Ah, c'est vrai qu'elles sont bien ravissantes, nos petites Australiennes (de Brisbane précisément). Mais en matière de musique, les considérations physiques ne doivent pas rentrer en ligne de compte. Sinon, c'est trop facile. On fait enregistrer un duo à Shione Cooper et Nicolaj Coster-Waldau et hop ! on a le disque du siècle. Tut tut tut, reprenons à zéro : voici un duo constitué de deux chanteuses complémentaires, l'une à priori responsable des claviers et prog, et l'autre "batteuse". Pourquoi des guillemets ? Cette chronique serait-elle de mauvaise foi ? Non ; mais autant être franc : il n'y a pas vraiment de batterie dans cet E.P. Mais ça tombe bien, il n'y a pas vraiment de musique non plus.

Ah mais quelle méchanceté ! Mais il n'a pas honte, ce vil critique, de s'attaquer ainsi à de si jeunes artistes ? Non justement, la jeunesse c'est malléable. On peut encore sauver les meubles. Amira, Naomi, écoutez-moi : votre E.P. de bienvenue est là pour présenter au monde entier votre identité. Et vous n'en avez pas. Pas encore. Les 5 titres de ce disque sont tous épouvantablement semblables : de l'électro simpliste, avec des couplets gnan-gnan et des refrains "à la SIA"..; Et là vient le hic : ces refrains, on les entend à la radio TOUTE LA JOURNEE. Les MEMES. Exactement à l'identique, avec en prime les mêmes sons pourris de synthé car oui, si on se moque des années 80 qui piquaient fort, les années 2010 n'ont strictement rien à leur envier du côté des sonorités synthétiques souillées et suintantes.

Mauvais, ce disque ? Plus grave que ça : "dans le moule". C'est bien pire. Cette collection de petits titres sans aucune envergure, c'est une certaine idée de la radio, de la jeunesse, et donc de la musique de jeunes qui passe à la radio : un message positif de tolérance, d'émancipation et d'ouverture d'esprit, le tout sur un tapis musical EXTREMEMENT formaté, où rien ne doit dépasser, où la moindre parcelle d'originalité doit être éradiquée façon "Goering's Aftershow Flammenwerfer Party". C'est consternant de voir à quel point ces jeunes demoiselles rentrent dans une case sans la moindre volonté de bouger les lignes. Il n'y a rien à sauver.

Rien ? Oh, j'exagère. La première moitié d'"If I May" présente une des deux chanteuses sur un registre plus soul, un peu plus profond, qui mériterait d'être creusé, et lorsqu'elles chantent en duo il y a un petit quelque chose. Ce sont vraiment les compos et la production qui sont navrantes. On a beau dire de nos chères eighties kitsch, mais GOLD ne ressemblait pas à Jeanne MAS qui ne ressemblait pas à Julie PIETRI qui ne ressemblait pas à Gérard BLANC, etc. Là, nous sommes dans une logique (pro) de copier/coller à en baisser les bras.

Le détail qui tue ? Deux versions "stripped". Alors on se dit que ça va être du folk ennuyeux à la MAE / VIANNEY / BRUNI sans un atome d'énergie ou d'intérêt : gagné... sur les intros. Car dès que les refrains arrivent, hop ! les synthés nazes et programmations djeunz reviennent ! Vous savez ce que ça veut dire ? Qu'elles n'ont même pas eu le courage d'assumer la mise à nu de mélodies qui de toute façon n'existent que furtivement. C'est un aveu. Un aveu funeste. Mesdemoiselles, vous savez à peu près chanter, vous savez vous vendre, mais par pitié, ne rajoutez pas vos noms à la pantagruélique liste d'artistes radio-friendly qui jour après jour tuent une certaine idée de la diversité musicale. Pour elle, pour nous, merci.