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1971 Stack Waddy
1972 Bugger Off!

STACK WADDY - Bugger Off! (1972)
Par LE KINGBEE le 27 Juin 2018          Consultée 1412 fois

En préambule, on conseillera aux lecteurs de lire (ou relire) la chronique du premier disque éponyme concoctée par notre collègue Tomtom. Cela permettra à certains de se replonger dans une ambiance révolue par le biais d’une critique soignée et concise.

Au milieu des sixties, le chanteur harmoniciste John Knail et le guitariste Mick Stott jouent ensemble au sein de The Knails, petit combo basé dans la périphérie de Manchester. En 1968, Stott enchaîne au sein de New Religion en compagnie du bassiste Stuart Barham pour une aventure qui dure à peine un an. L’année suivante, Knail retombe sur son ancien pote, leurs parents vivent dans le même quartier, les deux gus décident de reformer un groupe en compagnie de Barham, il ne reste plus qu’à trouver un batteur. Ce sera Steve Revell dans un premier temps, John Groom lui succédant. STACK WADDY provenant du nom d’un personnage de bande dessinée (comics trip).
A la lecture de ces quelques lignes, on aurait tendance à penser que le groupe pourrait disposer d’une cohésion et d’une complicité supérieure à la moyenne, mais en fait la cohésion et la mise en place ne figurent en aucun cas parmi les priorités de ces quatre allumés. Eux ils ne veulent que trois choses : jouer, en découdre et enfin passer du bon temps en ne lésinant pas sur la bibine. D’ailleurs, John Knail se construira vite une solide réputation, notre bonhomme n’hésitant pas à lancer des canettes de bières dans la gueule des spectateurs mécontents ou ivres, petite manie qui lui vaudra plusieurs petits séjours en cellule.

Sorti en 1972, toujours sous la bannière de Dandelion Records, le label de John Peel, animateur de Radio London puis de la BBC, personnage quasi-visionnaire et découvreur de talents, « Bugger Off », traduisible par « Fichez le camp », dévoile une pochette atypique, un peu floue et flanquée d’une grosse bulle blanche dans laquelle sont placés le nom du groupe du disque. Rien d’exceptionnel en soit si ce n’est qu’au centre de la photo c’est le nouveau batteur qui fait office de personnage central. Un personnage qui nous tire la langue, semble taper comme un bourrin sous l’œil de Knails. De nombreux magasins de disques retireront le disque de leurs vitrines et de leurs bacs estimant le titre injurieux et déplacé, ce qui ne contribuera pas à doper les ventes.

D’entrée de jeu, Stack Waddy reprend la même recette que lors du premier disque : des reprises en nombre, de l’énergie, du groove et de la folie. Ici, on n’est pas dans un concert de musique de chambre ou dans un show où les instrumentistes pourraient déballer leur virtuosité, ici c’est du brut de chez brut, on envoie le pâté ! « Rosalyn » grand succès des PRETTY THINGS ouvre les hostilités lançant le disque sur de bons rails. On est loin de la version plus ou moins aseptisée qu’en donnera BOWIE dans « Pinups » un an plus tard. Preuve de leur culot, ils reprennent, chose rare à l’époque, du ZAPPA avec « Willie The Pimp » issu du grandissime « Hot Rats ». Leur version s’oriente plus vers celle de Juicy Lucy, autre groupe anglais, dans une version rentre dedans entre Blues et R&B évitant le tourbillon musical instauré par Zappa dans la version originale. Les inconditionnels de ZAPPA préfèreront sans aucun doute l’une des nombreuses versions de leur vedette voire celle d’Ansley Dunbar, tandis que les amateurs d’Heavy Blues se dirigeront vers cette version avec un riff d’enfer, plus courte mais privilégiant le rythme.

Les reprises liées au Blues, souvent interprétées avec fureur s’écartent des schémas traditionnels. « Hootchie Coochie Man », œuvre de Willie DIXON popularisée par Muddy WATERS, dévoile une guitare grondante et un chant complètement barré, peut-être l’une des versions les plus freak avec celles des New York Dolls et de MOTORHEAD. Entendre John Knail, barbu hirsute, chanter « I’m A Lover Not A Fighter » pourrait prêter à sourire, tant le personnage s’éloigne de l’idée qu’on se fait d’un séducteur. La voix rageuse, la guitare imperturbable et la basse bien groovy forment les composantes d’un Swamp Blues durci au maximum. Les amateurs de Blues se tourneront plus certainement sur l’original de Lazy LESTER ou à défaut celle des KINKS. Justement en parlant des KINKS, STACK WADDY nous gaufre un bon « You Really Got Me » de derrière les fagots. Si l’accompagnement paraît presque trop sage, le chant donnerait presque dans l’irrévérencieux. Autre clin d’œil aux KINKS ave « Long Tall Shorty », titre de Don Covay gravé en premier lieu par Tommy Tuckers, livré ici sous une sonorité Garage du meilleur effet. Autre reprise en provenance du registre Soul avec « It’s All Over Now », hit mineur des Valentinos de Bobby Womack popularisé par les STONES entre autres.

Le disque n’offre que trois compositions : « Several Yards » très inspiré par Bo Diddley avec un chant oscillant entre névrose et psychotique. « Meat Pies Ave Come But Band’s Not Here Yet », un boogie psyché avec une voix encore à mi chemin entre démence et perversité maniaco-dépressive. « It Ain’t Easy », non accrédité semble être une offrande de Mike Farren leader des Deviants (rien à voir avec le titre homonyme de Ron Davies repris par Three Dog Night et Bettye LaVette), alors que « Repossession Boogie », dernière compo du groupe, évoque l’univers de Canned Heat avec un harmonica hypnotique et une guitare véritable kaléidoscope psychédélique.

A l’orée des seventies, Stack Waddy diffusait probablement la sonorité la plus américaine pour un groupe issu de la Perfide Albion. Un groupe au répertoire entre Captain Beefheart, une pincée de Bo Diddley et de Muddy Waters et des zestes de Kinks, Pretty Things, de Canned Heat et de Deviants. Seule « The Girl From Ipanema » délivré ici sous forme de démo, un délire de John Knail, empêche ce disque d’accéder à la note maximum.

Cette chronique provient de l’écoute du 33 tours édité par Dandelion, la firme au logo de pissenlit. Il existe un pressage Polydor de l’album avec un titre supplémentaire. Le vinyle Dandelion se négociant actuellement entre 200 et 300 €, on conseillera aux lecteurs de se pencher sur la réédition CD publiée en 2007 par Cherry Red Records celle-ci propose en bonus cinq titres bonus issus d’une BBC Session de John Peel.

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   LE KINGBEE

 
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- John Knail (chant, harmonica)
- Mick Stott (guitare)
- Stuart Barham (basse)
- John Groom (batterie)


1. Rosalyn.
2. Willie The Pimp.
3. I'm Your Hoochie-coochie Man.
4. It's All Over Now.
5. Several Yards.
6. You Really Got Me.
7. I'm A Lover Not A Fighter.
8. Meat Pies'ave Come But Band's Not 'ere Yet.
9. It Ain't Easy.
10. Long Tall Shorty (mainly).
11. Repossession Boogie.
12. The Girl From Ipanema.



             



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