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2008 Zydeco All Night

ZYDECOSIS - Zydeco All Night (2008)
Par LE KINGBEE le 18 Septembre 2018          Consultée 780 fois

L’enseigne lumineuse ornant la façade d’un club indique ce à quoi on va être confronté : du Zydeco. L’artère provenant probablement de Houma ou de Lafayette annonce la couleur, une fiesta toute la nuit, même la lune semble de la partie.
Cette pochette tranche quelque peu avec la majorité des productions louisianaises consacrées au Zydeco. Là, pas de bayou, ni de marécage dans lequel un alligator viendrait se tapir insidieusement, pas de pélican, ni de cabane sur pilotis et pas de bonhomme volubile armé d’un accordéon et accessoirement coiffé d’un stetson. Juste une enseigne lumineuse. Chassez le naturel, celui-ci revient généralement au galop. La pochette dorsale présente cinq lascars, quatre blancs et un noir portant un accordéon-piano en bandoulière, et ils ont l’air d’être de bonne humeur et même de s’en payer une bonne tranche.

Derrière le nom de ZYDECOSIS, se cache une troupe montée de toute pièce par le guitariste Steve Junot. Originaire de Houma, haut lieu du Zydeco et du Mardi Gras situé à cent bornes au Sud de la Nouvelle Orleans, ce bon Steve a joué aux côtés de Tab Benoit et de l’accordéoniste Chubby CARRIER, le rejeton du regretté Roy CARRIER, véritable légende en Louisiane. Il y a quelques années en arrière, Steve et Chubby se produisaient en compagnie d’un batteur fan du groupe KISS. Les choses auraient pu s’arrêter là, mais l’idée de reprendre des airs de Hard ou de Pop conjugués à du Zydeco allait germer dans la tête de ces deux énergumènes. Les deux musiciens associent rapidement à leur projet le bassiste Corey Duplechin, ex coéquipier de Chubby, de Tab Benoit, d’Earl Sally et de Calvin Owens. Le batteur Lupe Valdiviez, le pianiste frotteur Todd Adams (ex Roddy Romero et Wayne Toups) viennent grossir la troupe, rejoints par une poignée d’invités triés sur le volet.

Il n’est pas certain que tous les membres connaissaient les dix morceaux auxquels ils allaient se confronter, mais peu importe, pourvu que la mayonnaise prenne dans ce projet de dingue.
Il faut 15 secondes à l’auditeur basique pour reconnaître « Whole Lotta Love ». Oui, vous avez bien lu, la tuerie de LED ZEPPELIN dérivée du « You Need Loving » des SMALL FACES, lui-même pompé sur le « You Need Love », une compo de Willie DIXON créée pour Muddy WATERS. Si vous n’avez pas compris le processus de fabrication, dites-vous simplement que les Britanniques copient souvent la page de leurs cousins d’outre-Atlantique. Pour les plus jeunes, le titre d’origine sert depuis quelques temps d’emballage sonore à une publicité télé vantant un parfum. Bref, une tuerie dans laquelle le riff légendaire de Jimmy Page est remplacé ici par un accordéon dévastateur qui évite tout flonflon et tout esprit de musette. Une vrai Hard Psyché Zydeco avec washboard, guitare qui tartine et bien sûr un biniou qui envoie la sauce (piquante de préférence). Les sceptiques et les grincheux pourront me rétorquer qu’il n’y a là rien d’extraordinaire, Alpha Blondy en a fait une version Reggae, les Hayseed Dixie l’ont transformé en Newgrass sans oublier l’essai en Live du duo Amadou et Mariam épaulé de Cantat. Oui mais là, l’accordéon non content de casser les codes parvient à faire danser, à condition de pouvoir tenir un rythme si furieux.

Reprenons rapidos par le moins captivant : « Talk Dirty To Me », titre de POISON, un groupe U.S. hardos (mais de bac à sable) inconnu chez moi mais qui a eu du succès via M.T.V et des clips plein de poudre aux yeux ne paraissait guère enthousiasmant. La présente version s’avère marrante avec une transposition en two-step hyper rapide. Cela devait faire au moins trente ans que je n’avais pas écouté « Fat Bottomed Girls » de QUEEN, à vrai dire pas depuis la sortie du disque (Jazz »), le groupe de Brian May n’étant pas ma tasse de thé. Les fans de QUEEN crieront peut-être au scandale, je comprends, mais après avoir écouté les deux versions, mon cœur s’en va vers Zydecosis, l’accordéon conférant au morceau une atmosphère un brin celtique. Cela faisait encore plus longtemps que je n’avais pas écouté « Feel Like Making Love » titre figurant sur l’album « Straight Shooter » de Bad Co, à mon sens l’un des albums les moins intéressants du groupe. La version d’origine n’était guère emballante et c’est pareil ici. La guitare sonne trop aigüe, le duo chanté délivré par Steve et Chubby ne m’amuse pas et puis surtout Jeremy Billiot, un invité remplaçant de Corey Duplechin à la basse manque cruellement de groove.

Deux titres réussissent l’exploit de laisser une impression contrastée. L’écoute de « Satisfaction », oui le tube des STONES et de « Baba O’Riley » risque de s’avérer différente selon notre humeur du jour. Ancien Number One dans les classements mondiaux, « (I Can’t Get No) Satisfaction a été repris moult fois. On se souvient des reprises Soul d’Otis REDDING et d’Aretha FRANKLIN, des BLUE CHEER en Garage Psyché, Junior WELLS en Blues et de l’essai déjanté de DEVO. Chez nous Eddy MITCHELL en délivra une adaptation très correcte avec « Rien Qu’un Seul Mot » avec Jimmy Page à la guitare. Si le tube a été victime de pas mal de purges (Diana ROSS, Samantha FOX, Britney Spears), le tempo du titre rentré dans l’inconscient collectif pouvait se prêter à un peu plus de folie et ZYDECOSIS nous en délivre une interprétation trop sage, malgré un décalage d’un demi ton niveau octave. Avant de tomber dans la besace des Experts, « Baba O’ Riley » (« Who’s Next » des WHO) devait intégrer un Opéra Rock qui ne vit jamais le jour. La complexité du passage de synthétiseur et du solo de violon dans le final a probablement empêché pas mal de groupes de saccager ce chef d’œuvre à qui mieux mieux. Waylon Thibodeaux, l’un des meilleurs fiddler cajuns, vient poser sa pâte en contrepoint de l’accordéon. Mais pour un peu, on a l’impression que la formation se montre trop respectueuse, le rythme ne prenant de l’envergure qu'avec l’apparition du violon en fin de titre.

Terminons par les grosses et bonnes surprises (outre le titre d’ouverture). Premier carton de CHEAP TRICK, « I Want You To Want Me », titre plein d’humour ne sera que rarement repris. Les Holmes Brothers le transformeront en une ballade sudiste extra lente, Dwight YOAKAM en Country Alternative, Mylene FARMER en ballade americana pas si mauvaise que ça et Chris ISAAK en un salmigondis inécoutable. Hormis l’accordéon qui vient remplacer la guitare de Rick Nielsen, le tempo reste sur des bases identiques pour ce morceau capté en Live, idéal pour les amateurs de dance floors. En 1967, Les Soul Brothers Six de John Ellison mettaient en boîte « Some Kind Of Wonderful » pour la firme Atlantic, un titre qui aurait dû monter sur les plus hautes marches des hit-parades avec un tant soit peu de promotion. Sept ans plus tard, les GRAND FUNK RAILROAD rendront justice en le faisant grimper à la 3ème place des charts. C’est de cette version plus Rock que s’inspire le groupe, avec une basse bien groovy, une excellente guitare rythmique, un accordéon qui passe au second plan au profit d’un frottoir qui ne lâche à aucun moment la patate.
S’il fallait citer un pionnier du mouvement Heavy Metal, il est probable que BLACK SABBATH serait cité une fois sur trois. Les Louisianais réadaptent à leur sauce « Paranoid ». Cette fois, le morceau subit un paquet d’arrangements avec un nouveau bassiste plus funky et un bref passage de piano Jazz. Aussi surprenant que réussi. Dernier morceau avec le « Walk This Way » d’AEROSMITH, repris par les rappeurs de RUN-DMC pour une version qui contribuera à ressortir des oubliettes la bande de Steven Tyler. Ce Hard Rock graisseux connaitra des tentatives parfois étonnantes : Cornbread Red et Hayseed Dixie en proposeront des versions Bluegrass ébouriffantes, sans oublier l’essai complètement barré du duo alternatif français Brigitte. Encore une fois le groupe étonne avec son intro au frottoir, une batterie avec double kick de grosse caisse, des envolées d’accordéon qui seraient capables de faire danser un sac de ciment.

Si le concept n’est pas nouveau, il fallait être sacrément gonflé pour reprendre à la sauce Zydeco Black Sabbath et Led Zep, mais rien ne semblait pouvoir arrêter Zydecosis. On regrette juste que Chubby Carrier n’intervienne au chant sur aucun titre. Une auto production qui vaut largement les daubes de masse que veulent nous faire ingurgiter de grosses boîtes de prod. ayant pignon sur rue.

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- Steve Junot (chant, guitare)
- Chubby Carrier (accordéon)
- Corey Duplechin (basse 1-3-4-5-6-7-9)
- Jeremy Billiot (basse 2-10)
- Tony Hall (basse 8)
- Lupe Valdiviez (batterie)
- Todd Adams (piano, washboard)
- Waylon Thibodeaux (fiddle 6)


1. Whole Lotta Love.
2. Talk Dirty To Me.
3. Walk This Way.
4. Satisfaction.
5. Fat Bottomed Girls.
6. Baba 0'riley.
7. I Want You To Want Me.
8. Paranoid.
9. Some Kind Of Wonderful.
10. Feel Like Making Love.



             



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