Recherche avancée       Liste groupes



      
SOUL NOLA  |  COMPILATION

L' auteur
Acheter Cet Album
 



Benny SPELLMAN - Fortune Teller - A Singles Collection 1960-67 (2012)
Par LE KINGBEE le 20 Mars 2018          Consultée 1314 fois

A l’instar de Toussaint McCall ou de Big John Hamilton, vous ne risquez pas de dénicher un disque de Benny SPELLMAN, le chanteur n’a jamais enregistré d’album complet sous son nom. A contrario de Fats DOMINO, Allen Toussaint, Lee Dorsey, des Neville Brothers et à un degré moindre de Larry Williams ou Huey « Piano » Smith, ce chanteur baryton est à classer dans le tiroir des seconds couteaux. Et pourtant à l’instar de King Floyd avec « Groove Me » ou Jean Knight avec « Mr. Big Stuff », Spellman est parvenu à populariser deux tubes, bien avant les deux artistes précités.

Benny Spellman est né en 1931 à Pensacola, ville à l’extrême pointe nord ouest de Floride. Sous la houlette de sa mère, son père s’est noyé alors que Benny n’était encore qu’un bambin, il débute dans la chorale de sa paroisse chantant des chants grégoriens. Adolescent, il tente une carrière dans le football américain, sport qui lui permet de décrocher une bourse à l’Université de Baton Rouge. Il faut dire que Benny est un costaud et rapide gaillard. Le foot et les études ne constituent pas ses seules occupations, l’étudiant chante dans divers groupe locaux dont celui du clarinettiste Alvin Batiste et remporte même quelques radio-crochets. Mais ces hobbies ne vont pas durer, Benny est enrôlé dans l’US Army. Démobilisé en 1959, il regagne sa région natale suite au décès de sa mère. Son aventure dans la musique aurait pu s’arrêter là, Benny ayant ses diplômes en poche, mais la vie réserve parfois d’heureuses surprises. Lors d’un concert de Huey Smith & The Clowns en Floride, le bus du groupe est accidenté. Benny se transforme en bon samaritain et décide de transporter la formation à la Nouvelle Orléans où elle doit se produire. Il ne repartira plus de la Crescent City.

Si la scène de la Nouvelle Orléans est florissante, peu d’artistes parviennent à décrocher une audience nationale, la faute à un manque de structures, de studios, de labels puissants et d’une distribution efficace. Chanteur prisé par de nombreux groupes, l’ancien étudiant fait ses gammes au sein du Dew Drop Inn, célèbre club dirigé par Frank Painia dans lequel la Ségrégation n’a pas sa place, chantant à l’occasion pour le pianiste Joe Robichaux ou les Gondoliers d’Edgar Blanchard. Benny est invité à divers shows radio pour la WYLD, c’est là que le disc-jockey promoteur Larry McKinley le repère et l’embauche chez Minit Records, label qu’il vient de fonder avec Joe Banashak. Les deux premiers singles de Benny passent inaperçus, il faut attendre 1961 pour que Minit fasse un carton avec « Mother In Law » interprété par Ernie K Doe, une ode humoristique sur les belles mères qui monte sur la première marche de charts R&B avec en support la voix baryton de Benny.

En fait, Benny Spellman ne va connaitre qu’un seul succès avec « Lipstick Traces (On A Cigarette) » enregistré en février 1962. Cette composition de Naomi Neville (pseudo d’Allen Toussaint) a renforcée par les chœurs d’Irma Thomas et Willie Harper atteindra la 28ème place des charts R&B et la 80ème du Hot 100. Mais l’ancien quater back va commettre un semi demi second carton avec « Fortune Teller », une œuvre du prolifique Allen Toussaint, un titre dont il ne recueillera que peu de lauriers. Il faudra attendre l’été de l’année suivante pour que le titre passe sur les ondes via la reprise du groupe de Liverpool The Merseybeats. Le titre passera à la postérité en 65 par le biais des ROLLING STONES, le titre figurant sur l’album Live « Got Live If You Want It ». Au fil des années, ce titre initialement gorgé de New Orleans Sound deviendra un hymne Garage repris entre autres par les Hollies, Downliners Sect, Nine Nine Nine sans oublier une mémorable version des DOGS. Cette chanson malheureusement au titre peu prémonitoire, un comble pour une diseuse de bonne aventure, sera également reprise par les WHO dans le «  Live At Leeds » (le titre ne figure pas sur l’album public d’origine mais sur la réédition de 1995). En 1987, le combo anglais The Lords Of The New Church reprenait le morceau dans une version Live. Vingt ans plus tard, la chanson sera replacée sous le feu des projecteurs via une version du duo Alison KRAUSS/ Robert PLANT dans une version oscillant entre Americana et Voodoo New Grass.

Comme on peut facilement l’imaginer, malgré ces deux titres phares, Benny Spellman ne connaîtra ni gloire ni richesse et quittera Minit en 1963, déçu par le manque de répercussion et de retombées financières. Le chanteur enchaînera avec une poignée de singles pour les labels Watch sous la houlette de l’arrangeur Wardell Quezergue, Alon (autre label de Joe Banashak), Sansu, Bandy sans oublier un unique essai pour la firme Atlantic en 1965. Spellman n’insistera pas outre mesure et se retirera de la scène en 1968 après un ultime single mis en boite par Mor Soul Records. Le chanteur deviendra représentant pour la marque de bière Miller Beer. L’ancien footballeur participera néanmoins pendant de longues années au New Orleans Jazz and Heritage Festival et sera invité dans un rôle de choriste sur l’album « Venus And Mars » des WINGS de Paul McCartney. Durant les années 90, Benny se produira sporadiquement au sein des Iguanas, le groupe du guitariste Rod Hodges aux influences Tex Mex, New Orleans Soul. EN 1996, victime d’un AVC, Benny sera placé dans une maison de retraite médicalisée à Pensacola. Nommé au Louisiana Music Hall Of Fame en 2009, le chanteur étant incapable de se déplacer recevra son trophée dans sa ville natale. Benny décède en 2011 à 79 ans, suite de problèmes respiratoires.

Si les labels Charly, Collectable et Bandy avaient publié des compilations consacrées au chanteur, avouons que Shout Records édite pour la première fois une véritable anthologie avec pas moins de trente titres dont cinq inédits. Chose rare chez les labels britanniques, Shout propose presque une chronologie parfaite. Tous les titres s’inscrivent dans le répertoire du R&B New Orleans sixties et portent l’empreinte d’Allen Toussaint. « Fortune Teller » qui ouvre les hostilités sur un tempo moins énergique que les nombreuses versions Garage mais néanmoins très dansant. Seul succès du chanteur « Lipstick Traces (On A Cigarette) s’ouvre sur une intro de piano d’Allen Toussaint pour une version dans lequel le chant baryton prend de l’ampleur. Une interprétation pleine de feeling supérieure à celles des O’Jays. Le morceau sera repris au fil des ans par moult artistes venus d’horizons divers (Bern Elliot & the Fenmem, Chris Farlow, le countryman Jimmie Peters, Ringo Starr, Alex Chilton) mais en dehors des versions de Mike Sanchez ou d’Amazing Rhythm Aces, on restera attaché à la version originale.

Spellman délivre de bonnes ballades « Life Is Too Short », « I Didn’t Know », « That’s All I Ask Of You ». «Darling No Matter Where », «Tain’t It The Truth» s’avèrent nettement moins goûteuses plus orientées vers un répertoire à la Nat King Cole. . Le chanteur distille aussi quelques Deep Soul intéressantes comme « I’m In Love » avec son intro d’orgue churchy, « You Don’t Love Me No More », « I’ll Never Leave You », « Go Back Home » bien dans la tradition nouvelle-orléanaise. Il se montre dans son élément sur des pièces plus légères : «  Talk About Love », « Stickin’ Whicha’ Baby » ou « This Is For You My Love » avec un soupçon de Pop.
Parmi les pistes plus vitaminées, « The Word Game » sonne presque comme un proto James BROWN, tandis que « Roll On Big Wheel » nous plonge vers un R&B à la Roy Brown.

Si tout est loin de friser l’exceptionnel, cette compilation, la première à proposer autant de faces du chanteur, mérite une attention soutenue. Derrière les arrangements et le piano d’Allen Toussaint, la voix puissante de Spellman pose les fondations de la tradition New Orleans Soul. On regrettera de ne pouvoir indiquer une line-up plus concise. Signalons pour conclure que les pistes 22 et 23 figurent aussi sur un single Atlantic. Une presque complète anthologie, il ne manque que quatre faces Watch et deux Mor Soul.

A lire aussi en SOUL par LE KINGBEE :


Lee FIELDS
Sentimental Fool (2022)
Grand retour des Dap-kings




Emma WILSON
Memphis Calling (2023)
Retour vers la soul de memphis des années 70


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Benny Spellman (chant)
- Ernie K Doe (chant 3)
- Irma Thomas (choeurs 1-2-3-)
- Allen Toussaint (piano)
- Professor Longhair (piano )
- Carl E. Hays (guitare 20-21-22-23-24-25-26-27-30)
- Aldo Vennari (batterie 20-21-22-23-24-25-26-27-30)
- Al Fayard (basse 20-21-22-23-24-25-26-27-30)
- Hugh Preston (saxophone 20-21-22-23-24-25-26-27-30)
- Samule Lillibridge (trompette 20-21-22-23-24-25-26-27-30)
- Ronald C. Inzer (trombone 20-21-22-23-24-25-26-27-30)


1. Fortune Teller
2. Lipstick Traces (on A Cigarette)
3. Mother In Law
4. Ammerette
5. Life Is Too Short
6. I Didn't Know
7. Darling No Matter Where
8. That's All I Ask Of You
9. Roll On Big Wheel
10. Every Now And Then
11. I'm In Love
12. 10 4 Calling All Cars
13. You Don't Love Me No More
14. I'll Never Leave You
15. Go Back Home
16. Love Is Universal
17. Stickin' Whicha' Baby
18. You Got To Get It
19. Talk About Love
20. Tain't It The Truth
21. No Don't Stop
22. The Word Game
23. I Feel Good
24. It Must Be Love
25. Spirit Of Loneliness
26. It's For You
27. This Is For You My Love
28. Sinner Girl
29. If You Love Her
30. Crystal Ball



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod