MIGOS, le rassemblement familial de QUAVO, OFFSET et TAKEOFF issus tous les trois d’Atlanta, a fait son petit bout de chemin et s’installe doucement sur la scène hip-hop. Ne voyez pas en MIGOS un rap old-school qui dénonce et qui est engagé, le groupe est clairement orienté vers des sonorités et des paroles très actuelles, qui sont maintenant définies en tant que style trap. Le groupe propose sont troisième album avec Culture II.

Habituellement je ne fonce pas tête baissée vers ce genre d’albums à la production arrachée entre milles bras et aux featurings qui ne se comptent même plus sur les doigts des mains, cependant l’ouverture d’esprit oblige, et j’en ai ressorti une bonne surprise. L’une des grosses erreurs de ce Culture II est d’être long, très long. Deux cds, 24 pistes en font un album fort complexe à ingérer et il est difficile de l’écouter d’une traite sans s’ennuyer. Cependant, force est de constater que l’on peut ressortir de vraies bonnes idées de cet album.

Culture II possédant un nombre trop important de morceaux, je vais m’efforcer d’aller à l’essentiel et ne traiter que les titres qui m’ont marqué. Droit au but, le meilleur morceau de cet album est probablement « Stir Fry ». Sélectionné comme second single de présentation de l’album, produit par celui qui transforme tout ce qu’il touche en or – j’ai nommé Pharell WILLIAMS – ce morceau est d’une efficacité énorme. La construction instrumentale en fait automatiquement une chanson-tube, qui fait mouche. La prestation des trois rappeurs est loin d’être ridicule elle aussi, mention spéciale à TAKEOFF qui assure le dernier couplet avec un impact puissant.

Impossible de passer à côté de « Narcos » et sa sonorité sud-américaine sur laquelle les rappeurs font une utilisation quasi-parfaite de l’autotune. Nous pouvons aussi nommer « Supastars » dans le même style. « Auto Pilot » s’en sort aussi efficacement, dans un style orienté très trap, qui ne plaira probablement pas à tous. « Gang Gang » se démarque par son style, plus posé et moins trap, qui nous montre les rappeurs sous une autre facette où ils revendiquent leur appartenance à un gang, à une famille. Il est difficile de passer outre le titre « Walk It Talk It » où les rappeurs nous donnent la définition du style trap qui émerge dans le hip-hop. Ce morceau est sauvé par un couplet de DRAKE qui remonte le niveau général.

Le second cd tourne principalement autour du titre qui aura fait le plus de bruit, « MotorSport ». Ici l’apparition des rappeuses NICKI MINAJ et CARDI B proposent des voix féminines dans un album très testostéroné. Cependant, contrairement à l’avis général, je trouve ce morceau assez fade. « Flooded » s’inscrit dans la teinte trap de cet album, mais on peut apprécier la prestation des trois rappeurs ici, tout comme sur « Movin’ Too Fast ». « Notice Me » profite de l’apparition de POST MALONE pour proposer une voix pop qui créé un morceau qui pourrait presque être qualifié de balade, mais on apprécie le style qui nous amène à mille lieues de la tendance générale de ce Culture II. Suivi directement de « Too Playa », un morceau à l’instrumentale plutôt originale pour un groupe qui perd en qualité à cause de ses mélodies quelques fois banales. Ici l’apparition de 2 CHAINZ fait du bien au groupe qui, après une vingtaine de morceaux, peine à convaincre.

Culture II est un album plein de testostérone, de gros muscles et de grosses bagnoles. MIGOS surfe sur la vague de trap hip-hop qui fonctionne si bien actuellement. Les trois rappeurs s’en sortent très bien d’une manière générale, cet album aurait gagné à avoir moins de morceaux, mais il n’en reste pas moins intéressant à parcourir. Bien entendu, il est à éviter si votre médecin vous a prescrit une allergie au vocodeur. Cependant les plus ouverts d’esprit y verront quelques bonnes idées.