Comment faire du neuf avec du vieux ? Il faut déjà se mettre d'accord sur ce qui est vieux. Si l'on prend le sticker ornant le vinyl (hors de prix, mais quand on aime...) de ce premier album, que nous annonce la maison de disques ? Un mix entre le Jerry GOLDSMITH de Gremlins et le Bernard HERRMANN de The Day The Earth Stood Still. Ben voyons, rien que ça. La vraie surprise, c'est lorsqu'on se rend vite compte qu'une partie de cette promesse est tenue. Et non, pas la partie Jerry, mais bel et bien HERRMANN, et pas qu'un peu.

Car dès l'introduction, volontairement orchestrale - et uniquement orchestrale - le maître de cérémonies s'invite en grandes pompes dans le milieu fermé des compositeurs typiques de films de S.F. Oui, il y a du HERRMANN dans ces "Opening Titles", du ELFMAN aussi, et même des bribes de Franz WAXMAN, c'est vivace, drôle, très technique, dynamique, et extrêmement bien fait. La maîtrise du sujet est telle que bien des fois au cours de ce disque, vous aurez du mal à croire qu'il ne s'agit pas d'un vrai orchestre. J'ignore ce qu'utilise Emeric Levardon (au hasard, East West Quantum Leap Gold ?) mais le son et la présence de l'orchestre sont magnifiques. Ainsi que le Theremin.

Eh oui, lui aussi est là, et il permet de faire la transition, impeccable, entre le classicisme "fin des années 50" et la synthwave puisque oui, Hollywood Burns est avant tout amateur de gros synthés à la CARPENTER et de rythmes plus ou moins discoïdes. C'est ce mélange qui fait l'intérêt de ce projet, et sa réussite, car seul ou bien accompagné, le garçon maîtrise toutes les facettes de sa difficile hybridation. Une majorité des titres sont très bien faits, dansants mais avec toujours ces maudites soucoupes volantes planant au-dessus de nous, ne s'occupant pas de savoir si la musique est sérieuse ou totalement parodique, tant que le plaisir est là.

Point d'orgue, "Scherzo n° 5" va de plus en plus loin et fort, à en devenir jouissif, et cette fois ce n'est pas "Earth" de HERRMANN qui est visé, mais bel et bien Psychose. Ah, quand on pense aux réactions des fans en découvrant Richard BAND en 1985, mais ils vont mettre la tête de Levardon au bout d'une pique ! Et c'est tant mieux : iconoclaste, le synthétiste (et guitariste, pas manchot) mélange son orchestre virtuel omniprésent avec des clins d'oeil à GOBLIN, du funk par petites doses, des envolées de violon virtuoses et rafraîchissantes, sans se soucier du qu'en dira-t-on.

Rvidemment, le style finit par s'essouffler un tantinet sur la fin. Mais dans l'ensemble, ce disque réjouit de par son identité prise à bras le corps, son humour, son savoir-faire. Laissant un poil plus de place à la guitare que d'habitude, la synthwave de Hollywood Burns est addictive, mais c'est surtout le soin extrême apporté aux orchestrations qui rend le projet attirant. Une grande bouffée d'oxygène dans un style qui est peut-être monté trop vite trop haut, et dont on attend la suite avec autant d'impatience que d'anxiété : nombreux sont les pièges pour le second album, les éviter saura-t-il ? Après tout, si la Force est avec lui... Tiens, et Star Wars en synthwave d'ailleurs, ça donnerait quoi ? Allez, chiche, un space opera disco-proto-proggo-JohnWilliams !