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The CLASH - London Calling (1979)
Par SEIJITSU le 25 Avril 2010          Consultée 12212 fois

En 30 ans, beaucoup de choses se sont passées dans notre paysage musical. De nombreuses évolutions, apparitions de genres et de sous-genres ont marqué les esprits. La copulation entre deux ou plusieurs styles de musiques est désormais monnaie courante aujourd’hui, et cette hybridation de différents genres a été désignée comme étant de la « fusion ». Un terme un peu trop passe-partout et simpliste, mais il fallait reconnaître que cette étiquette décrivait bien ces opérations de confrontations de styles souvent opposés comme le funk metal, le rap rock et j’en passe. Cette volonté de vouloir absolument décloisonner les genres fut principalement réalisée sous l’impulsion de groupes tels que les RED HOT CHILI PEPPERS, FAITH NO MORE ou encore RAGE AGAINST THE MACHINE. Un phénomène profondément attaché aux années 90 dont les puristes eurent du mal à se remettre et ils ont bien raison, car la musique fut considérablement défigurée, ou plutôt : elle changea de visage. Les limites étant désormais franchies, elles n’existent plus. Elles ne sont plus qu’un simple tracé imaginaire que n’importe quel groupe peut désormais se permettre de dépasser.
Pourtant, cette rencontre entre plusieurs styles et cultures différentes remonte à plus loin dans l’histoire, oh que oui !

Prenons la DeLorean du film « Retour vers le Futur » et revenons trente ans en arrière. Nous voilà en 1979, faisons un petit tour du contexte musical de l’époque : le bon vieux et intello rock progressif s’est pris un coup de couteau du mouvement punk juvénile et sauvageon. Le progressif n’est pas mort mais il est grièvement blessé et ne se remettra jamais de cette blessure qui s’aggravera avec l’arrivée des années 80. Le punk, insouciant comme il est, ne se rend pas compte qu’il est déjà en train de vivre ses dernières heures. Mais qu’importe, du moment qu’il puisse vivre à cent à l’heure, le risque de mourir jeune ne semble pas le préoccuper.

THE CLASH, dans un élan de lucidité, sort ce que l'on considère souvent comme son chef-d’œuvre et un des meilleurs albums rock du siècle : London Calling.
Le groupe surprend tout le monde en vendant ce double album (qui tient désormais sur un seul CD, vive les nouvelles technologies) au prix d’un simple. Cela n’est guère surprenant quand on connaît ses opinions politiques, très proches de l’extrême gauche. Mais le principal intérêt de ce disque est son éclectisme surprenant et insolent. Insolent car le groupe marie plusieurs genres de façon naturelle sans choquer l’auditeur.
Si les CLASH avaient repris un titre reggae sur leur premier méfait, le public et les critiques ne s’attendaient pas à une telle révolution de leur part.

L’exploration de la musique populaire se fait par couches successives et il ne reste que très peu de traces du punk braillard et provocateur des précédents disques de Joe Strummer et de sa bande. Les quelques rares morceaux s’en rapprochant sont le morceau éponyme, devenu l’hymne de toute une génération avec sa basse tragique et son refrain magique et fédérateur, mais aussi "Spanish Bombs" qui fait référence à la guerre civile espagnole de 1936, et "Hateful" évoquant la relation ambiguë entre un dealer et son « client ».

Le reste se partage entre un mélange étonnant et détonnant de jazz (l’incroyable section de cuivre de "The Right Profile"), de reggae ("Revolution Rock"), de pop ("Lost In The Supermarket"), de ska ("The Guns Of Brixton") ou encore de rockabilly (la reprise de Vince TAYLOR : "Brand New Cadillac"). L’hommage au rock & roll des années 50 est par ailleurs flagrant avec cette pochette renvoyant au tout premier LP d'Elvis PRESLEY montrant par la même occasion la sauvagerie du groupe sur scène.

Ce bouillon de culture n’est pourtant pas une trahison pour les fans des débuts du groupe, THE CLASH reste égal à lui-même. Le reggae et le ska sont une musique de la rue, le chant des opprimés et des révoltés selon les dires de Joe Stummer. Soit, mais pourquoi avoir injecté des mélodies pop dans la majorité des chansons ? Peut-être pour toucher un maximum de gens ?

Il est donc difficile de rattacher London Calling au mouvement punk dans de telles conditions. Néanmoins si musicalement ce disque ne s’en rapproche pas, idéologiquement il s’agit toujours du même CLASH qui hurlait à la rébellion sur leur premier album. Les paroles restent engagées à l’image du morceau "Lost In The Supermarket", qui critique la société de consommation (normal pour des gars d’extrême gauche) ou bien "The Guns Of Brixton" dénonçant les violences policières dans les quartiers populaires de Londres.

Mais j’ai l’impression de ne pas vous apprendre grand-chose, et comme pratiquement tout a été dit sur ce disque, cette chronique ne semble avoir qu’un but informatif.

Alors soyons original et faisons un petit bilan sur l’âge de cette œuvre. 30 années ont passé, certes, mais est-ce que le poids des ans affecte London Calling ? Etonnamment non, la machine semble toujours sur les rails de la modernité et cela ne peut signifier qu’une seule chose : London Calling était en avance sur son temps. Tout cela est néanmoins étrange quand on sait que ce disque fut créé pour rendre hommage et justice à la tradition du rock & roll sauvage et indomptable, dont Elvis PRESLEY fut le fondateur. Le disque atteint son objectif, mais il crée aussi une rencontre culturelle et musicale inédite à l’époque et toujours d’actualité de nos jours.

Les CLASH sont donc des précurseurs, ils sont les premiers à avoir mélangé les musiques blanches et noires sans pour autant perdre leur identité. Un joli tour de force qui justifie totalement la place qu’occupe London Calling, c'est-à-dire l'un des chefs-d’œuvre que la musique populaire du XXème siècle a engendré.

Et si cet éclectisme musical pourra paraître indigeste au premier abord et en rebutera certains, n’oubliez pas que l’habit ne fait pas le moine, car les apparences sont parfois bien trompeuses.

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   (3 chroniques)



- Joe Strummer (chant, guitare)
- Mick Jones (guitare, piano, chant)
- Paul Simonon (basse, chant)
- Topper Headon (batterie, percussions)
- Irish Horns (séction de cuivres)


1. London Calling
2. Brand New Cadillac
3. Jimmy Jazz
4. Hateful
5. Rudie Can't Fail
6. Spanish Bombs
7. The Right Profile
8. Lost In The Supermarket
9. Clampdown
10. The Guns Of Brixton
11. Wrong'en Boyo
12. Death Or Glory
13. Koka Kola
14. The Card Cheat
15. Lover's Rock
16. Four Horsemen
17. I'm Not Down
18. Revolution Rock
19. Train In Vain



             



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