Cela fait maintenant quelques années que Marianne FAITHFULL engendre la même rengaine à chaque nouvelle sortie. Rengaine médiatique d’abord, où chaque média se précipite pour déblatérer les mêmes lieux communs autour de l’album, et rengaine artistique ensuite, puisque cela fait depuis Kissin’ Time, paru en 2002, que Mme. Faithfull propose une recette similaire : un album tous les 3-4 ans, avec Warren et Rob ELLIS à la production, des textes autobiographiques et intimistes mis en musique par un génie dépressif comme Nick CAVE ou Mark LANEGAN (voire PJ HARVEY pour le très bon Before The Poison en 2005).

Mais qui s’en plaint ? Sans être plus marquant que cela, le rendez-vous musical auquel nous convie notre Marianne préférée n’est jamais foncièrement mauvais, tout au plus est-il un peu ennuyeux par moments. Et cette année, nous avons droit à un titre faisant référence au poète John KEATS (sur la capacité des grands auteurs à poursuivre un idéal esthétique au risque de défier toute logique et de s’aliéner une partie de ses spectateurs) ainsi qu’à la participation de Nick Cave ET Mark LANEGAN !

Dans ses récentes interviews Marianne FAITHFULL aime répète qu’il s’agit là de son album le plus honnête, le plus personnel. Et cette deuxième déclaration est peut-être vraie, ne serait-ce qu’à l’écoute de « They Come At Night » sur l’attentat du Bataclan, composé dans la foulée de l’attaque, où sur la réécriture de trois de ses anciens morceaux : La reprise de Bob DYLAN « It’s All Over Now Baby Blue » déjà sur son album de reprises à l’histoire tumultueuse Masque, « Witches Song » qui était sur le classique Broken English et enfin… « As Tears Go By », son morceau de référence, qu’elle avait déjà repris dans les années 80 pour célébrer sa quarantaine. Une manière de fermer le cercle et de signifier qu’elle s’arrête là pour la musique ? En tout cas, cette version façon maniaco-dépressive n’est pas vraiment convaincante. Pareil pour la reprise de DYLAN qui a connu meilleure adaptation et pour « The Witches Song » qui s’en sortait mieux sur Broken English.

Heureusement, les morceaux originaux sauvent la donne. Le single « The Gypsy Faerie Queen » porte la marque de Nick Cave qui en signe l’orchestration et grâce auquel Marianne FAITHFULL prouve qu’elle a encore la classe à 71 ans (après tout, elle fut l’une des premières à balancer un « f*** » tonitruant dans le cinéma anglais puritain des années 60). Précédé de l’ouverture « Misunderstanding », l’album commence bien et finit tout aussi bien sur la jolie « No Moon in Paris ». Entre les deux il y a les oubliables « Born to Live » et « Don’t Go » et « In My Own Particular Way », morceau mélancolique et mordant.

Le cru FAITHFULL 2018 est dans l’ensemble plutôt bon. Très similaire à ses précédents albums, il n’y a pas de surprise ici, mais en dépit de quelques moments faibles, l’album dans sa globalité se savoure agréablement. A 2021 pour une nouvelle fournée ?