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PROTO SWAMP ROCK  |  COMPILATION

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Link WRAY AND HIS RAY MEN - Great Guitar Hits By Link Wray And His Raymen (1962)
Par NOSFERATU le 14 Novembre 2018          Consultée 1469 fois

L’ancêtre du bruit blanc.
Ce qui différencie Link wray, qui enregistre ses premiers jets soniques dès 1955 à Washington, de tous les artistes étiquetés rockabilly, c’est le son. Ce dernier est très saturé et ouvre la voie à d’innombrables groupes garage, métal, punk, hardcore, swamp rock puis grunge qui emploieront cette recette basée sur des power chords amplifiées. Les accords de guitare restent plutôt simples mais la pédale fuzz est poussée à son maximum. Le résultat ? Un rockabilly bluesy mutant bien amplifié et distordu, faisant aussi un usage dingue du larsen, très novateur à l’époque, même si des fous furieux comme les TRUMPETS ou HASIL ADKINS annoncent parallèlement une sauvagerie non encore identifiée.

L’origine de ces sonorités provient de l’héritage amérindien du sauvage rocker. En effet, depuis les rythmes tribaux des peaux rouges au delta blues jusqu’à LINK WRAY, en passant par les DOORS, le GUN CLUB, l’ouragan grunge et les plus récents WOVENHAND, il y aurait presque comme une évidente filiation. Le chamanisme des peuples premiers d’Amérique préfigurant donc le "cafard" d’un Robert JOHNSON et tout ce qui suivra. Ici, nous avons affaire à une compilation rassemblant des singles redoutables datant du début des aventureuses années soixante.

En haut du panier, se trouve "Rumble", ce fabuleux titre qui fit Jimmy Page (LED ZEPPELIN), Pete Towhsend (The WHO), Neil YOUNG, Iggy Pop (STOOGES) ce qu’ils furent. "Rumble", originellement appelé "Oddball", sera d’ailleurs interdit sur les radios. Son lancinant riff et sa batterie "sioux" créent une réelle tension. On baigne dans une sorte de dangereuse attente et on imagine aisément des jeunes voyous incontrôlables en blousons noirs armés de chaînes prêts à se "fritter". L’Amérique est alors marquée par la délinquance juvénile post Graine de violence. Trop rugueux à l’époque pour une Amérique conservatrice. Qui plus est, c’est une chanson réalisée par un indien indompté. De quoi effrayer le W.A.S.P blanc, bas du front et raciste primaire. A part cet hymne fondamental, l’intérêt réside dans des instrumentaux flirtant avec un surf rock alors en vogue : le dansant "Ace of Spades" dont le titre a dû influencer les lointains descendants de MOTORHEAD, repris d’ailleurs par les CRAMPS qui en bons disciples le transfigureront, "The Black Widow" ( dont le nom se retrouve plus tard dans le hit protogoth d’ALICE COOPER) avec sa batterie tribale et son solo dévastateur.

Certains instrumentaux sont bien speedés pour l’époque comme le volatile "Run, Chiken, Run". En entendant le trépidant "Pancho Villa" avec son atmosphère tex mex, on imagine le célèbre révolutionnaire mexicain dans un western spaghetti. Dans le très rockab "Rawhide", la basse est bien mise en avant et "Dance Contest" est plus traditionnel dans sa construction, de même que le sautillant "The Swag". Mais c’est "Jack The Ripper" qui nous impressionne le plus, avec son atmosphère au début quasi psychobilly avant la lettre et son riff "Killer" annonçant carrément le jeu primaire d’un Steve Jones (SEX PISTOLS).

Le reste de la compilation est composé de morceaux assez bluesy ("Lilian" et son utilisation avisée d’un piano, "Vendetta" avec celle d’un saxophone). "Alone" vous entraînerait dans un slow avec une demoiselle prisonnière du désert. Cette ambiance Far West ressort aussi dans "The Outlaw" issu de lointaines "Desert sessions" (clin d’œil à Josh Homme des QUEENS OF THE STONE AGE au passage qui s’enticherait ces derniers temps de l’oeuvre du bonhomme). "The Stranger" possède une ambiance quasi doo woop.

Voici une compilation qui devrait intéresser tous ceux voulant découvrir le cri primal "white noise" qui découle paradoxalement du blues noir et des rythmes amérindiens.

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1. Run, Chicken, Run
2. The Black Widow
3. Lillian
4. Pancho Villa
5. Rawhide
6. Ace Of Spades
7. Jack, The Ripper
8. Dance Contest
9. Alone
10. The Outlaw
11. The Swag
12. Rumble



             



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