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1974 Swamp Fox

JACKIE LEE COCHRAN - Swamp Fox (1974)
Par LE KINGBEE le 20 Février 2018          Consultée 753 fois

En dehors de la banane, le parallèle avec Elvis risque de ne pas sauter aux yeux de l’amateur lambda. Et pourtant, Jack Waukeen Cochran a plus d’une analogie avec le King. Comme Elvis, Jack a un frère jumeau qui lui aussi décède prématurément. Autre point commun, son paternel va aller passer un long séjour sous les barreaux pour une histoire de meurtre.

Jack Wauken voit le jour en 1934 à Dalton, en Georgie. Il commence l’apprentissage de la guitare dès six ans, passant son enfance en Louisiane et au Mississippi, élevé par des membres de sa famille, avant d’atterrir chez une grand-mère en Alabama. Gamin, il écoute les radios locales et assimile vite les influences du Blues et du Hillbilly. Adolescent, il veut devenir musicien professionnel, mais Mémé ne voit pas la musique d’un bon œil et lui suggère de tenter sa chance dans l’Armée. Comme tout bon garçon obéissant, il se retrouve enrôlé dans l’Armée de l’air. Cantonné à San Antonio, le petit soldat profite de ses rares permissions pour participer à quelques shows radio pour le compte de Slim Willet. Démobilisé en 1955, il parvient à s’immiscer au Jamboree Big D, puis se produit dans la région de Dallas en compagnie de Johnny Horton et Roy Orbison. Durant l’été 56, l’ancien soldat enregistre son premier single pour Sims, une petite maison de disque californienne et enchaîne les spectacles auprès de Spade Cooley et Cliffie Stone.
Cela lui permet d’attirer l’attention de Decca, firme pour laquelle il met en boîte son second single, épaulé par le guitariste Merle Travis. Alors que son single se vend correctement et est sur le point d’intégrer les classements, un problème contractuel entre son manager et Decca vient mettre fin à l’aventure. A l’instar de Perrette et de son pot au lait, pour Jackie Lee Cochran, c’est Adieu veau, vache, cochon, couvée, le guitariste se retrouve sans contrat.
Entre 1958 et 59, il enregistre une poignée de singles se comptant sur les doigts d’une main, pour de petits labels californiens (Viv, Avalon, Spry) et pour la firme new-yorkaise Jaguar Records. Mais, faute de promotion et d’une distribution efficace, ses disques ne se vendent pas et notre homme embrasse alors le métier de mécanicien dans l’aviation, disparaissant alors totalement du monde du Rock n Roll.

Mais il arrive que certains aient droit à une seconde chance, souvent due au hasard d’une rencontre. En 1973, Jackie tombe sur le producteur Ron Weiser qui vient de monter Rollin’ Rock, label dédié au Rockabilly. Si les singles et la carrière de notre Jackie n’ont pas ébranlé l’Industrie mondiale du disque, ses faces brut de décoffrage restent gravées dans l’esprit des premiers amateurs de Rock' n' Roll et il n’en faut pas plus pour que Weiser lui redonne une seconde chance.

Cochran rejoint le Rollin’ Rock Recording Studio de Van Nuys, dans la banlieue de Los Angeles en 1973. Le producteur Ron Weiser a choisi de le faire jouer en formule trio, comme les petites formations pionnières du Rock' n' Roll. Le guitariste est rejoint par le débutant Jimmie Lee Maslon pour la partie piano et le bassiste guitariste Ray Campi, un autre oublié de la vague Rock' n' Roll qui enseigne à Van Nuys comme professeur d’anglais afin de pouvoir bouffer et qui s’occupe aussi de la batterie.
Du temps de sa splendeur ou de sa jeunesse, Cochran s’était montré bon songwriter, composant l’essentiel de ses titres. Les années n’ont guère atténué cette pratique. Jackie a apporté six nouveaux titres. D’entrée de jeu, le rugueux « Swamp Fox » nous expédie vers le Rockabilly louisianais en droite ligne de Al Frazier ou Johnny Jano. « Baby Doll » diffuse un cachet teinté d’exotisme lorgnant sur certains mid tempo du King. On parlait d’Elvis, « King Of Your Heart » s’inscrit résolument dans les balades arrache-cœur comme en a distillé par paquet le rockeur de Tupelo. Même impression avec « Hug’N’Kiss Me » sur un tempo plus vigoureux. Le natif de Géorgie s’est toujours déclaré fan d’Hank Snow et « Drugstore Valentine » nous renvoie vers la Country du canadien. Parmi ces nouveaux titres, « C’Mon Over In The Clover » se révèle la pièce la plus rugueuse, un véritable Rockab du Sud.
Le bonhomme nous refourgue deux titres gravés en 1956 pour le label Sims : l’hypnotique et syncopé « Hip Shakin’ Mama » et l’excellent « Riverside Jump » dans des versions revues et corrigées. A noter qu’en termes de durée, ces pièces restent identiques aux formats de la vague Rockab.

Les quatres reprises se divisent en deux chapitres bien distincts. Les influences et assimilations au Blues sont évidentes sur « That’s Alright Mama », standard d’Arthur « Big Boy » Crudup, dans une version plus rugueuse que celle d’Elvis. Autre gros classique, revu et corrigé, le « Hoochie Coochie Man » de Muddy Waters (mais œuvre probable de Willie Dixon) comporte tous les ingrédients du Mississippi Blues et des zestes louisianais pour la rythmique. Il transforme « Trouble In Mind », titre des années 20 du pianiste Richard M. Jones en Hillbilly Blues de bonne facture. Si le titre a connu moult accommodations du Western Swing (Bob Wills) au R&B (Sam Cooke, Aretha Franklin) à la Pop (the Everly Brothers) sans oublier d’innombrables versions Blues, le trio se montre convaincant.
Notre préférence se porte cependant sur « Money Honey », un R&B bien collant de Jesse Stone (alias Charles Calhoun) popularisé par Clyde McPhatter et Elvis. Ici Cochran et ses comparses réaménagent complètement le tempo pour en faire un Rockab mid tempo de première bourre.

Bien que n’ayant pas enregistré pendant plus de 14 ans, Jackie Lee Cochran prouve avec ce disque qu’il a de beaux restes derrière lui. D’ascendance Cherokee, le guitariste parfois surnommé Jack The Cat, poursuit sa route dans le domaine de la musique encore pendant quelques années. Considéré comme une légende dans le milieu du Rock' n' Roll européen, Jackie n’a jamais réussi à s’imposer dans son propre pays. Ce rocker, peut- être trop rugueux à ses débuts, est décédé en 1998 en Californie, terrassé par une crise cardiaque. Un bon disque de Rock' n' Roll dans lequel se greffent toutes les influences noires du Mississippi et des bayous.

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   LE KINGBEE

 
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- Jackie Lee Cochran (chant, guitare)
- Ray Campi (basse, batterie, guitare)
- Jimmie Lee Maslon (piano)


1. Swamp Fox.
2. Riverside Jump.
3. That's Alright Mama.
4. Trouble In Mind.
5. Baby Doll.
6. King Of Your Heart.
7. C'mon Over In The Clover.
8. Hug'n' Kiss Me.
9. Money Honey.
10. Hip Shakin' Mama.
11. Hoochie Coochie Man.
12. Drugstore Valentine.



             



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