single de choix. Il y a même quelques solos d'instruments (synthé, guitare), assez mesurés certes.

Dommage donc parce que le chant de la miss est ce qu'il est. Pas besoin d'une grande voix, c'est vrai, mais sur "No" par exemple, l'entendre minauder "J'irai jusqu'au bout, oh jusqu'au bout, oh jusqu'au bout de nous" avec Auto-Tune bien armé sur les « oh », c'est franchement pénible ! Ne parlons pas de "Lego", et ses "oooh oh ooooh" (oooriginal hein ?), ses paroles taillées pour donner à LOUANE une occasion de rapper. Fichtre !

On préfère la folk "Jour de Pluie", déclaration d'amour éperdue qui prouve combien cette voix ne sonne jamais mieux que dans la sobriété. Les textes sont mignons, certains titres sont de vraies réussites comme "When We Go Home" et "Nuit Pourpre", dotées d'une écriture plus fine. La reprise des CHAINSMOKERS placée en bonus offre un univers plus décalé qui lui sied bien pour le coup, mais parce qu'elle s'adapte à un tout autre contexte.

Ce deuxième disque de l'artiste éponyme amorce un progrès sur le plan musical, c'est clair et même en se fondant dans les sons en vogue, mais il s'accroche trop à l'image de la chanteuse, ses facilités d'interprétation. Si le disque suivant doit rester gentil de la sorte, au moins qu'il mise davantage sur d'autres arrangements vocaux.