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Max BRUCH - Fantaisie Ecossaise - Opus 46 (1880)
Par JULLIAN le 14 Septembre 2018          Consultée 1873 fois

Max BRUCH fait partie de ces compositeurs romantiques dont le nom n’atteindra jamais la notoriété d’un BRAHMS ou d’un MENDELSSOHN. Voilà, c’est dit.

Justifié, me dites-vous? Au vu du catalogue proposé par ces deux derniers, on pourrait légitimement l’affirmer. Néanmoins, il serait criminel de mettre sous silence l’apport de BRUCH au répertoire romantique allemand car, outre la référence absolue que représente son premier concerto pour violon (Op. 26), il signa également ce petit bijou qu’est l’Op. 46, appelé “Fantaisie Écossaise”.

Oeuvre en quatre mouvements pour violon et orchestre, elle fut composée en 1880 en l’honneur du violoniste virtuose Pablo de Sarasate. Bien que le premier concerto lui fît irrémédiablement (et injustement) de l’ombre pendant de longues années, elle connut un regain de popularité considérable grâce à l’enregistrement de 1947 réalisé par le violoniste russe Jascha Heifetz.

Son surnom d’«Écossaise» n’a rien d’anodin: BRUCH s’inspira principalement de mélodies du folklore traditionnel de ce pays pour composer son oeuvre. Il n’est d’ailleurs pas le premier à s’y aventurer. Cent ans plus tôt, Haydn lui-même réarrangea avec succès de nombreuses chansons inspirées du folklore nordique. Cette particularité se ressent notamment par l’utilisation de la harpe en accompagnement principal du violon, instrument alors associé aux ballades anciennes venant des Îles britanniques.

Grâce à sa lente introduction en mode mineur, BRUCH dépeint au début du premier mouvement un tableau à la fois crépusculaire et mystérieux, soutenu par un récitatif plaintif du violon. Néanmoins, les nuages se dissipent graduellement avec l’arrivée du mode majeur, annonciateur d’un premier thème mémorable vers la moitié de l’Adagio Cantabile : c’est en prenant pour source le fameux “Through the Wood Laddie” que BRUCH nous invite à l’aventure avec cette mélodie pleine d’espoir. Il est d’ailleurs fort à parier que les amateurs d’un certain Howard SHORE y trouveront leur compte, vu le caractère épique ici insufflé (1). Comparaison douteuse, certes, mais assumée. Après tout, l’essentiel est de vous donner envie de l’écouter.

Vient ensuite l’Allegro, véritable contraste au mouvement précédent où BRUCH utilise “The Dusty Miller” dans le but de nous entraîner dans une danse folle et enjouée. Ce n’est qu’à la fin du mouvement que le rythme s’apaise afin de laisser place à une ingénieuse réutilisation du premier thème en guise de transition pour le troisième mouvement, l’Andante Sostenuto. Plus lent, c’est sur “I'm a' Doun for Lack o' Johnnie” que celui-ci construit ses thèmes. Probablement moins direct que ses deux prédécesseurs, il faudra sans nul doute davantage de temps à l’auditeur pour en assimiler toutes les subtilités.


C’est avec “Scots, Wha Hae” que BRUCH termine son oeuvre. Il s’agit de la plus ancienne des chansons utilisées pour cette fantaisie puisque celle-ci trouve son origine au Moyen Âge. Le compositeur en fait la base de son quatrième et dernier mouvement, l’Allegro Guerriero, final haletant où la virtuosité du violoniste est mise à rude épreuve. On note cette conclusion brillante dans laquelle s'insère subtilement une réminiscence du premier thème juste avant le grand “boom” final : une ultime reprise du “Scots, Wha Hae” en fortissimo qui clôture l’œuvre en fanfare. Extinction des feux. L’aventure touche à sa fin.

Un vaste panel de violonistes réputés se sont attelés à l’oeuvre: Heifetz chez RCA reste une référence, ou encore Perlman chez EMI. Cependant, c’est du côté féminin que l’on se tournera avec l’interprétation pleine de grâce faite par la Coréenne Kyung Wha Chung chez Decca en 1972. Elle donne à l’oeuvre une douceur exquise, en diminuant légèrement le tempo là où Heifetz, lui, semble précipiter les choses. Les goûts et les couleurs me direz vous.
Dans le genre “ça fout des frissons”, le premier thème de cette “Fantaisie Ecossaise” atteint un sommet et justifie à lui seul l’écoute de cette oeuvre. Un sommet qui ferait presque de l’ombre au reste mais qu’importe, le voyage est inoubliable.

Note réelle : 4.5/5

(1): Howard Shore, compositeur pour la célébrissime trilogie cinématographique du “Seigneur des Anneaux”, adaptation de Peter Jackson, et compositeur attitré des films de David Cronenberg.

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   JULLIAN

 
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- Kyung Wha Chung (violon)
- Rudolf Kempe (direction)
- Royal Philharmonic Orchestra


1. Introduction; Grave, Adagio Cantabile
2. Scherzo; Allegro
3. Andante Sostenuto
4. Finale; Allegro Guerriero



             



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