Snow est le nouvel album d'ANGUS & JULIA STONE, le retour du couple sacré de l'esprit road-movie dans ce qu'il a de plus hippie et propret, que ce soit la jolie voix et la robe blanche de la miss comme la barbe et le bonnet du monsieur. En France, on aime favoriser ces artistes venus entretenir le bobo en chacun de nous : le dimanche matin, ambiance Chouchou et Loulou (Un Gars, une Fille), détendu en mangeant son bol de céréales sans sucre, on écoute ANGUS & JULIA STONE entre Gainsbourg Percussions, classique du grand Serge, le dernier Benjamin BIOLAY et un disque d'Ibrahim MAALOUF, Illusions ou Kalthoum (Red & Black Light, c'est trop prog). L'après-midi, c'est promenade dans les coins secrets de Paris qu'on a déjà vus 10 fois et le soir, on prévoit le dernier film où joue Pierre Niney, avant le cent-deuxième visionnage d'Into the Wild, évidemment !

Bref, Snow ne change pas les habitudes, c'est le bon chic bon genre de la folk-rock alternative, raison pour laquelle on aime ou non le duo australien qui a publié trois albums similaires auparavant. Parce qu'au-delà de l'aspect provocateur employé ci-dessus, ce groupe propose une musique agréable dans l'ensemble, et dont on ne saurait se priver. Il suffit d'écouter "Who Do You Think You Are" pour s'en convaincre, sans doute le meilleur titre de l'ensemble et le plus SPRINGSTEEN-like, comme par hasard, avec sa rythmique country et ses guitares cinglantes, Angus Stone usant de son chant le moins blasé, ce qui n'est pas pour déplaire !

On remarque aussi qu'après la collaboration plus que fructueuse avec monsieur Rick Rubin pour l'album éponyme, plus gros succès du duo frère-soeur à ce jour, ce dernier reprend confiance en produisant cet album seul. Ce n'est pas tout, Julia a affirmé qu'il avait été écrit de la façon la plus rapprochée et complète possible, par rapport aux rencontres des disques précédents qui offraient moins d'intimité fraternelle. Leurs voix se complètent bien sur "My House Your House" dont on apprécie la mélodie de piano entêtante, les chœurs massifs à la fin et la batterie qui s'emballe.

"Cellar Door" marque un retour à l'enfance et à un grand-père, source d'inspiration, perdu au moment où les chansons ont été écrites. Pour le coup, c'est l'aspect du chant d'Angus le moins plaisant, mais le refrain est très beau avec les voix fantomatiques de Julia. C'est le type de chansons, tout comme "Snow", qui montre l'emploi d'une boîte à rythmes pour ce disque-là, et non seulement ça ne choque guère, mais cela permet mieux encore aux boucles aériennes d'occuper l'espace, sans dépareiller du son folk basique du groupe.

Des flûtes aux senteurs australiennes se baladent en intro de "Bloodhound" et au milieu de "Sleep Alone" ; on peut regretter toujours le chant bluesy d'Angus et les effets un brin kitsch sur la voix de Julia, mais ces titres restent de bonne facture. La basse et les licks de guitare y sont particulièrement intéressants. "Snow" est un début joli, quoique déjà un brin téléphoné avec les "lalala" de Julia – heureusement, le groupe nous a dispensé de ces refrains fainéants ailleurs -, tandis que "Sylvester Stallone" se pose en final brumeux et grisant. Pas ce que le groupe sait proposer de mieux, à l'image de ce disque en fait qui manque sans doute de personnalité, mis à part la boîte à rythmes. Cela s'écoute bien, c'est gentil, beau, mais ça manque de titres forts, tels "Who Do You Think You Are" (six minutes de pur bonheur !).