Sur leur précédent album, les teutons de Subsignal avaient opté pour une approche très progressive et quelque peu romantique, sentiment exacerbé par une magnifique pochette. Ce coup-ci, on... ne peut pas dire que la couverture va faire vendre. Ni le titre. Schwartz ist schwartz, keine Hoffnung. Alors après avoir vanté la beauté de notre nature, Subsignal se mettrait-il au black metal nihiliste ?

Que nenni, il liste : gros synthés, tempos globalement rapides, chant exalté, beaucoup d'accords majeurs, La Muerta respire la joie de vivre. On peut dès le premier vrai titre, qui rappellera le dernier ENCHANT, classer Subsignal dans la désormais longue liste des groupes de prog ou metal qui ont succombé aux chants des sirènes synthwave et assimilées. Le groupe essaie de retrouver la force, la pêche et le volontarisme des grandes heures du pop prog des années 80. Est-ce que ça leur sied ? Y arrivent-ils sans heurts et sans vendre leur âme au diable ?

Pour être franc, pas tout à fait. L'album se laisse écouter sans trop de soucis, mais il y a une grande différence entre des titres assez fantastiques et d'autres qui n'ont pas, loin de là, la même inspiration. Passée la bonne surprise de voir un groupe plutôt sérieux se décontracter du gland à grands coups de synthés pop, la première partie de l'album déçoit : c'est bien fait, mais un peu trop lourd. Surtout, les influences néo-prog, importées puisque le groupe était habituellement plus élégant en matière de sonorités, choquent plus qu'elles ne ravissent : leur nouveau claviériste se prend trop souvent pour Clive NOLAN (écoutez l'intro de "Every Able Hand" !). Les chansons stagnent, on dirait du HAKEN sans le côté poignant et introspectif.

Mais penser qu'ils se laisseront mourir sans dignité, c'est mal connaître les Allemands, et la seconde partie d'album nous amène de surprise en enchantement. "The Passage" rappelle "Loved Ones" de CIRCUS MAXIMUS dans cet esprit de conquête et de dépassement de soi ; "As Birds on Pinions Free" déçoit à la première écoute mais sa roborativité presque mécanique conquiert le cortex. Sommet du genre, "Even Though The Stars" n'a plus rien à voir avec le genre progressif, et encore moins metal : on dirait du ERASURE. Ce qui est un compliment devant la bonne humeur en mode overdrive que distille ce titre qui mériterait une belle carrière en radio.

On en viendrait presque à regretter la chanson finale, "Some Kind Of Drowning" qui porte bien son nom. Elle est très belle, fraîche avec son chant féminin rajouté, elle se rapproche cette fois beaucoup de l'album The Beacons et... ben elle est idéale pour plomber le mariage du beau-frère qui a abimé la CX Pallas l'été dernier. Sa simple présence ici montre que le groupe, en voulant changer son fusil d'épaule, n'a pas fini sa séance de tâtonnements avant d'entamer l'enregistrement. Les meilleures chansons sont vraiment très agréables, mais il vous faudra peut-être faire preuve de patience pour les savourer. De patience et aussi d'ouverture d'esprit, mais depuis la fin de SIEGES EVEN, vous devez être assez habitué.