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1972 Mom's Apple Pie

MOM'S APPLE PIE - Mom's Apple Pie (1972)
Par LE KINGBEE le 25 Février 2018          Consultée 1676 fois

Allez … vous reprendrez bien une part de tarte !

Fondé au tout début des années 70 à Warren, ville située au nord ouest de l’Ohio, MOM’S APPLE PIE demeure aujourd’hui connu non pas pour sa musique mais pour la pochette de son premier disque éponyme. Si vous regardez bien le gâteau que vous présente cette ménagère, vous remarquerez qu’il est déjà bien entamé. Et si vous examinez encore mieux la partie délicatement découpée, vous risquez de vous dire qu’elle ressemble plus à un organe génital féminin bien dégoulinant qu’à un morceau de tarte comme on en a l’habitude d’en confectionner.

Il n’en faut pas plus pour déclencher les foudres de la censure américaine, toujours très puritaine, et accessoirement contribuer à populariser le groupe bien malgré lui. Ce qu’on appelle de nos jours une excellente com.
Dans un second temps, Nick Mancuso, le créateur de la pochette incriminée, revoit sa copie et propose une seconde version non dénuée de charme. A la place d’un sexe ruisselant, on peut voir un mur de briques noires agrémentées de barbelés et d’un drapeau américain et, derrière la fenêtre de la cuisine, vient se glisser un policier en uniforme épiant la ménagère à mi chemin entre voyeurisme et investigation.

Revenons à la tarte aux pommes de maman. Grosse formation de dix musiciens, la troupe se produit dès 1970 dans tout l’Ohio puis accède au circuit des campus universitaires pour la plus grande joie des étudiants plus adeptes de musique et de fiesta que d’études. Le groupe prend une soudaine envergure sous la houlette de leur manager Larry Patterson. Au bout d’un an, le groupe se produit sur tout le territoire américain, passant au Madison Square Garden de New York ou au Whisky A Go-Go de Los Angeles. La formation ouvre pour David BOWIE et les Doobie Brothers et commence à se faire un nom. Suite à une démo envoyée à Kenneth Hammann, producteur attitré du Cleveland Recording Company, studio où Grand Funk Railroad a l’habitude de poser ses guêtres, Pia Knight tombe par hasard sur la bande ; elle suggère à son mari d’enregistrer le groupe. Terry Knight, ancien disc-jockey, chanteur de Terry Knight & The Pack et producteur de Grand Funk Railroad, QUI vient de monter le label Brown Bag Records est à la recherche de nouveaux groupes.

Knight décide de confier la production à Hammann, ce dernier cumulant les fonctions d’ingé-son, de producteur et de directeur artistique. Le bonhomme a collaboré avec Grand Funk Railroad, le James Gang formation de Joe Walsh, futur Eagles, The Human Beinz, le groupe de Hard texan Bloodrock, Brownsville Station et a même enregistré John Hambrick, journaliste et animateur télé pour son seul album. Hammann a la réputation de faire des merveilles avec peu de moyens et des groupes inconnus.
Ce disque coûte cher à Terry Knight qui se trouve dans l’obligation de rapatrier en urgence trente mille disques suite à une décision de la censure américaine.

La troupe ne se résume pas seulement à une grosse formation de dix musiciens, elle excelle dans le travail de composition, six des huit titres provenant du groupe, l’organiste Dave Mazzochi étant le principal pourvoyeur du band avec six co-écritures.
Mais c’est avec une reprise que le groupe entame les hostilités avec « I Just Wanna Make Love To You », une variante proche du « I Just Want Make Love To You », standard de Willie Dixon. Popularisé par Muddy Waters et Etta James, le titre connaît durant les sixties des versions Blues et Garage à la pelle. Mais à l’instar de Cold Blues qui en offrait trois ans avant une version Blues Psyché complètement barrée, Mom’s Apple Pie nous distille une version hallucinante où s’emboîtent Funk et Jazz Prog avec des démonstrations de guitare funky et fuzz, un nappage d’orgue et une attaque de cuivres renvoyant à une sonorité à la Chicago Transit Authority. Un premier morceau démentiel qui relègue bien loin la version Hard enregistrée quelques semaines auparavant par Foghat.
L’argent, thématique récurrente dans la musique, a souvent ouvert de bonnes portes au matérialisme. Pas moins d’une dizaine de groupes ont planché sur ce vaste problème avec des titres éponymes (Bread, David Allan Coe, Tora Tora, Solas, Ralph Mc Tell, Buzz Carlton). L’intro d’orgue sur « Lay Your Money Down » confère une atmosphère naviguant entre religion et Prog. L’interprétation opère au bout de plus de deux minutes un virage à 180° avec une immersion totale dans un Funk Jazz avec grosse ligne de basse et zestes bien cuivrés.
Le groupe nous offre un moment de répit avec « Good Days », balade Folk Psyché avec guitare acoustique et flûte, un titre qui pourrait s’inscrire dans la discographie du combo anglais If.
Changement de cap avec « People » dont le tempo ne peut qu’évoquer Blood Sweat & Tears.

La face B débute avec deux titres publiés en singles : « Dawn Of A New Day », un Jazz Rock tendance Psy avec gros solo de guitare et une section cuivre bien présente. « Happy Just To Be », à notre sens la piste la moins captivante, nous renvoie à Chicago Transit et aux productions de James William Guercio. Les claviers s’annoncent plus présents sur « Secret Of Life » et semblent se livrer une bourre avec les cuivres sur une mélodie peu accrocheuse car trop complexe.
Si le groupe entamait son disque avec une reprise judicieuse, il conclut son œuvre de la même façon avec « Mr. Skin », une chanson de Jay Fergusson de Spirit qui rendait hommage à son vieux batteur Ed Cassidy, beau père de Randy California. Cette version se rapproche de la version originale, malgré une ligne de basse moins présente et moins ronde, elle fait cependant oublier la version des Anglais de Juicy Lucy gravée l’année précédente. A noter que le groupe canadien Acid Test de la chanteuse bassiste Lucy Di Santo a redonné un air de jeunesse au morceau dans une veine électro pop.

Alors, en dehors de cette pochette controversée, Mom’s Apple Pie nous propose un disque convaincant qui fait la part belle à la créativité et à son talent d’écriture. Un disque dans lequel s’emboîtent Jazz Rock, Prog, Fusion et Psyché. Un bon 4 pour ce groupe peu connu de notre contrée.

Cette chronique provient de l’écoute du vinyle Brown Bag pressage US édité en 1972. Le label Hifly Sound Anstalt a publié en 2015 deux rééditions aux formats vinyle et CD. La version CD propose la pochette d’origine censurée et à l’intérieur le second visuel avec le fameux mur de briques en miniature mais sans le flic en uniforme derrière la fenêtre.

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- Bob Fiorino (chant)
- Tony Gigliotti (chant)
- Joe Ahladis (guitare)
- Bob Miller (guitare)
- Greg Yochman (basse)
- Dave Mazzochi (piano, claviers)
- Pat Aulizia (batterie)
- Roger Force (saxophone, flûte)
- Fred Marzulla (trombone)
- Bob Pinti (trompette)


1. I Just Wanna Make Love To You.
2. Lay Your Money Down.
3. Good Days.
4. People.
5. Dawn Of A New Day.
6. Happy Just To Be.
7. Secret Of Life.
8. Mr. Skin.



             



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