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1972 Kin Ping Meh

KIN PING MEH - Kin Ping Meh (1972)
Par LE KINGBEE le 25 Mai 2018          Consultée 786 fois

Contrairement à ce que son nom suggère, KIN PING MEH nous vient de Mannheim, (Allemagne), une ville à 140 bornes de Strasbourg. Justement, cet étrange nom de scène se rapporte à "Jin Ping Mei", un livre chinois du XVIème siècle traduit en anglais sous le titre de "Branche de prunier dans un vase d’or". Du chinois pour la plupart d’entre nous, je suppose.

La pochette à mi chemin du préraphaélisme, de l'impressionnisme et du nautisme romantique avec cinq ondines, l’équivalent des naïades grecques dans la mythologie germanique, ne renseigne guère sur le répertoire. La présence centrale d’une forme ventripotente et libidineuse flottant sur une barque, sous les caresses des naïades, interroge plus qu’elle ne répond. Aucune précision concernant cette peinture ne figure sur la pochette. Un tableau qui pourrait être signé aussi bien de Rubens que de John William Waterhouse ou de Cross Henri-Edmond. On n’est pas là pour parler de peinture mais de musique.

Fondé en 1970, Kin Ping Meh commence à se produire via plusieurs concours d'amateurs que le groupe remporte haut la main. La formation décroche un petit contrat avec Polydor (pas encore racheté par Polygram, future entité d’Universal Music Group) qui dans son infinie largesse lui permet d’enregistrer un premier single. Contre toute attente, le 45 tours connaît un petit succès principalement dans le Bade-Wurtemberg. Le label, alléché sans doute par l’odeur de l’argent, propose au groupe de graver une seconde rondelle qui vient confirmer l’essai précédent.
Polydor s’empresse d’expédier le quintet derechef à Hambourg au Windrose-Dumont-Time Studios, lieu en pleine effervescence qui vient de voir passer Frumpy, Guru Guru, Gomorrah, Lucifer’s Friend. Il ne faut pas traîner, l’un des deux guitaristes s’est déjà barré. Le groupe vient de se rôder en concert en servant de première partie aux Hollies et Uriah Heep. Pour Polydor, il faut engranger, rentrer dans ses frais, rentabiliser en évitant de perdre trop d’argent avec une bande inconnue aux cheveux longs.

On ne peut que s’étonner de la part de Polydor d'avoir placé l’excellent « Fairy-Tales » en ouverture. Non pas que le titre soit mauvais, bien au contraire, mais bien trop long pour un titre inaugural avec presque 11 minutes. Toujours est-il que cet instrumental à 80% nous amène aux frontières du Prog et du Rock Psy avec une basse qui tient bien la route, une batterie efficace, deux guitares complémentaires et un synthé qui rappelle par moment DEEP PURPLE. Une bonne mise en bouche qu’il aurait été préférable de mettre au milieu de l'album. Un disque, comme un apéritif, doit se déguster tranquillement, il n’est pas conseillé de se remplir le cornet d’une énorme poignée de cacahuètes, dès le départ.
La mélodie de « Sometime » produit son effet, des chœurs viennent renforcer une impression de quiétude avec un orgue cheminant entre douceur et délicatesse.
« Too Many People » débutait bien avec une intro parsemée de quelques rires, la présence étonnante d’un harmonica, une guitare acoustique et le mellotron dans une ambiance Folk sympathique, mais le refrain chanté finit par lasser et avoir raison de notre patience. Comme son titre le laisse plus ou moins penser, « Drugson’s Trip » renvoie à un univers moins clément, avec bons riffs de guitare et un clavier qui n'est pas loin d'apporter quelques zestes de funk à l’instar de SWEET SMOKE ou SPOOKY TOOTH. Second moment de grande douceur avec « My Dove », il faut bien se mettre dans la tête qu’avec un tel titre (ma colombe) il ne pouvait guère en être autrement. Heureusement, cette douceur cotonneuse prend un peu d’envergure pendant près de 30 secondes, la colombe semblant alors se transformer en rapace prédateur, le temps de quelques battements d’ailes. Trop peu pour sauver le morceau. « Everything » contribue à durcir le ton, débouchant sur un Rock Prog plus Rock que Prog, un honnête morceau, même si le refrain chanté à plusieurs voix peut finir par gonfler en tombant dans une ambiance trop Peace & Love.
Idem avec « Don’t You Know » dont on a parfois l’impression qu’il se perd en route à force de lorgner sur Sweet Smoke. Si le titre contient de bonnes inspirations avec des bruitages de bottes et de fusillades, il n’y a pas de quoi le placer au Panthéon du Rock Prog. Cette première galette se termine sur un canevas de guitares acoustiques, porté par un orgue, des chœurs et des percussions qui débouchent sur une coloration hésitante entre latinos et baba cool guère captivante.

Ce premier disque ne sera promu que par un 45 tours édité par Zebra Records, une modeste filiale de Polydor, choix étonnant d’autant plus que le single propose les deux titres les plus faiblards dont « Too Many People » en version raccourcie, certainement pour qu’elle puisse passer aux programmes des radios allemandes.

Ce disque qui a fait, il y a des années, le bonheur de collectionneurs de Rock Prog, parfois sous prétexte de rareté, a été réédité en 1998 par Repertoire sous forme de CD. Cet éponyme a depuis connu différentes publications vinyles et CD incluant parfois divers bonus. Signalons tout de même la présence de Konrad « Conny » Plank, instigateur du mouvement Krautrock derrière les consoles, un ingénieur du son producteur qu’on retrouvera plus tard derrière KRAFTWERK, DEVO, ULTRAVOX pour ne citer que les principaux.

Un premier disque pas totalement abouti et loin de valoir les commentaires dithyrambiques de certains fans ou amateurs d’obscurités. Cet opus comportant des zestes de Folk Psy s’inscrit pleinement dans le domaine du Krautrock et permet de découvrir un groupe encore amateur à l’époque de l’enregistrement. On regrette que les deux morceaux forts soient placés en tête de gondole.

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- Werner Stephan (chant, guitare, percussions)
- Willie Wagner (guitare, chant, harmonica)
- Torsten Herzog (basse, chœurs)
- Kalle Weber (batterie, percussions)
- Frieder Schmitt (orgue, piano, mellotron, chant)


1. Fairy-tales.
2. Sometime.
3. Don't You Know.
4. Too Many People.
5. Drugson's Trip.
6. My Dove.
7. Everything.
8. My Future.



             



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