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SYNTHWAVE  |  STUDIO

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2013 Outrun
 

- Style : Dance With The Dead, Waveshaper
 

 Bandcamp (189)

KAVINSKY - Outrun (2013)
Par BAKER le 30 Octobre 2018          Consultée 961 fois

Que penser du OutRun de Kavinsky ?
Non : a-t-on le droit de penser quelque chose du OutRun de KAVINSKY ? Après tout, ce disque est le pinacle de la "french touch", un disque culte, adulé, qui a donné naissance à des vocations, qui a planté fièrement le drapeau cocorico tout en haut de l'Histoire de l'Electro, avec en point d'orgue, la consécration ultime : être l'hymne du génial, fabuleux, extraordinaire, wouarf je vais défaillir, Drive de Nicolas Winding Refn. Film intouchable lui aussi, d'ailleurs. Cette avalanche de talents, cette démonstration de force façon Panzer Surprise, ne saurait être remise en cause, car sa direction artistique foncièrement branchée années 80 n'est pas du passéisme, mais une réinvention d'un univers graphique et sonore, une réappropriation de codes. Ou juste un petit album un peu surévalué, Refn seul le sait.

"The year is 1986" nous annonce une voix pendant le prélude. On vérifie : oui, c'est bien l'année de sortie de OutRun, le jeu. Et nous sommes en plein dedans, en plein Drive aussi d'ailleurs : nuit illuminée par de blafards néons périurbains, voitures de luxe lancées vers un futur flou, synthétiseurs romantico-éthérés sur fond de rythmiques lancinantes, le tout avec un son bien immonde, bien saturé comme on aime : nous sommes en pleine synthwave, de la pure, de la vraie. Avec ce qu'il faut, pour le prélude, de grandiloquence, ce qui épouvantera les mélomanes déjà peu amateurs de synthétiseries mais ravira les amateurs.

Le souci arrive dès le second titre : "Blizzard". C'est super bien fait, très prenant, peut-être le meilleur titre de l'album, mais quand on fait une toute petite recherche (dans le livret par exemple, par ailleurs truffé de magnifiques photos kitscho-MichaelMannesques), on s'aperçoit que le riff est tiré de... roulements de tambours... "La guerre", thème instrumental écrit par Eric CHARDEN (de STONE & CHARDEN, oui) pour le dessin animé San Ku Kai. Dans le genre réhabilitation d'un truc que personne n'osera jamais avouer écouter à jeun, ça tape fort. Et la surprise se mue en révélation ben oui, c'est là-dedans que KAVINSKY veut s'inscrire, les musiques de jeux vidéos, d'anime, de séries 80s et de films de série... C (pas Z mais moins que B) avec des gros moteurs, des gros flingues et des gros poumons.

Le hic, c'est que cette réussite dans le genre "transcendons nos aînés" laisse planer le doute sur l'origine des meilleurs titres. Car des bons titres, il y en a, à commencer par le troisième, "Protovision". Déjà que son nom est génial, mais alors cette guitare, sublimement Edgar FROESEsque au dernier degré ! C'est volubile, expressif, délicieusement "Underwater Sunlight". Mais quid de la légitimité ? Amis chroniqueurs des mass médias, comme ça ce que faisait TANGERINE DREAM dans les années 80 c'était de la merde, mais KAVINSKY c'est la révélation d'un savoir-faire de génie typiquement frenchie ? Comprends pas.

Quelques autres morceaux emportent l'adhésion malgré donc les questions qui nous taraudent (ça fait mal) : "Rampage" et ses petites touches orchestrales, "First Blood" au refrain franchement bon, et puis, il faut l'avouer, le gros single "Nightcall" choisi pour figurer dans "Pan pan vroum vroum" du Lelouch danois anti-Dogme 95. Une chanson au duo qui fonctionne bien, et surtout à l'intro, admettons-le, assez mythique dans l'utilisation parfaite de sons pourtant antédiluviens. Si tout l'album avait été ainsi, oui, c'aurait été un grand disque, méritoire.

Mais voilà, la Bisounours way of life n'existe pas, et des titres ratés, il y en a aussi. Je ne parle pas de moyens, comme "Testarossa Autodrive" ou "Grand Canyon" qui se reposent trop sur leurs acquis mais possèdent un certain degré d'agréabilité. Non, je parle de vrais gros ratés : la mal fagotée "Deadcruiser" à l'inspiration cramée, "Odd Look" au chant féminin mauvais ET faux (les deux à la fois, il ne manquait plus que l'appel à un ami), et cette calamité intitulée "Suburbia", un truc qui n'a rien à faire là, avec un rappeur qui lit l'annuaire des codes postaux avec la jovialité de Jacques Delors expliquant la fluctuation des fonds monétaires, le tout sur fond de non-musique indigne de KAVINSKY, d'Eric CHARDEN, de VIANNEY, de Paul Pogba.

Pour résumer, parce que c'est pas le tout mais faut rentrer y'a la route à se retaper, KAVINSKY et son Outrun n'ont rien inventé ; n'ont rien détruit non plus, juste profité d'une certaine hype au bon moment. Et pour bien comprendre le problème, rien de tel que le dernier titre : un "Endless" tout à fait charmant, à même de plaire à tous les amateurs de "rock électronique" si l'on peut dire, et dont le son lead fait furieusement penser à... ZOMBI. Non, pas l'album de GOBLIN, mais le groupe américain. Qui fait donc ça depuis fort longtemps. Alors, KAVINSKY, coup de génie médiatique, réelle avancée de la pop culture rétro, ou escroquerie en bande organisée ? Dans le doute, admettons que l'écoute de ce disque est agréable et que c'est tout ce qui devrait compter. En attendant la suite éventuelle.

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   BAKER

 
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- Kavinsky (claviers, chant, prog)
- Lovefoxxx (chant)
- Sebastian (chant)
- Tyson (chant)
- Raw Man (guitare)
- Havoc (chant, lyricon)
- Sébastien Tellier (choeurs)
- Jose Reis Fontao (choeurs)
- Paul Hahn (guest)


1. Prelude
2. Blizzard
3. Protovision
4. Odd Look
5. Rampage
6. Suburbia
7. Testarossa Autodrive
8. Nightcall
9. Deadcruiser
10. Grand Canyon
11. First Blood
12. Roadgame
13. Endless



             



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