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1970 Burning Plague

BURNING PLAGUE - Burning Plague (1970)
Par LE KINGBEE le 19 Septembre 2018          Consultée 1285 fois

Si on vous dit 1970 et la Belgique, que répondez-vous ? Notre collègue Arp 2600 serait probablement plus à même que moi de vous parler du Plat Pays. Mais si vous croyez que la Belgique ne se résume qu’à Sœur Sourire, ADAMO, Lara FABIAN, les Wallace Collection ou PLASTIC BERTRAND, nos amis belges vous rétorqueront qu’ils ont également ARNO, BREL, Julos Beaucarne, Toots Thielemans.
Le registre moins connu du Blues belge a engendré Elmore D et feux Last Call et The Buttnaked. Le pays dispose aussi de nombreuses salles de concerts programmant du Blues qui affichent complet du lundi au dimanche et d’un public de connaisseurs qui ne se contente pas de boire une pinte ou de se goinfrer d’une barquette de frites. Le Belgique est un pays qui bouge et qui n’a certainement rien à envier en matière de musique.

Replongeons-nous en 1970 et regardons ce que nos radios nous passaient à longueur de journée : « Laisse moi t’aimer » (Mike BRANT), « Jésus Christ » (HALLYDAY), « L’Amérique » (Joe DASSIN). Pas de quoi fanfaronner !

En 1970, la Belgique voit naître BURNING PLAGUE, (traduisible par Peste Ardente ou brûlante). Un an plus tôt, le guitariste Michael Heslop se retrouve tout seul, une fois partis ses anciens partenaires de Four Of A Kind pour fonder Kleptomania sans lui. Désireux de monter un nouveau groupe, Heslop est rejoint par le pianiste guitariste Alex Capelle et le bassiste Roger Calier, deux débutants sans la moindre expérience. Le trio devient quatuor avec l’arrivée du batteur Willy Stassen en provenance des Mockinbirds. Le groupe se produit brièvement sous le nom peu porteur de Worn To The Bone (Usé jusqu’à la moelle) avant de devenir Burning Plague. Le groupe se fait les dents dans toutes les petites salles wallonnes du pays avant de devenir l’orchestre attitré du Puzzle, un club bruxellois. En août 1970, les Belges servent de première partie à BLACK SABBATH et aux KINKS au Festival de Bilzen.

Après avoir essuyé les refus de nombreuses maisons de disques, la formation parvient à enregistré pour CBS un premier disque éponyme qui paraît dans les bacs des disquaires en novembre. Enregistré au studio La Madeleine à Bruxelles et mixé à Antwerp, l'album est produit grâce au financement de Raza Productions, une modeste maison d’édition locale. Le visuel avec un mégot et une allumette brulée sur fond bleu ne renseigne absolument pas sur le contenu mais le disque intègre par miracle les classements belges en avril 1971 dans la catégorie album.
Le groupe effectue en compagnie de Kleptomania une harassante tournée au Zaïre et décroche à son retour une excellente proposition de contrat avec la CBS. Mais Alex Capelle n’étant plus intéressé par le Blues décide brutalement de quitter le groupe afin de se tourner vers le répertoire indien. Ce départ met fin aux espérances du groupe qui splitte aussitôt.

En 1973, Michael Heslop rejoint brièvement Doctor Downtrip, une formation de Hard Rock, avant d’embrasser une riche carrière de publicitaire. Willy Stassen se lance avec succès dans la photographie, devenant directeur de la photographie pour des films avec Delon et Depardieu. Reformé en 1992, le groupe enregistre un album en 1994 suivi d’un Live en 1998, avant de disparaître une nouvelle fois au fin fond des abysses. En 2014, sous forme de trio, le groupe resurgit tel un diable du fond de sa boîte et enregistre un E.P. 4 titres reprenant notamment deux morceaux du premier disque.

Si vous écoutez sur une plate-forme quelconque des extraits ou le disque complet, vous vous demanderez avec justesse pourquoi votre humble serviteur est venu vous gonfler avec ses histoires belges. En effet, rien ne laisse supposer que Burning Plate provient de Belgique. Le répertoire et l’interprétation font illico penser aux groupes de British Blues ou à certaines formations allemandes et scandinaves post seventies. N’ayons pas peur des mots, ce disque rivalise pleinement avec bon nombre de productions américaines du début 70. Seule différence, les belges évitent toute plongée dans le Blues Psyché ou le Blues Rock, deux registres issus du Summer of Love.

D’entrée de jeux, « A 38 » reste évocateur de Peter GREEN, des Chicken Shacks avec une rythmique tournant vers le Boogie dans le genre des premiers Quo. « She Went Riding » se révèle un superbe slow blues de près de 8 minutes au groove imparable, chacun des membres n’ayant de cesse de placer ses équipiers dans les meilleures conditions. Un titre dans lequel la guitare fait des étincelles, à contrario de certains guitaristes qui finissent invariablement par se perdre en route à force de puiser dans la technicité au détriment de l’émotion.
« Follow That Road » marque une petite rupture avec sa guitare acoustique et son passage de slide et un harmonica sur un air à mi chemin de Hill Country Blues et de Delta, rappelant le duo Sonny Terry/Brownie McGhee. La section rythmique imprime un bon groove des familles sur « Hairy Sea », un autre blues lent qui pourrait facilement s’insérer dans un album de TEN YEARS AFTER ou de HOT TUNA en moins bavard. Le tempo s’intensifie avec « Night Travellin’ Man », le groupe se tournant résolument vers un boogie rageur dans le plus pur style de Blown ou CANNED HEAT.
Retour au blues lent graisseux et groovy avec « First Time I Met You » qui sonnerait presque West Side si la voix ne sonnait pas aussi jeune et aussi blanche. Si la partie de piano pourrait faire penser à du Otis Spann pur jus, la guitare de Michael Heslop nous renvoie carrément à Magic Sam ou Otis Rush. Le rythme devient plus lourd et menaçant avec « Life Is Nonsense » dans lequel les baguettes essaient de prendre les commandes sur un fond d’Heavy Blues moins mélodique. C’est un déluge de guitare qui marque le début de « Will I Find Somebody » qui tournicote entre Blues Psyché, Boogie Hard plus porté sur l’esbroufe et le bruit que sur le feeling et la sensibilité.

La plupart des amateurs découvrant ce disque vous citeraient probablement de grands noms issus des scènes Blues anglaise, allemande, nordique ou américaine, si on leur demandait de qui il s’agit. Quel dommage que les deux derniers titres du disque proposent une telle effusion sonore nettement moins harmonieuse !
Toujours est-il qu’en 1970, la Belgique pouvait se targuer d’avoir dans ses rangs BURNING PLAGUE, alors que nous autres nous coltinions « J’habite En France » (SARDOU) ou Adieu Jolie Candy » (Jean François Michael) et sans portion de frites ni bière pour faire passer la pilule.

Ce disque a fait l’objet d’une réédition CD et vinyle en 2015 via le label allemand Pseudonym Records. Le CD est agrémenté d’un bonus datant de 2014, un modeste shuffle. Sans ses deux derniers titres trop proches du chambard, cet album aurait pu se payer un petit 4.

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   LE KINGBEE

 
  N/A



- Michael Heslop (guitare, chant)
- Alex Capelle (guitare, piano)
- Roger Calier (basse)
- Willy Stassen (batterie, harmonica)


1. A 38.
2. She Went Riding.
3. Follow That Road.
4. Hairy Sea.
5. Night Travellin' Man.
6. First Time I Met You.
7. Life Is A Nonsense.
8. Will I Find Somebody.



             



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