Elle nous aura fait peur, Sharon Den Adel. Et son retour n'est pas pour nous rassurer. Victime de burn-out, la belle Princesse du Metal s'était exilée loin des flashs des Nikon, et de son groupe WITHIN TEMPTATION. Trop gros, trop fort, trop expansif, trop populaire. Suite à des soucis personnels qui de toutes façons ne nous regardent pas, elle s'est enfermée dans la création d'un album solo. Et musicalement, elle n'a pas hésité : c'est de la pop contemporaine. De la pure, dure, de la vraie, de la tatouée.

Les influences modernes ne sont cependant pas étrangères à WITHIN : le petit dernier en date, Hydra, avait été fraîchement accueilli par certains fans ne voyant pas d'un très bon oeil cette ouverture massive à la pop electro, à la limite de la dance, voire même au rap. Des influences pourtant intéressantes si elles sont bien maîtrisées. Or ici, il ne s'agit pas de crossover entre du metal mélodique et de la pop, mais véritablement de l'electropop telle que pratiquée par SIA ou KYLIE MINOGUE. Le propos est d'ailleurs très clairement établi avec le titre d'ouverture, qui est également le single, le titre de l'album et le nom du projet : ouf ! Au moins on sait où l'on met les pieds.

Aurait-il été raté, ce single, que tout l'édifice se serait écroulé ; or, dans le genre NRJ Music Awards, il faut reconnaître que c'est le haut du panier. Le synthé du refrain est terriblement à la mode. C'est épique et accessible à la fois, et ça mériterait franchement du succès commercial et des passages sur les radios djeunz. Ca n'arrivera pas, faut pas rêver, mais ça devrait. Et pour prouver qu'elle est devenue une songwriter avec qui il faut compter, Sharon termine son premier opus avec un "Where Is My Love" dark, intense, porté par des choeurs féminins mais néanmoins virils.

Hélas, c'est entre ces deux extrémités que le projet n'arrivera pas à nous passionner. Le côté ouvertement putassier du single s'érode rapidement pour laisser place à des chansons pop trop fades ou trop génériques. On trouve toujours un grand soin dans la production, et dans quelques détails : la trompette mexicaine de "Crash And Burn", les influences celtiques Kate BUSHiennes (référence ouvertement avouée, depuis longtemps) sur "Black Velvet Sun", l'ambiance pensante et foisonnante de "Safe And Sound". Mais ça ne fait pas oublier une certaine pauvreté d'écriture.

En réalité, à force de vouloir coller au plus près à l'actualité musicale, Sharon en a instinctivement pris les plus mauvais aspects : autotune déplacé et inutile sur "Indian Summer" (BONO n'aura pas fait mieux l'année dernière), suite de 4 accords prévisibles et ennuyeux sur "Star Crossed", jusqu'à la dernière mode qui m'horripile au plus haut point : le bavardage incessant de "Lesson Learned". Laissez respirer la musique, nom d'un chien ! On le sait que vous avez une belle voix, pas la peine d'en abuser !

Car oui, évidemment, les fans ultimes de la douce batave seront aux anges côté vocalises : elle a toujours son timbre unique, sa sensualité, son insolente perfection chromatique. Du coup, un troisième titre réussit à charmer un public nombreux : "Out Of The Darkness", joli piano/voix qui aurait pu figurer sur un WITHIN, moderne ou ancien. Mais trois sur dix, ça fait peu, et malgré sa courte durée cet album est plus fonctionnel que passionnant. Il ne fera certainement pas le bonheur des gens ayant aimé la direction commerciale de The Unforgiving, car le résultat n'a rien à voir, et il ne brassera sans doute pas un large public vu que sa diffusion médiatique promet d'être confidentielle. Il s'agit, sans aucun doute possible, d'un album important pour l'artiste et dont la réalisation lui a été salvatrice. Maintenant, cette déception passée, reste la question qui fâche : quel sera l'impact de cette electropoppification sur le prochain WITHIN prévu dans quelques mois ?