Ça y est, on arrive au bout. Déjà deux albums de qualité sont parus, le volume trois fait office de clôture à la trilogie Confessions d'un Enfant du Siècle. Cette fois ci, ROCKIN' SQUAT se retourne vers nous sur la pochette, alors que le décor reste le même, bien que plus sombre voir apocalyptique. Un peu moins de critique sociale et gouvernementale pour se concentrer sur des textes plus personnels, ou alors un simple « je vous l'avait dit » alors que le tonnerre gronde sur Terre ? C'est ce que l'on va voir.

L'entrée en matière qu'est « Vocé Ainda Nao Oviu Nada » est parfaitement ancrée dans le thème de la trilogie. Même si Squat utilise certaines fois le PC en guise d'instrument, il montre qu'il veut retourner aux sources en utilisant des instruments originaux qui évoquent la nature et l'énergie qui en découle. La suite avec « Politiquement Incorrect » est tout simplement gigantesque, Squat rap de façon calme tout en critiquant le business, alors qu'en fond la guitare qui se balade est franchement appréciable. On a même le droit à la suite d'un des morceaux les plus connus d'ASSASSIN, « Shoota Babylone », on est gâtés bon sang ! Et quel morceau. Écoutez, tout simplement. Rien à jeter sur des titres pareils.

ROCKIN' SQUAT, au delà du dénonciateur bien connu que l'on a apprécié dans ASSASSIN, c'est un poète. Un grand poète, qui sait manier les mots, comme tout rappeur devrait savoir le faire. « Le temps est l'instant » en est le meilleur exemple. Notre rappeur sait quoi dire – eh oui, il a des choses à dire ! – et certaines phrases comme « Le temps change les gens, l'instant les rends magiques » sont magnifiques de vérité. Un titre bluffant.
Tout comme « Démocratie Fasciste Article 5 ». Tous les articles de cette suite auront donc été de grands chefs-d'oeuvre. Encore en duo avec un rappeur américain, Squat dénonce, toujours et encore, ce gouvernement qui se fou bien de notre gueule.

Pas mal de titres vont se révéler émouvants. Outre « Le temps et l'instant » cité et encensé plus haut, on trouve « Ombre de Rue » au refrain touchant et paroles pleines de vérités. On trouve aussi l'excellente « Triste Paris », reflétant sa vision de la ville lumière après des années de vie au sein de cette dernière. Plein de poésie, plein de feeling, comme on l'a rarement vu dans le rap français. Tout comme « Ils ne savent plus vivre », discours un poil trop moralisateur sur la jeunesse d'aujourd'hui soit-disant pas comme il faut. M'enfin, les arpèges de guitares qui coulent tout seuls donnent à ce morceau un côté fort agréable.

Enfin, tout se termine sur « Ce n'est que le début », titre paradoxal pour le dernier morceau d'une trilogie aussi complète. Mais Squat dit ce que l'on veut entendre : ce n'est pas fini, il reviendra, il a encore tellement de choses à dire (« J'ai encore des kilomètres de rimes, pour pondre encore 1000 hits »).
Ce dernier volume se défend honorablement dans la trilogie, plein de bons titres, il sera cependant le moins accessible pour un néophyte. C'est la conclusion d'une trilogie de qualité, pleine de ressources, d'un rappeur qui a toujours étonné, depuis ASSASSIN pour encore bien longtemps...

Morceaux préférés : « Le temps et l'instant », « Triste Paris », « Politiquement Incorrect », « Bon appétit »