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1987 The Story Of My Life

GUITAR SLIM JR - The Story Of My Life (1987)
Par LE KINGBEE le 16 Novembre 2018          Consultée 818 fois

Après le père, le fils !

Eddie Jones, plus connu sous le nom de GUITAR SLIM, est décédé d’une pneumonie et de son addiction à l’alcool en 1959, à l’âge de 32 ans. L’un de ses fils, Rodney Glenn Armstrong, 7 ans à la mort du paternel, a repris le flambeau sous le nom logique de GUITAR SLIM JR.

Natif de la Nouvelle Orleans, le jeune Rodney tombe très tôt dans la musique. Ses premiers instruments sont des élastiques qu’il tend entre les poignées de deux commodes. Il passera ensuite à la corde à linge, une évolution naturelle avant qu’un oncle lui offre un ukulélé. Huey « Piano » Smith lui offrira une guitare et un ampli, le gamin se mettant tout naturellement à la guitare, marchant ainsi sur les traces d’un père qu’il n’a que peu connu mais dont l’influence aura été énorme.

Pendant des années, Guitar Jr. va évoluer dans le chitlin’ circuit ⃰, se produisant dans la Crescent City, à Jackson, Memphis mais aussi à Los Angeles et à New York. Au début des eighties, on le retrouve à côté de Stevie Ray VAUGHAN, grande gloire de l’époque et instigateur d’un second Revival Blues, avec lequel il va beaucoup tourner.

En 1987, le producteur photographe et ingé-son Carlo Ditta♦ décide de monter son propre label, Orleans Records et c’est Guitar Jr. qui a les honneurs d’ouvrir la discographie du dit label. Si le jeu du guitariste est encore « foufou » et très électrique, dans un style proche de Vaughan, Ditta fait appel à une équipe d’enfer, rompue aux scènes de Houston et de la Nouvelle Orléans. C’est ainsi qu’on retrouve entre autre le pianiste Jon Cleary, le trompettiste et ancien équipier du paternel Milton Batiste (ex PROFESSOR LONGHAIR, Big Joe Turner, Olympia Brass Band), le batteur Shannon Powell (futur Wynton Marsalis, John SCOFIELD, Diane KRALL).
Enregistré à la Nouvelle Orleans, au Big Easy Studio, Guitar Jr. nous conte quelques bonnes tranches de vie en reprenant sept titres de son père. Un bel hommage débutant avec « Trouble Don’t Last », titre épicé de cuivres qui pose de solides fondations et, pour tout dire, bien supérieur à la version d’Alex Chilton gravée quelques semaines plus tard. L’inusité « Letter to my Girlfriend » prend un air de Memphis Rock, tandis que « The Story of my Life », dans lequel le guitariste déclare être né en Alabama (paroles figurant dans la chanson de Guitar Senior) est une petite pépite de slow blues.
Parmi les autres emprunts au paternel, « Reap What you Sow » se révèle comme un excellent blues lent dans lequel la guitare s’offre quelques escapades électriques pleines de feeling avec une grosse ligne de basse bien rondouillarde.

Si Guitar Slim Père demeure pour beaucoup l’auteur du hit « The Things I Used to Do », morceau que le fiston ne reprend pas ici, « Well, I Done Got Over it » se place en seconde position parmi les rares succès du géniteur. Encore une fois, le rejeton nous assène une reprise mitonnée aux petits oignons, la guitare passe de la torpeur louisianaise à la chaleur accablante du Texas via de brèves touches incisives de guitare. Nombreux doivent être ceux qui ont en mémoire la version paternelle ou la reprise fulgurante et Soul de Bobby Mitchell, mais là Junior parvient à faire le pont entre la Nouvelle Orleans et Houston. « Bad Luck Blues »◊ s’inscrit plus dans une mouvance reliant Chicago au Blues Nola, alors que l’album se termine par une petite douceur « Sufferin’ Mind » que lui reprendront Solomon BURKE, Buddy GUY ou encore Tab Benoit.
Alors avec ces sept titres piochés dans le répertoire familial, on pourrait se dire que cette histoire de vie est en fait le récit du paternel, personnage naturellement hautement influent par son affiliation chez Slim Junior, mais le guitariste se démarque du père par trois titres judicieux : « Can I Change my Mind », un vrai velouté de Soul Blues popularisé par Tyrone Davis, une reprise vraiment réussie. Autre bonne trouvaille avec la relecture de « To Weak to Fight » un inusité de Clarence CARTER. Mais s’il fallait désigner une mention, « Turn Back the Hands of Time », autre titre pioché chez Tyrone Davis, remporterait surement la palme avec une version qui contient les bons ingrédients de la Soul mais également du Blues.

Ce disque sans trop de moyens sera nominé aux Grammy Awards en 1989, pas mal pour un évènement qui aux Etats Unis a toujours tendance à récompenser un gros nom ou une nouvelle star capable de rapporter du pognon. On pourra juste regretter que cet album ne dure pas quelques minutes de plus (tout juste 30 minutes). Guitariste peu connu, Guitar Slim Jr était présent cet été en France pour une seule et unique date, on peut aujourd’hui s’étonner que ce disque n’ait pas servi de catalyseur, Slim Jr. était probablement certainement trop humble, trop discret et trop sincère. L’album a été enfin réédité en 2017.

⃰ Le Chitlin Circuit traduisible par circuit des andouillettes, est un circuit parallèle qui permettait à de nombreux artistes afro-américains de se produire, principalement dans le Sud ségrégationniste. Ce circuit existe toujours, de nombreuses vedettes s’y sont produites (Count Basie, Cab Calloway, Ray Charles, Bobby « Blue » Bland, Marvin Gaye et Aretha Franklin). Parfois nommé sous d’autres appellations, ce circuit programme également des pièces de théâtre.

♦ Carlo Ditta, producteur très ancré à la Nouvelle Orleans est connu pour avoir produit Mighty Sam McClain, Willy De Ville, Coco Robicheaux, Little Freddie King et Marva Wright. Ses productions n’ont généralement pas les honneurs de la presse lambda mais méritent toutefois une attention soutenue.

◊Il s’agit là d’un homonyme aux titres de Lightnin’ Slim, Blind Lemon Jefferson et Ivory Joe Hunter.

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- Guitar Slim Jr (chant, guitare)
- Stanley Atkins (guitare 7)
- David B Moorland (guitare 9)
- Rene Coman (basse 1-2-3-4-7-8-10)
- Charles Moore (basse 5-6-9)
- Shannon Powell (batterie 1-2-3-4-7-8-10)
- Kerry Brown (batterie 5-6-9)
- Keith Fazarde (claviers 5, vibraphone 9)
- Jon Cleary (piano 8)
- Aj Loria (piano 10)
- Milton Batiste (trompette 1-4-6-8)
- Ernest Watson (saxophone 1-4-6-8)
- Sylvia Joseph (choeurs 9-10)
- Oneida Joseph (choeurs 9-10)
- Diane Weston (applaudissements)


1. Trouble Don't Last
2. Letter To My Girlfriend
3. The Story Of My Life
4. Bad Luck Blues
5. Can I Change My Mind
6. To Weak To Fight
7. Reap What You Sow
8. Well,i Done Got Over It
9. Turn Back The Hands Od Time
10. Sufferin' Mind



             



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