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1689 Didon Et Enée Z.626 (Hogwood)

Henry PURCELL - Didon Et Enée Z.626 (hogwood) (1689)
Par JULLIAN le 19 Octobre 2018          Consultée 1426 fois

Henri PURCELL a trente ans lorsqu'en 1689, il entreprend l’écriture de son opéra Didon et Énée (“Dido and Aenneas”) sur un livret de Nahum Tate. Bien que ses autres chefs-d’oeuvre lyriques comme “The King Arthur” ou “The Fairy Queen” s’apparentent à de l’opéra, la présence de passages parlés ne permettent pas de leur accorder ce statut, faisant de Didon et Énée l’unique opéra classique du compositeur. À mi-chemin entre le “masque” anglais et la cantate italienne, il prend pour source littéraire une libre interprétation du chant IV de l’Énéide de Virgile, mettant en scène la tragique histoire d’amour entre Didon, reine de Carthage, et Enée, prince de Troie.

Le premier acte débute à Carthage avec Belinda, confidente de la reine Didon qui tente de soulager la peine de sa maîtresse dans une introduction délicieuse (“Shake the cloud from off your brow”). Pour cause, éprise d’amour pour Enée, Didon est accablée par cette union qu’elle n’ose avouer au prince. Le premier sommet dramatique de l’oeuvre arrive alors, avec la complainte de Didon (“Peace and I are strangers grown”). Néanmoins, Bélinda finit par avoir raison de ces doutes puisqu'elle parvient à persuader la reine de tout dévoiler au prince, qui l’accepte à bras ouverts. La fin de l’acte célèbre l’heureuse union du couple dans un magnifique rappel du choeur (“Let the triumphs of love and of beauty be shown, Go revel, ye Cupids, the day is your own”). Oui, mais.

L’élément perturbateur arrive au deuxième acte avec l’introduction de la Magicienne, antagoniste principal dont les desseins viendront assombrir le destin de nos deux héros. Depuis sa sinistre caverne, elle invoque ses disciples pour l’élaboration d’un stratagème visant à faire sombrer la belle Didon. C’est sous les traits de Mercure, messager des dieux, qu’un de ses disciple va convaincre Énée de rompre avec Didon afin d’accomplir la volonté divine  : bâtir une cité en Italie (rien que ça!). L’assemblée se félicite de ce plan diabolique dans une partition absolument terrifiante, moment iconique de cet opéra : PURCELL utilise habilement des onomatopées à base de sonorités “o” et “a” afin de mimer les rires frénétiques des sorcières. Tiraillé entre son amour pour Didon et la volonté des Dieux, Énée conclut le deuxième acte avec une lamentation aussi triste que somptueuse.

Le troisième acte s’ouvre sur les préparatifs du départ avec un chant plein d’enthousiasme entonné par les marins (“Come away few sailors!”). Cependant, Énée se doit d’annoncer son départ à une Didon complètement dévastée par ce retournement. Face au courroux de sa promise, le prince se rétracte et décide de défier les Dieux. Il choisit donc l’amour. Cela ne suffit pas à Didon qui, outrée par les intentions initiales d’Énée, lui somme de partir à tout jamais. Vient alors l’un des plus grands moments d’opéra toutes périodes confondues : la lamentation de Didon, (“When I am laid in earth”). Après le départ d’Énée, la reine se donne la mort dans un lamento inoubliable où, mourante dans les bras de sa servante, elle aura pour dernière volonté que l’on se souvienne d’elle, mais non de son funeste destin.

“Death is now a welcome guest.
When I am laid in earth,
May my wrongs create
No trouble in thy breast;
Remember me, but ah! forget my fate.”

Ambiance.

Peut-on vraiment séparer l’opéra de sa mise en scène? Est-il possible d’apprécier la partition sans les images? Les opinions divergent. Pour ceux à qui la musique suffit, la célèbre interprétation de Christopher Hogwood avec “The Academy of Ancient Music” sortie chez Decca (l’Oiseau Lyre) est parfaite. On y retrouve le ténor John Mark Ainsley en Énée et la soprano Catherine Bott en Didon, supportée par une superbe Emma Kirkby (Belinda). Pour les autres, la version récente et non moins époustouflante filmée à l’Opéra Royal de Versailles est chaleureusement recommandée*. Vivica Genaux (Didon) et Ana Quintans (Bélinda, quelle entrée!) se taillent la part du lion dans une mise en scène impressionnante de Cécile Roussat et Julien Lebek, avec Vincent Dumestre à la direction.

En une heure et des poussières, PURCELL parvient à toucher une gamme infinie de nuances musicales, du chant élégiaque à la danse de cour en passant par des choeurs de sorcières déchaînées et, bien sûr, le bouleversant final. Il faudra attendre l’avènement de Benjamin BRITTEN au XXème siècle pour que l’Angleterre retrouve un compositeur sachant magnifier la langue de Shakespeare à l’opéra. C’est aussi et surtout grâce à lui que “Didon et Énée” retrouva son statut de chef-d’oeuvre lyrique de l’époque baroque. Assurément l’une des plus belles musiques dramatiques, entre MONTEVERDI et MOZART.

5/5

*disponible sur le célèbre hébergeur de vidéos en ligne.

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   JULLIAN

 
  N/A



- The Academy Of Ancient Music (choeur et orchestre)
- Christopher Hogwood (direction)
- Emma Kirkby (soprano - belinda)
- Catherine Bott (soprano - didon)
- John Mark Ainsley (tenor - enée)
- David Thomas (basse - magicienne)


1. Act I - Overture
2. Act I - Shake The Cloud From Off Your Brow
3. Act I - Ah! Belinda, I Am Prest With Torment
4. Act I - When Monarchs Unite
5. Act I - Whence Could So Much Virtue Spring
6. Act I - Fear No Danger - Dance (the Baske)
7. Act I - See, Your Royal Guest Appears
8. Act I - Cupid Only Throws The Dart
9. Act I - If Not For Mine
10. Act I - Pursue Thy Conquest, Love
11. Act I - A Dance Gittars Chacony
12. Act I - To The Hills And The Vales
13. Act I - The Triumphing Dance

1. Act Ii - Prelude For The Witches - Wayward Sisters
2. Act Ii - Harm's Our Delight
3. Act Ii - The Queen Of Carthage, Whom We Hate
4. Act Ii - In Our Deep Vaulted Cell
5. Act Ii - Echo Dance Of Furies
6. Act Ii - Ritornelle - Thanks To These Lonesome Val
7. Act Ii - Gitter Ground - A Dance
8. Act Ii - Oft She Visits - Ritornelle
9. Act Ii - Behold, Upon My Bending Spear
10. Act Ii - Haste, Haste To Town
11. Act Ii - Stay, Prince
12. Act Ii - Ritornelle

1. Act Iii - Prelude - Come Away, Fellow Sailors
2. Act Iii - The Sailors' Dance
3. Act Iii - See The Flags And Streamers Curling
4. Act Iii - Destruction's Our Delight
5. Act Iii - The Witches' Dance
6. Act Iii - Your Counsel All Is Urg'd In Vain
7. Act Iii - Great Minds Against Themselves Conspire
8. Act Iii - Thy Hand Belinda - When I Am Laid In Ear
9. Act Iii - With Drooping Wings



             



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