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1989 South Side Lady

KOKO TAYLOR - South Side Lady (1989)
Par LE KINGBEE le 8 Octobre 2018          Consultée 1133 fois

Sorti une première en 1973 sous forme d’un 33-tours, on doit « South Side Lady » au label français Black & Blue, petite maison de disque ayant contribué à faire connaître bon nombre d’artistes afro-américains totalement inconnus de nos cambuses et encore plus de nos radios et télévisions.

Cora Anna Walton voit le jour en septembre 1928 dans une fermette située dans les environs de Memphis. Elle s’intéresse très tôt à la musique. Quand elle ne chante pas dans la chorale de sa paroisse, elle fait ses gammes à la maison en compagnie de ses cinq frères et sœurs. Issue d’une famille de pauvres mais heureux métayers, celle qu’on surnomme Cocoa pour son amour du chocolat, écoute les programmes de la WDIA, radio animée par B.B. KING.
En 1952, Cora devenue Madame Taylor décide de gagner Chicago. Elle décroche un emploi de femme de ménage, tandis que son mari Robert « Pops » Taylor, un ancien camionneur, bosse dans une usine d’emballage. Le soir, le couple fait la visite des grands ducs, visitant les nombreux clubs de Blues de la ville. Encouragée par Pops, Cora sert souvent de chanteuse invitée aux divers groupes locaux. La qualité de son chant ne pouvait échapper à l’oreille mélodieuse de Willie DIXON. Contrebassiste, compositeur, producteur, arrangeur de génie, Dixon la prend sous son aile et lui permet de décrocher un contrat avec Chess Records, label pour lequel elle enregistre dix singles sous le nom de Koko TAYLOR. Elle connaît son plus gros succès en 1966 avec « Wand Dang Doodle », mais c’est en 1967 que l’Europe la découvre via une tournée de l’A.F.B.F. (American Folk Blues Festival). En moins d’une décennie, la chanteuse devient l’une des meilleures prêtresses du Chicago Blues.

Profitant de la venue de la chanteuse dans le cadre d’une tournée du Chicago Blues Festival, le label français profite de l’occasion pour enregistrer Koko Taylor avec l’un des meilleurs quintets du moment. Sans directive particulière, ne disposant d’aucune injonction tant au niveau des titres que de la production, ce sont bien souvent sous la bannière du petit label français que de nombreux bluesmen et jazzmen enregistrent leurs meilleurs disques, preuve s'il en est que la liberté et l’émotion n’ont pas de prix.

Publié en 1974 avec 9 titres enregistrés à Toulouse au studio Condorcet le 13 décembre, le disque se voit réédité sous format CD agrémenté d’un 10ème morceau issu de la même session et de 5 autres titres enregistrés au début décembre au Casimir Hall d’Amstelveen, dans la banlieue d’Amsterdam. Dès la première écoute, on se rend compte qu’on a affaire à une équipe bien rodée. La chanteuse est en tournée avec son équipe depuis plus d’un mois, ce qui crée des automatismes et une forte cohésion.
La chanteuse bénéficie ici d’accompagnateurs triés sur le volet et avec lesquels elle se produit sur les scènes des festivals et des clubs américains. On retrouve ici l’un des meilleurs orchestres de Chicago, celui qui a accompagné Junior Well puis Little Walter et bon nombre de sessions pour la firme Chess avec le batteur Fred Below (ex Chuck BERRY, HOWLIN’ WOLF, Bo DIDDLEY, Buddy GUY ou Elmore JAMES) les frères Myers avec Dave à la basse et Louis à la guitare (ex John Lee HOOKER, Charlie Musselwhite, Earl HOCKER), le délicat et sobre Jimmy Rogers, l’un des concepteurs du Chicago Blues, et enfin du pianiste Willie Mabon, résidant à Paris à cette période.

Koko TAYLOR et ses cinq musiciens sont placés dans les meilleures conditions en enregistrant au studio Condorcet dans une salle pouvant accueillir jusqu’à vingt musiciens. La chanteuse glisse ici deux de ses compositions et peut reprendre à loisir un répertoire groupant standards et inusités. Quoi de mieux que « I’m a Little Mixed up » pour ouvrir les hostilités ? Hit mineur de Betty James, une choriste du label Chess qui resta étrangement au fond d’un placard, cet excellent Rockin’ Blues prend son envolée via la voix puissante de la chanteuse. La batterie hyper souple et les deux guitares qui s’entrelacent proposent un accompagnement aux petits oignons plaçant la chanteuse sur orbite. Histoire de laisser retomber la vapeur, elle modère le tempo avec « Wonder Why », un inusité attribué à Lilian Offitt, mais œuvre probable de B.B. KING popularisée par Freddie KING et Jimmy DAWKINS. Encore une fois, on apprécie la complémentarité entre les deux guitares. Si Koko TAYLOR avait une voix puissante, elle savait aussi se montrer sarcastique comme en atteste « What Kind Of Man Is This ? » dans laquelle elle s’étonne du peu de qualité d’un homme, un témoignage de ses convictions féministes. Sur « Black Nights » les deux guitares et le piano diffusent une tonalité sombre que la chanteuse ne vient jamais égayer, mais quoi de plus logique avec un tel titre ? Si ce morceau de Lowell Fulson a connu de rares reprises, il est rare qu’il soit repris par la gente féminine.
Elle reprend trois chansons de son mentor, Willie Dixon : « Love Me To Death » plus ténébreux que la future reprise du trio Saffire de la guitariste Gaye Adegbalala, « I Got What It Takes » figurant dan son premier single Checker et dont l’intensité dramatique monte crescendo. Dernier clin d’œil à Dixon avec « Twenty Nine Ways » tiré d’un single Checker de Dixon en personne. Le titre apparaît dans le premier album Chess et est repris sous différents tempos avec plus ou moins de réussite par Big Joe TURNER, Dr FEELGOOD, Tab Benoit jusqu’à Jim Belushi. Encore une fois, la symbiose entre les accompagnateurs frappe les esprits, du travail cousu main sur lequel Koko TAYLOR n’a plus qu’à poser sa voix. « I Love a Lover Like You » se distingue des titres précédents, Louis Myers y officiant à l’harmonica, instrument dont il apprit les rudiments auprès de Little Walter qu’il remplaçait lorsque ce dernier était trop saoul pour jouer. Ce dernier titre ne figurait pas dans le vinyle d’origine.

Cette réédition offre donc cinq titres en public captés lors d’un passage en Hollande deux semaines avant la session toulousaine. Koko TAYLOR reprend trois morceaux du dessus (« Wonder Why », « Twenty Nine Ways » et « I Got What It Takes »). La chanteuse n’hésite pas à impliquer l’assistance en présentant les morceaux et plaisantant avec le public en toute décontraction. La puissance du chant resplendit sur « Wang Dang Doodle » dans une version plus épurée et Jazzy que l’originale gravée en décembre 1965 avec un batteur du nom de Fred Below, preuve qu'à Chicago le monde est aussi petit qu’ailleurs. Ce standard, monté en son temps sur la 4ème marche des classements R&B début 66, fait l’objet de nombreuses reprises. Si Love Sculpture, trio gallois de Dave Edmunds, Savoy Brown et les Pointers Sisters accommodent la chanson à leur sauce, les différentes versions de Koko TAYLOR n’ont jamais été égalées. Toujours est-il qu’il semble remporter l’adhésion du public hollandais avec son refrain imparable: «… We’re gonna pitch a wang dang doddle all night long … ». Enfin dernier titre avec « I Got my Mojo Working », dans lequel la chanteuse invite son partenaire à utiliser quelques remèdes aphrodisiaques. Cette version incorpore les textes de Muddy WATERS et non ceux de Preston Foster chantés pour la première fois par Ann Cole. On aurait aimé que le groupe s’investisse davantage en apportant plus de folie, la chanson ne demandant qu’à partir en vrille, surtout avec l’aide d’un tel public.

Koko TAYLOR entame dès l’année suivante une longue et fructueuse collaboration avec le label Alligator. Si ses futurs disques sont salués par la critique internationale, on regrette qu’une production ampoulée et une sonorité lorgnant de plus en plus sur un Chicago Blues Hardos viennent enrober les disques de la Queen of Chicago. Si le label Black & Blues a contribué à la reconnaissance du Blues en France et en Europe en parvenant à sauver de l’oubli des musiciens ignorés de leur propre contrée, n’oublions pas que c’est par le biais de ces nombreuses sessions organisées par le label que certains bluesmen signent bien souvent leurs meilleurs enregistrements. Le meilleur disque de cette chanteuse puissante capable de foudroyants coups de gorge. Koko TAYLOR a rejoint le paradis des chanteuses de Blues en 2009.

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   LE KINGBEE

 
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- Koko Taylor (chant)
- Jimmy Rogers (guitare)
- Louis Myers (guitare, harmonica 10)
- Dave Myers (basse)
- Fred Below (batterie)
- Willie Mabon (piano)


1. I'm A Little Mixed Up
2. Wonder Why
3. What Kind Of Man Is This ?
4. Black Nights 3:58
5. Love Me To Death
6. I Got What It Takes
7. Big Boss Man 4:58
8. I'm Gonna Get Lucky
9. Twenty Nine Ways
10. I Love A Lover Like You
11. Wonder Why Ii
12. Wang Dang Doodle
13. I Got What It Takes
14. Twenty Nine Ways
15. I Got My Mojo Working



             



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