Le premier album de TOTAL ECLIPSE, Delta Aquarids montrait déjà un groupe au meilleur de sa forme, un disque mélangeant de la trance psychédélique à des morceaux de Goa énormes, le groupe s’était alors fait un nom parmi les JUNO REACTOR, et autres HALLUCINOGEN. Le trio français (et oui…) fort de ce premier coup d’éclat récidive et casse la baraque : Violent Relaxation est un des rares disques sur lequel tous les amateurs du genre sont d’accord : c’est une tuerie.

Pourtant, le pari est osé, dès l’oxymore du titre, on se demande s'il va falloir patienter pendant de longs passages ambients un peu longuets avant de pouvoir goûter aux délices du mélange plus avenant des beats cataclysmiques, des mélodies suaves, épileptiques et abondantes menant au paradis artificiel musical. A cela le groupe répond clairement : 2 albums en un, le premier est violent, le second relaxant, les deux titillant légèrement l’univers musical de la face opposée, et de cette manière ambivalente, le groupe dévoile ses meilleurs atouts…

Tout le monde succombera aux incontournables "The furance", "Chaotic circus", "Pulsar glitch" et "Space clinic", inutile de résister aux piliers de l’album qui déversent sur vous leur flot continu de musique fantasmagorique accompagné parfois de sonorités presque agressives de par leur aspect cybernétique. On décolle, on plane, on s’écarte vers l’inconnu, et puis c’est le vide l’espace d’un morceau lorsque vous êtes au creux de la vague sonore, sans même avoir l’envie d’échapper au puissant courroux de cette force élégiaque. Partis de presque rien (une mélodie qui tourne en boucle, après tout…), on se surprend régulièrement à atteindre les hautes sphères de la spiritualité musicale, le monde pourrait alors s’écrouler autour de nous…

Là où TOTAL ECLIPSE dépasse ses petits concurrents, c’est qu’au-delà de quelques titres d’anthologie qui risqueraient de laisser l’entour de l’album dans l’ombre, ce dernier présente différentes facettes, varie son mélange, corse le tout de quelques passages au clavier admirables, et surtout étiole les prouesses des titres dont nous avons déjà fait l’éloge. Ainsi "Virtual terminal energised" et "Absolute zero" font montre des mêmes qualités. "Area 51", "Teknophobia" et la jungle cybernétique de "Blue galaxy" se rapprochent quant à eux de ce que l’on retrouve sur l’autre disque, avec ce côté plus ambient dans l’esprit, rappelant du même coup que la Trance dans son approche musicale doit beaucoup plus à un speed-ambient qu’aux diverses péripéties des groupes de Synth-pop.

Le second disque, axé ambient donc, est par la force des choses moins intéressant. Dans le meilleur des cas, c’est tout aussi passionnant, mais en moins rapide. Celui-ci parfait quelques sonorités acides, et révèle quelques moments de bravoure dont on ne l’aurait pas cru capable (pour le genre, j’entends), ce qui ne fait donc pas baisser de manière incongrue l’appréciation de ce –double– disque. Entre les deux cependant, le cœur balance rarement. Bien que TOTAL ECLIPSE s’en sorte admirablement dans les deux domaines, on préfèrera régulièrement la puissance de la Trance à la tranquillité apaisante de cette seconde face. L’un dans l’autre, vous voilà avec un excellent album du genre (l'un des meilleurs, en fait), doublé d’un disque subsidiaire fort intéressant…