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1997 Deep Into The Earth

DAVID SUN - Deep Into The Earth (1997)
Par AIGLE BLANC le 14 Avril 2018          Consultée 1063 fois

Dans son immense humilité, l'homme se croit l'inventeur de la musique alors que, s'il se pose un instant et met de côté son ego démesuré, force lui est d'admettre que la musique lui pré-existe et que la plus grande musicienne dans son espace vital reste indéniablement la terre. Le rythme effréné de nos sociétés -dites évoluées- a détourné notre attention de l'essentiel. Chacun de nous a pourtant su tendre l'oreille au moins une fois, et de façon fugace, aux divers chants de la terre et du ciel, notamment lors d'une promenade en campagne, en longeant le cours d'un ruisseau ou en descendant l'Ardèche en canoé. Tendre l'oreille et écouter la terre quand elle nous confie ses humeurs ou ses rêveries, voilà une expérience inoubliable que nous devrions préserver afin de rétablir l'équilibre de nos vies.

David Sun est un musicien "new age", que d'aucuns considèrent même comme le parrain de ce courant musical. Mais il a aussi su se rappeler tout ce que sa musique doit à la terre et à la nature, aussi a-t-il créé au sein du label allemand Oreade une collection d'enregistrements non musicaux à base de sons naturels dont l'une des séries s'intitulant "Sounds of the earth" lui offre l'occasion de parcourir la terre et de rapporter de ses voyages la bande sonore des paysages traversés. Quand il se pose quelque part et tend son micro aux concerts de la nature (oiseaux, océan, orages, feux, rivières, loups, il rejoint ni plus ni moins que la démarche du grand compositeur de musique concrète Pierre Schaeffer quand il réalise ses Etudes aux objets et aux bruits animés, il va chercher le son là où l'homme n'intervient pas et en analyse la texture, la fréquence et l'intensité.
La démarche des musiciens new age est bien connue qui mixent leur musique sur un tapis de sons naturels, mais David Sun nous invite à une expérience infiniment plus pure dans la mesure où les sons naturels ici, débarrassés des élucubrations musicales qui les dénaturent, sont célébrés pour leur langage autonome.

Avec Deep into the earth, David Sun s'écarte des enregistrements naturels les plus communs (la mer, les baleines, les cascades, la pluie) pour investir l'antre des cavernes, authentiques cathédrales d'échos où se répercutent les gouttes d'eau qui façonnent avec l'endurance des plus grands bâtisseurs, et au gré de leurs humeurs aléatoires, la géographie souterraine de notre planète.
Dans la collection "Sounds of the earth", cet enregistrement occupe une place de choix et livre un plat de résistance aux oreilles des plus gourmets d'entre nous. Non seulement la caverne où palpite l'écorce terrestre offre un spectacle absolument fascinant, mais David Sun a su capter cette symphonie des plus mystérieuses, des plus occultes j'ose préciser, avec une maestria confondante. Si vous avez chez vous une bonne installation hi-fi, je ne saurais trop vous conseiller de tenter l'expérience d'écoute au casque afin que la magie de l'espace stéréophonique fonctionne parfaitement. En terme d'espace justement, cet enregistrement absolument fascinant parvient à outrepasser les limites de la stéréo en s'approchant d'une expérience auditive en 3 dimensions. En effet, ce que les micros de David Sun (car il ne peut pas en n'avoir utilisé qu'un) ont capté magnifiquement, ce ne sont pas que les "plics" répétés des gouttes finissant leur chute dans le lac souterrain, mais aussi l'environnement dans lequel ces gouttes se répercutent, se répondent en écho. C'est ainsi que les moments les plus extraordinaires de l'enregistrement sont ceux qui captent la polyphonie suintante des sons de la terre avec un effet de plans (premier, deuxième et arrière-plan) impressionnant. Ce relief sonore permet de goûter les subtilités de la symphonie souterraine car il relie des sons que sépare la distance et qui diffèrent par leur fréquence et leurs textures. Que ce soit le "plic" régulier des gouttes frappant la surface du lac, ou le "splatch" d'un jet compulsif frappant la roche, à moins que ce ne soit l'écoulement régulier d'un filet d'eau dans un couloir, tous ces sons, mêlés ou en canon, se répondant dans un effet d'échos, quelquefois traversés par une rumeur souterraine comme un grondement, un déplacement d'air au fond d'une cavité, construisent une cathédrale concrète merveilleuse dont l'harmonie trouve sa beauté dans l'aléatoire circulation des sons dans l'espace.

Si vous ne deviez posséder dans votre discothèque qu'un seul enregistrement de sons naturels, je crois bien que celui-ci s'impose.

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   AIGLE BLANC

 
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