Avec un album qui a eu l'effet d'une bombe atomique sur la jeunesse mondiale en 2011, Wiz KHALIFA est considéré comme l'un des joyaux de notre décennie. Il fut jadis capable d'allier une écriture qui parle à un grand nombre d'auditeurs (alliant le plus souvent drogues et fiesta) et des instrumentales redoutables d'efficacité. Cependant les albums qui ont suivi Rolling Papers n'ont pas eu l'impact attendu, et le rappeur est devenu l'ombre de son succès en disparaissant étonnamment de notre sphère hip-hop. Quoi de mieux donc, que de jouer la carte de la nostalgie. Allez, on lance un Rolling Papers 2, l'effet Madeleine de Proust va directement attaquer nos neurones et on va se rappeler nos soirées déjantées du début de notre décennie.

Le titre plein de nostalgie est évocateur, le contenu va l'être aussi : ce n'est pas l'album du renouveau. Wiz KHALIFA a réussi à une époque, il veut y revenir et va nous proposer un contenu qui est difficile à ingérer d'autant plus que l'album n'a pas moins de 25 chansons. Accrochez-vous ! Il va falloir faire preuve de patience, de dévotion ou que-sais-je pour arriver jusqu'au bout de ce Rolling Papers 2.
Le rappeur nous convainc au début, et pour le coup l'effet du retour en arrière est totalement maîtrisé sur "Hot Now", morceau qui introduit l'album avec une efficacité redoutable. Incisif, doté d'un refrain qui offre une plus-value à l'ensemble, ce premier titre est sans aucun doute l'une des grosses réussites de l'album. "Ocean" peut également tirer son épingle du jeu même si le morceau se trouve dans une dimension trap, il réussi plutôt bien au rappeur, tout comme "Holyfield" qui gagne par sa courte durée. On appréciera également quelques idées comme l'invitation d'un PARTYNEXTDOOR qui a le vent en poupe en ce moment sur "Rain" qui possède une mélodie et des interprétations plutôt convaincantes. Aussi dans le lot le morceau aux deux facettes "Karate/Never Hesitate" qui est fort appréciable. Le couplet lâché sur "420 freestyle" est également un bon point, car il nous prouve la capacité du rappeur avec faire de bonnes productions avec le minimum. Ceci étant, il réussi encore mieux sur "B ok" grace à une mélodie fort sympathique et une interprétation d'un Wiz KHALIFA qui maîtrise son sujet.

Pour ce qui est du moins bon, je pense qu'on peut quasiment citer tous les morceaux en collaboration dans cet album, qui chacun à leur façon réussissent la prouesse d'être totalement oubliables et ceci dès la première écoute effectuée. Je pense particulièrement à "Blue Hunnids" où les invités sont des rappeurs méconnus de la scène de Pittsburgh qui font dans le rap-trap, mais aussi à "Penthouse" avec un Snoop DOGG qui peine à se renouveler. Quelle mauvaise idée d'inviter Gucci MANE sur "Real Rich", tant le rappeur manque de crédibilité, étant plus considéré comme un amuseur de foules qui propose des chansons sans aucun contenu autre que celui de scander qu'il est plein de thunes. Sur "Fr Fr" en duo avec Lil SKIES, le rappeur s'inspire fortement de productions telles que celles que nous ont proposés MIGOS quelques mois avant lui. Le premier single "Something New" avec Ty Dolla SIGN est lui aussi assez poussif et pas réellement mémorable.

Vous l'aurez compris, l'écoute complète de l'album d'une traite pousse à l'ennui. Ceci étant les idées sont bonnes, le rappeur propose quelques productions fort intéressantes. Quelle frustration donc que ce Rolling Papers 2 n'ait pas bénéficié de la même intelligence de construction que son grand frère. Pour l'album culte, il faudra repasser. Wiz KHALIFA prouve quand même qu'il est toujours de la partie et que les idées ne sont pas toutes à jeter. Il évite de très peu la pire note grâce à ses quelques bons morceaux.