Recherche avancée       Liste groupes



      
CLASSIQUE + CONTEMPORAIN  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

2018 After Bach

Brad MEHLDAU - After Bach (2018)
Par BAKER le 19 Mai 2018          Consultée 1347 fois

Un disque peut être pris sous deux angles différents. Petit a, une collection de titres que vous vous passez à volonté en sachant ce que vous allez y trouver. Petit b, une œuvre à prendre en bloc et qui nécessite une attention certaine. Sur le papier, Brad MEHLDAU qui reprend BACH, ç'aurait pu tout à fait piocher dans le a. Ne vous y fiez pas. After Bach est un album complexe qui ne peut s'appréhender qu'en écoute suivie ou au minimum par paires. Ne vous attendez pas à des reprises jazzifiées à la Jacques Loussier, ou plus classiques mais axées sur la performance comme Glenn Gould, car vous seriez très loin du compte.

Non, le propos de MEHLDAU est ailleurs. Il prend une partition de BACH de base, la joue, puis improvise (ou semi-improvise) une œuvre originale qui part de l'idée principale du père Jean-Sébastien. Attention, de l'idée originale, pas forcément de la mélodie. C'est ainsi que, pour le "Prélude n°3" qui se voit repris presque à l'identique mais avec un feeling ternaire, vous aurez en face l'assez célèbre "Prélude et fugue n°12" qui sera totalement destructuré pour n'en garder qu'un vague passage. Pour être pleinement apprécié, le disque doit donc être impérativement écouté selon le schéma œuvre originale / restructuration.

Passons vite sur les reprises des partitions séculaires : elles n'ont rien de transcendant. Techniquement, MEHLDAU est bien sûr au-dessus de tout soupçon, le gars trimballe son BACH de poche depuis déjà un paquet d'années, mais il joue assez lourd. Seul le "Prélude n°12", plus long et plus solennel, lui permet d'exprimer plus de sentiments que de mathématiques : tout le monde sait que l'écriture de BACH est foutraquement savante, nul besoin d'insister sur ce point. Non, c'est bien sûr dans les réinterprétations qu'il peut briller. Pourtant, ça part mal : l'intro "Before Bach" est trop disparate et à la désharmonie trop systématique, gratuite. C'est au fur et à mesure du disque que le projet commence à convaincre, en montée graduelle. Le Rondo du "Prélude 3" est comme on l'a vu le plus proche de son modèle, insufflant un shuffle décalé pour finir sur une coda très structurée. "La Pastorale" force trop sur le pathétisme.

Le déclic vient au milieu de "Flux" où l'homme se permet une certaine jazzification du prélude 10, pas dans le style mais dans la grille d'accords, toujours plus poussée, avant de finir sur un riff entêtant un peu Chick Corea-esque. Ca fonctionne très bien et à partir de là, ça ne cessera de grimper. "Dream" est extraordinairement onirique, plus cauchemar que rêve. Très imagé, il pourrait narrer un escape game qui tourne au gore, à la Saw. Superbe exercice de style. L'Ostinato brille, avec un milieu éclatant (pauvre piano), un mélange mélodie / riff qui rappelle les œuvres pianistiques de Keith Emerson, des cadences effrénées, l'utilisation maligne des graves.

Enfin, après ce mode diesel enclenché et le disque tournant à plein régime, MEHLDAU se permet comme on dit le meilleur pour la fin. A-t-il vu ou entendu parler de l'excellent spectacle d'Alexandre Astier, "Que ma joie demeure" ? A croire que oui. Car une fois son maître malmené, tiré à hue et à dia, il rend hommage aux dernières années de sa vie avec une "Prière pour la guérison" très touchante, plus simple harmoniquement, apaisée, céleste. Comme si BACH avait trouvé les deux choses auxquelles il aspirait : une entité déique et la perfection harmonique absolue.

Difficile d'accès et en prime débutant mal, After Bach est un disque majeur de cette année, mais qui ne plaira pas forcément à tout le monde. Parfois complexe, à la limite de l'hermétisme, il tente le crossover entre le classique pur et la musique contemporaine audacieuse et iconoclaste. Pour peu que vous adoriez le piano et toutes ses possibilités, vous pourriez bien vous laisser charmer. En revanche, si vous n'avez jamais écouté BACH, ma foi, vous avez encore plus important à acheter, et plus vite que ça rôtjdgnuuuuuuu !

A lire aussi en MUSIQUE CONTEMPORAINE par BAKER :


John SCOTT
Screen Themes (1988)
Une compilation hors du commun.




Anne DUDLEY
Plays The Art Of Noise (2018)
Who's afraid of the art of denoising ?


Marquez et partagez





 
   BAKER

 
  N/A



- Brad Mehldau (piano)


1. Before Bach: Benediction
2. Prelude No. 3 In C# Major From The Well-tempered C
3. After Bach: Rondo
4. Prelude No. 1 In C Major From The Well-tempered Cl
5. After Bach: Pastorale
6. Prelude No. 10 In E Minor From The Well-tempered C
7. After Bach: Flux
8. Prelude And Fugue No. 12 In F Minor From The Well-
9. After Bach: Dream
10. Fugue No. 16 In G Minor From The Well-tempered Cla
11. After Bach: Ostinato
12. Prayer For Healing



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod