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NEW-AGE/AMBIENT  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film

Johann JOHANNSSON - Premier Contact (arrival) (2016)
Par AIGLE BLANC le 26 Juin 2017          Consultée 2765 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

On assiste ces dernières années, sur les écrans de cinéma, à un retour en force de la Science-Fiction intelligente, profonde et réflexive : Gravity, Ex-Machina, Arrival, High-Rise. Le très beau film de Denis Villeneuve, Premier Contact (Arrival), doit sa charge émotionnelle à l'histoire qu'il porte subtilement à incandescence, au jeu habité de son actrice principale, l'intense Amy Adams, à la beauté organique de ses décors. Mais la corde qu'il fait le plus vibrer, celle qui se tapit en chacun de nous et que le monde actuel tend à nous faire oublier, c'est la conscience de notre humble humanité, le sens profond de notre rapport au temps et au mystère intrinsèque de la vie. Autant d'éléments que transmet la belle musique de Johann JOHANNSSON.
La musique de film a perdu ces quinze dernières années une part non négligeable de ce qui constituait jadis son audace et son originalité. Aujourd'hui, elle se confond dans l'écrasante majorité des cas avec le sound design.
La partition de J. JOHANNSSON répond sur un plan subliminal aux délicates questions que soulève le film. Elle donne à sentir la présence indicible des extraterrestres (les plus beaux et les plus fascinants qu'il m'ait été offert de découvrir sur un écran), pénètre dans les fibres mystérieuses de leur langage étranger et palpite au gré des visions bouleversantes de l'héroïne qui conduiront à sa révélation finale. Loin de nous inviter à un voyage spatial, la musique (comme le film) nous entraîne avec force dans l'intimité d'une psyché frappée par la tragédie humaine.

Si l'orchestre n'est pas absent de la bande originale, il n'en est pas moins traité sur un mode expérimental. La magnifique idée du compositeur ne réside pas tant dans le choix des instruments, Arrival s'apparentant à un concerto pour piano, boucles magnétiques, batteries, percussions, voix solistes, chœur et orchestre. Mais le traitement de chaque instrument, aux confins de la musique contemporaine, de l'ambient, du mantra et de la musique minimaliste, lui confère une étrangeté et une profondeur d'une grande force émotionnelle.
La texture dronique qui traverse la partition n'est pas le résultat de loops électroniques, mais celui de bandes magnétiques passées en boucles et superposées en de multiples couches qui en signent l'assise organique.
Les touches du piano quant à elles sont quasiment rendu méconnaissables par le choix à l'enregistrement d'en effacer les attaques comme la vibration finale.
Les percussions et la batterie ont perdu aussi leur agressivité car le traitement qui leur est dévolu les élève jusqu'à l'abstraction, agissant sur l'oreille comme une onde subliminale.
L'orchestre, même s'il paraît parfois plus conventionnel, pour peu que l'on soit familiarisé avec le minimalisme cher à Philip GLASS ou Steve REICH, n'en demeure pas moins étonnant quand il produit des sons organiques qu'on croirait filtrés alors qu'ils sont exécutés en direct par les cordes et les archets.
Le plus troublant reste le traitement des voix et du chœur, là encore souvent méconnaissables alors qu'interprétés par un ensemble vocal spécialisé dans l'expérimental.

Il se dégage de la réunion de tous ces éléments une aura mystique à forte consonance tribale qui s'infuse dans le cortex pour nous transporter ailleurs et pourtant nous renvoyant constamment à nous-mêmes dans un dialogue éternel entre le macrocosme (la perception de l'altérité et du mystère de l'ailleurs) et le microcosme (l'humilité de l'homme confronté à ce qui le dépasse et qui se voit renvoyé à son humble condition d'être n'accédant au cosmos que par le filtre du sentiment amoureux).
Johann JOHANNSSON n'a pas besoin de se plier au jeu convenu et facile de la mélodie. Il lui suffit de tisser, avec les sons incroyables produits par les divers instruments, et en particulier par les voix, une architecture complexe de textures extraterrestres, à la fois inquiétantes, mystérieuses, fascinantes, naïves et bouleversantes. Alors que l'ensemble pourrait paraître cérébral, il en émane une force émotionnelle saisissante.

Cette BO enfin fait sonner un vent de nouveauté qui détonne dans le cinéma populaire. Si elle ne se hisse pas au niveau de certaines références incontournables du 7ème art, elle retient l'attention par l'empreinte indélébile qu'elle marque à mi-chemin de l'intellect et de l'âme.
Le compositeur islandais a accompli l'exploit de proposer une musique expérimentale accessible sans rien perdre de son intégrité. Chapeau.
Qu'il ait été sollicité par Denis Villeneuve pour composer la musique de son Blade Runner 2049 est une excellente nouvelle.

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   AIGLE BLANC

 
  N/A



- Johann Johannsson (claviers, boucles magnétiques)
- Robert Aiki Aubrey Lowe (voix, synthétiseur modulaire)
- Hildur Guonadottir (violoncelle, dorophone)
- Olafur Bjorn Olafsson (percussions)
- Adam Wiltzie (guitare)
- Colin Stetson (saxophone, lyricon)
- Theatre Of Voices (ensemble vocal)
- Paul Hillier (chef de chœur)
- The City Of Prague Philharmonic Orchestr (orchestre)
- Anthony Weeden (chef d'orchestre)


1. Arrival
2. Heptapod B
3. Sapir-whorf
4. Hydraulic Lift
5. First Encounter
6. Transmutation At A Distance
7. Around-the-clock News
8. Xenolinguistics
9. Ultimatum
10. Principle Of Least Time
11. Hazmat
12. Hammers And Nails
13. Xenoanthopology
14. Non-zero-sum Game
15. Properties Of Explosive Materials
16. Escalation
17. Decyphering
18. One Of Twelve
19. Rise
20. Kangaru



             



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