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John SURMAN - Rarum: Selected Recordings (ecm) (2004)
Par MARCO STIVELL le 7 Mars 2011          Consultée 4699 fois

On se plaint souvent des compilations, à cause des best-of et greatest hits. Appréciées surtout par ceux qui ne tiennent pas à écouter des discographies entières, conchiées par ceux qui au contraire préfèrent se diriger vers les albums originaux, il est parfois difficile de trouver le juste milieu. On oublie cependant les compilations basiques, celles qui ne cherchent pas forcément à retenir le meilleur d'un artiste, mais tentent de permettre un tour d'horizon d'une carrière par des morceaux de choix et diversifiés. C'est ce qu'a voulu faire en 2004 la maison de disques ECM, spécialisée dans le jazz (elle a fait de même pour Carla Bley, Jack DeJohnette, Keith Jarrett, Dave Holland et bien d'autres grands) avec monsieur John SURMAN. Chose qu'il explique dans la préface du disque par le biais d'une conversation délirante entre amis au bar, une bière à la main.

Difficile de connaître ce nom lorsque l'on n'est pas initié au jazz. Pas aussi connu qu'un Charlie Parker, pas aussi adulé que John Coltrane, John SURMAN reste néanmoins un grand nom du saxophone jazz, maître du baryton et du soprano, soit parmi les instruments de cette famille les plus courants, le plus grave et le plus aigü. Et s'il n'y avait que ça... SURMAN est aussi fin connaisseur de la clarinette basse, joue à loisir d'un peu de flûte à bec et de synthétiseur. Depuis le milieu des années 60, il a évolué dans diverses expériences, en groupe qu'il dirige ou alors souvent invité sur des disques d'autres artistes comme John Abercrombie ou le contrebassiste Barre Phillips (qui a aussi accompagné Abercrombie). Rarum : Selected Recordings retrace un peu tout cela, en mettant bien sûr l'accent sur la discographie de John SURMAN. C'est donc dans un milieu jazz voire usuellement free-jazz qu'on le retrouve, bien qu'il s'intéresse aussi de près aux musiques folk et leur rend hommage à loisir.

Une musique peu accessible pour qui n'y est pas familiarisé, mais John SURMAN, c'est un peu le genre de personnage qui est capable de faire aimer facilement ce genre grâce à sa diversité, sa capacité à faire naviguer l'auditeur d'une ambiance à l'autre, en variant les orchestrations, les thèmes, les couleurs, etc... En témoignent par exemple trois morceaux représentatifs de l'ensemble du disque, à savoir "Druid's Circle", "Portrait of a Romantic" ainsi que "Mountainscape VIII". Ce dernier est une des collaborations avec John Abercrombie présentes, en forme de trio plus SURMAN en lieu et place de soliste. "Druid's Circle" tout comme "Portait of a Romantic" est un morceau solo de SURMAN. Il y emploie les deux saxophones dont il joue, et je dois dire que le bougre n'aura pas eu du mal à me faire aimer le baryton - pour la première fois de ma vie -, en l'employant pour un thème rythmique très simple. Le saxophone soprano, que j'adule mais ai toujours eu un peu de mal à accepter dans un milieu free, joue ici les notes qu'il faut. Plus plaisant encore, "Portrait of a Romantic" est introduit par une flûte à bec dont le jeu n'est pas sans évoquer les low whistles de la musique celtique, suivi d'un motif de clavier Fender Rhodes survolé par la clarinette basse et agrémenté de petites percussions programmées. Très très chouette, et aussi romantique que pouvait l'être Schubert, mise en rapport qui n'est pas gratuite car à l'écoute de ce titre on retrouve des idées employées dans le fameux courant du début du XIXème siècle. Tout cela témoigne du côté aventureux de la musique de SURMAN par le biais d'ambiances différentes et somme toute passionnantes.

La plupart des autres morceaux rentrent dans la lignée de ces trois-là. Il y a des morceaux free en configuration "riche", d'autres en formation réduite, et il y a les petites "expérimentations" colorées de SURMAN. "The Returning Exile" nous est présenté en mode "big-band allégé", on y retrouve le chef John Warren, le tromboniste Malcolm Griffiths en soliste (c'est la première fois que je vois ce nom séparé de son acolyte trompettiste Martin Drover) ainsi que le contrebassiste Chris Lawrence, souvent employé pour des sessions, y compris dans le milieu de la... variété ! Dans les autres configurations "riches", "Stone Flower" a de quoi régaler avec son emploi de cordes classiques. Pour les formations réduites "The Snooper" nous offre SURMAN en clarinette basse solo, et sinon on le rencontre avec son Nordic Quartet ("Gone to the Dogs", ah cette partie de guitare...), avec les groupes de John Abercrombie ("Ogeda" et surtout l'échevelé "Mountainscape VIII" où le grand guitariste a son faire-valoir) ou encore en featuring avec le batteur Jack DeJohnette comme sur "The Buccaneers" où le soprano bien qu'utilisé de manière agressive n'arrive pas à me dégoûter. Cela vaut aussi pour le baryton sur nombre de titres et pourtant Dieu sait que j'aime pas ce timbre... La "faute" a des morceaux magistralement librement ficelés (le contresens est volontaire). Enfin pour les "petites expérimentations", on retrouve dans la lignée de "Portrait of a Romantic" les très beaux "Edges of Illusion" (moins "bleu" que son grand frère) ainsi que "Piperspool". Notons que ces morceaux, plus ou moins longs, sont tous issus de différents albums de différentes époques, publiés régulièrement de 1976 à l'an 2000.

Un seul CD pour tout cela, c'est un support suffisant avec une contenance idéale, sans être trop copieux. Si tous les disques Selected Recordings de la maison ECM convient à des voyages aussi beaux, je suis bien parti pour dire que le free-jazz ne me laissera plus jamais froid...

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- John Surman (saxophones baryton et soprano, clarinette basse, f)
- Miroslav Vitous (contrebasse)
- Kenny Kirkland (piano)
- Jon Christensen (batterie)
- John Abercrombie (guitares)
- Marc Johnson (contrebasse)
- Peter Erskine (batterie)
- John Warren (direction d'orchestre)
- Stephen Waterman (trompette)
- Henry Lowther (trompette)
- Stuart Brooks (trompette)
- Malcolm Griffiths (trombone)
- Chris Pyne (trombone)
- David Stewart (trombone basse)
- Richard Edwards (trombone basse)
- Chris Lawrence (contrebasse)
- John Marshall (batterie)
- Jack Dejohnette (batterie)
- Barre Phillips (contrebasse)
- Stu Martin (batterie)
- Paul Bley (piano)
- Gary Peacock (contrebasse)
- Tony Oxley (batterie)
- Terje Rypdal (guitares)
- Vigleik Storaas (piano)
- Rita Manning (violon)
- Keith Pascoe (violon)
- Bill Hawkes (violon alto)
- Nick Cooper (violoncelle)


1. Druid’s Circle
2. Number Six
3. Portrait Of A Romantic
4. Ogeda
5. The Returning Exile
6. Edges Of Illusion
7. The Buccaneers
8. The Snooper
9. Mountainscape Viii
10. Figfoot
11. Piperspool
12. Gone To The Dogs
13. Stone Flower



             



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