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DEEP SOUL NEW ORLEANS  |  COMPILATION

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Toussaint MCCALL - Nothing Takes The Place Of You (2001)
Par LE KINGBEE le 4 Mars 2018          Consultée 1302 fois

Bien sûr, on aurait pu vous offrir la chronique de « Nothing Takes The Place Of You », le premier album de Toussaint MCCALL paru en 1967 sous la bannière de Ronn Records, filiale de Jewel Records, propriété de Stan Lewis. Pourquoi chroniquer cette compilation plutôt que son premier disque ? Première raison, la pochette du premier disque sur laquelle figure un couple de blancs dans un environnement forestier frise le ridicule et n’engage pas vraiment à aller à la découverte de ce pianiste chanteur méconnu. Seconde argumentation, si l’album d’origine comptait 12 titres, la présente compilation propose 25 titres dont 8 des 12 de l’album. Alors Toussaint MCCALL figure parmi les nombreux trésors cachés comme l’Industrie du Disque nous en a souvent pondus. On sait peu de choses le concernant. Né en 1939 à Delhi*, une bourgade située à l’Est de Monroe et Shreveport dans le Nord de la Louisiane. Enfant, il se lance dans l’étude du piano puis bifurque vers l’orgue. Le Louisianais commence à se produire dans le circuit des bars et des universités et atterrit tout naturellement chez Ronn Records, un label de Shreveport.

Fondé en 1963, le label Jewel connaît quelques petits succès auprès des radios locales, mais aucune de ses productions n’est parvenue à rentrer dans les charts. Propriétaire du magasin de disques Stan’s Record Shop, Lewis a fait ses gammes chez Chess Records. Le gars est à l’origine de plusieurs titres qui ont bien marché : « Reconsider Baby » (Lowell Fulson), « Susie Q » (Dale Hawkins). Afin de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, Lewis monte Paula Records, maison de disque orientée vers la Pop et le Rock et un troisième label avec Ronn dédié au R&B et à la Soul. C’est avec MCCALL que Lewis va connaître son premier grand succès en mars 1967. La balade « Nothing Takes The Place Of You » monte à la 5ème place des charts pendant quinze semaines. Une aubaine inespérée pour le producteur de Shreveport. En juillet 67, l’organiste parvient à replacer un second titre dans les classements R&B avec « I’ll Do It For You » qui atteint une honnête 26ème place.

Il connaît alors une brève période de gloire et intègre une tournée d’Otis REDDING, se produit à l’Apollo de New York et va enregistrer sept singles pour Ronn, suivis d’un 45 microsillon pour Dore, une maison de disque de Los Angeles. Suite au succès du premier single, Lewis décide de publier « Nothing Takes The Place Of You », le premier album édité par Ronn. La suite est moins rose. Suite à l’énorme succès de « Judy In Disguise », titre de John Fred and his Playboys se vendant à plus de deux millions d’exemplaires, il n’est clairement plus une priorité pour Lewis et tombe peu à peu dans l’oubli. Le chanteur enregistre une poignée de disques dont un album de Gospel avec le Wesley United Methodist Church Chancel Choir, disques qui passent hélas totalement inaperçus.

A tout seigneur tout honneur, la compilation s’ouvre avec « Nothing Takes The Place Of You », une balade à mi chemin de la Nouvelle Orleans et des bayous louisianais. Mais ce qui pouvait s’annoncer comme une balade sirupeuse, un brin boogaloo, renvoie à une atmosphère quasi religieuse par le biais d’un orgue qui touche à chaque note. Un trésor de Deep Soul. Le morceau connaît de multiples reprises (William Bell, Brook Benton, Isaac Hayes, Al Green sans oublier Koko Taylor et Timi Yuro) et se voit repris par Judge Dread dans une version Ska Rock Steady. Titre langoureux par excellence, le plus grand succès de MCCALL fait aujourd’hui encore partie du patrimoine louisianais. Tab Benoit le reprend fréquemment lors de ses concerts. Cet intemporel est repris également par le groupe Western Swing Asleep At The Wheel avec l’excellente chanteuse Tex Mex Gizzelle et, malheureusement, par l’anglaise Joss STONE dans son album « The Soul Sessions Vol. 2 » qui massacrait allègrement cette pépite. Le morceau figure plus tard dans la bande son du film de John Waters « Hairspray ».

Parmi les titres issus des singles Ronn, les balades s’offrent la plus grosse part du gâteau : « I’ll Do It For You », « One Table Away », « Like Never Before », « All For A Love Like You », « Step By Step » qui tient autant du Gospel que de la Soul, sans oublier « King For A Day » créé en hommage à Martin Luther King. Il était aussi dans son élément avec des pièces plus légères comme les instrumentaux « Shimmy » renvoyant à Booker T & The MG’s ou « The Toussaint Shuffle » qui ne peut qu’évoquer un shuffle à la Ray CHARLES. Certains titres plus énergiques enregistrés à Muscle Shoals dans les studios Fame de Rick Hall viennent casser l’impression de monotonie qui pourrait s’installer : « I’m Gonna Make Me A Woman » ou « My Love Is A Guarantee » qui laisse le premier rôle à la guitare. Le tour d’horizon des singles Ronn s’achève ici, mais signalons qu’il manque « The Title Escapes To Me », un titre peut-être prémonitoire ?

Le recueil est agrémenté de trois titres issus de l’album Ronn : « I’m Undecided », un titre Soul proche de Brooke Benton, tandis que la ballade « Perhaps I Love You » rappelle les ambiances parfois sucrées de Percy SLEDGE ou Jerry BUTTER. Dernier titre avec « Summertime », standard de GERSHWIN délivré ici sur un tempo évitant tout esprit pathos. Le compilateur incorpore aussi trois titres en provenance de la compil « Nothing Takes The Place Of You », titre collant à McCall comme une seconde peau et édité par le label nippon P Vine : les balades « Let’s Do It Over », une compo du tandem Dan Penn/Spooner Oldham, gravée par Joe Simon, « What Part Do I Play », et « In My Arms To Stay » enrichie de chœurs. Mais l’atout de cette compilation repose sur l’apparition de six inédits : « Let It Be Me ». L’adaptation américaine du « Je t’appartiens » de BECAUD, chantée en duo avec Barbara West, a connu une flopée d’essais et celle de nos deux protagonistes vaut largement celles des duos SONNY & CHER, Edwin Starr/Blinky ou Betty Everett/Jerry Butler.

« The Other Man », malgré l’apport de cuivres, et « When You’re In Love » s’annoncent clairement comme les deux pièces les moins captivantes de la compil. Idem avec « That’s Life », un titre de Soul Crooner repris entre autres par SINATRA, Billy PAUL et les TEMPTATIONS, qui semble ronronner dans le plus pur style des chansons de Broadway. Les amateurs de Deep Soul devraient se délecter avec « Love Is A Hurting Thing », issu du répertoire de Lou Rawls dans une version légèrement boostée qui relègue bien loin la version flasque de George BENSON. Le classique Folk Protest Song « If I Had A Hammer » des WEAVERS sera accommodé à toutes les sauces mais aura connu une seconde vie via PETER, PAUL & MARY ou Trini LOPEZ. Le titre n’échappe bien sûr pas au domaine de la Soul, si MARTHA & the VANDELLAS, Sam COOKE, Aretha FRANKLIN ou les FOUR TOPS furent parmi les premiers repreneurs du morceau à la sauce Soul, MCCALL parvient à ne pas trop dénaturer le morceau avec un tempo faisant office de Folk Soul Revival. A mille lieues de la version aussi dansante que détournée de Claude FRANCOIS.

Avec sa voix sombre de baryton, son phrasé d’orgue fortement inspiré par celui des églises, Toussaint MCCALL figure parmi les seconds couteaux n’ayant connu qu’une gloire éphémère. Un chant dans la lignée de James Carr. On regrette que ce soulman n’ait pas connu une maison de disque avec de plus gros moyens, tant au niveau de la production que de la promotion. Malgré quatre pistes plus faiblardes, cette compilation demeure à ce jour la plus complète dédiée à ce trésor bien caché de la Deep Soul. Toussaint MCCALL semble toujours se produire sporadiquement à la Nouvelle Orleans, en Louisiane et au Texas.

*La plupart des encyclopédies et Wikipedia annoncent par erreur la ville de Monroe et 1934 comme année de naissance.
Cette compilation éditée en 2001 par Fuel Records avait fait l’objet d’une préalable publication en 2000 par le label anglais Westside avec une pochette différente. Aujourd’hui, il est toujours impossible d’établir une line-up précise.

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- Toussaint Mccall (chant, claviers)


1. Nothing Takes The Place Of You.
2. I'll Do It For You.
3. Let's Do It Over.
4. Let It Be Me.
5. What Part Do I Play?
6. Baby, You've Got It.
7. Like Never Before.
8. The Other Man.
9. In My Arms To Stay.
10. I'm Undecided.
11. One Table Away.
12. My Love Is A Guarantee.
13. I Stand Accused.
14. When You're In Love.
15. I'm Gonna Make Me A Woman.
16. Perhaps I Love You.
17. Shimmy.
18. Step By Step.
19. That's Life.
20. All For A Love Like You.
21. Summertime.
22. If I Had A Hammer.
23. Love Is A Hurting Thing.
24. King For A Day.
25. The Toussaint Shuffle.



             



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