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1853 Symphonie N°1

Camille SAINT-SAËNS - Symphonie N°1 (1853)
Par JULLIAN le 6 Février 2019          Consultée 945 fois

Quoiqu’en dise la légende, la France a produit son lot de symphonistes : César FRANCK, Alberich MAGNARD, Vincent d’INDY et surtout BERLIOZ pour autant que l’on accepte de classer les cultissimes “Symphonie Fantastique” et “Harold en Italie” dans cette catégorie. Passé ce dernier, l’histoire n’aura pourtant retenu que peu de Français dans cette catégorie. Il en est pourtant un, vénéré de son vivant bien qu’outrageusement négligé de nos jours, qui donna à cette forme orchestrale quelques-unes de ses plus belles pages : Camille SAINT-SAËNS. Jeune surdoué, c’est à quinze ans que le jeune Camille compose sa première symphonie. En dépit du succès populaire dont jouit toujours la No.3 dite de ”l’Orgue, ses autres tentatives ne connaissent manifestement pas la même fortune. Justifié? On ouvre les oreilles, et on revient à la ligne.

Bien qu’elle en porte la numérotation, la symphonie No. 1 est loin d’être une première puisqu’il s’agit du troisième fait d’armes du compositeur. En surface, celle-ci ne ressemble ni plus ni moins qu’à une symphonie classique : les sempiternels quatre mouvements pour une trentaine de minutes, ce n’est pas papa HAYDN qui s’y perdrait. Cependant, l’intérêt est bien vite éveillé dès le premier mouvement. Ceux qui ont déjà posé une oreille sur une symphonie de BEETHOVEEN, SCHUMANN ou MENDELSSOHN naviguent en terrain connu. Sans atteindre les sphères de ces derniers (vraiment?), le compositeur fait déjà douter son auditeur grâce au développement habile de ses thèmes et une orchestration fournie. S’agit-il vraiment d’une oeuvre de jeunesse?

Il ne faut pas moins de deux mesures au deuxième mouvement afin de retrouver cette grâce si française. Cette légèreté dansante, proche cousine du bal de la symphonie Fantastique qui rend notre répertoire national romantique et post-romantique si envié. Les flûtes et les hautbois s’entremêlent, se séparent et se répondent dans cette Marche-Scherzo d’une élégance rare. Il s’avère difficile d’imaginer une marche moins agressive : le thème est ici davantage pastoral que militaire.

Le troisième mouvement abrite l’une des musiques les plus délicates du compositeur. Au-dessus d’une fine nappe de cordes, s’élève peu à peu la clarinette soliste qui porte la mélodie jusqu’à l’arrivée des premiers violons en reprise. Les flûtes, le cor anglais et surtout la prédominance de la harpe permettent à SAINT-SAËNS des développements inventifs dignes de son maître BERLIOZ. Une magie palpable se déverse tout au long du mouvement, musique angélique d’une évidence absolue dans laquelle chacun ira de sa propre imagination afin d’en dépeindre le tableau. Comme dirait Antonio SALIERI dans AMADEUS de Milos FORMAN (1984) : “This was no composition made by a performing monkey”*.

Ah, MENDELSSOHN, te voilà. BEETHOVEEN peut-être? À l’instar de la 5ème symphonie de ce dernier, la transition entre le troisième et le dernier mouvement s’effectue sans pause. Légère turbulence et première zone d’ombre au sein de ce sans-faute, car l’artifice ne semble pas des plus naturels. Coquille vite oubliée durant ce glorieux final à l’influence germanique où fanfare est de mise: SAINT SAENS développe un thème certes conventionnel mais lumineux où les saxhorns, les cuivres et pas moins de quatre harpes apportent une conclusion toute en exubérance dans la tonalité de Mi Bémol Majeur.

Oeuvre sous estimée et outrageusement négligée, il n’est pas surprenant que celle-ci n’ait pas été la priorité des éditeurs. Néanmoins, le français Jean Martinon et l’orchestre National de l’O.R.T.F ont conduit plusieurs enregistrements exceptionnels de l’intégralité des symphonies de SAINT-SAËNS chez le label EMI. Plus récemment, c’est chez NAXOS que celles-ci ont revu le jour sous la main de Marc SOUSTROT et l’orchestre national de Malmö. Concernant la symphonie No.1, les deux interprétations se valent. Léger avantage à Martinon grâce à un troisième mouvement au tempo légèrement plus relevé, moins poussif. D’aucuns pourraient se demander ce que des interprétations de Charles MUNCH avec le Boston Symphony Orchestra durant l’âge d’or de RCA auraient donné, et avec raison.

Alors, que peut on réellement reprocher à une oeuvre de jeunesse d’un tel niveau? Un certain conventionnalisme? Peut-être. Du déjà vu? Un peu. Selon la légende pourtant, GOUNOD et BERLIOZ eux- mêmes s’y seraient trompés : lorsque la première eut lieu en Décembre 1853 sans que le nom de l’auteur y soit dévoilé, ces deux derniers présents dans l’audience accueillirent la symphonie avec un enthousiasme non feint. C’est en apprenant l’identité réelle de l’auteur qu’ils furent pris d’étonnement : il s’agit du jeune Camille. Au risque de conclure par une déclaration bancale, excessivement subjective mais néanmoins assumée, rappelons tout de même qu’en 1853, il ne fallait qu’un gamin de dix-sept ans pour écrire une telle partition. Que nous est-il arrivé?

4/5


* "Il ne s'agit en rien d'une composition faite par un singe de foire"

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   JULLIAN

 
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- - Jean Martinon (direction)
- - Orchestre National De L’o.r.t.f


1. Adagio – Allegro
2. Marche – Scherzo : Allegro Scherzando
3. Adagio
4. Finale Allegro Maestoso



             



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