Depuis la dissolution des ALLMAN BROTHERS suivie des décès de Butch Trucks et Greg ALLMAN la musique du Sud a perdu son plus beau fleuron mais aussi ses racines. Certes LYNRYD SKYNYRD s’est lancé, depuis une année, dans une interminable tournée d’adieu, mais il ne reste de la formation d’origine qu’un Gary Rossington en très petite forme, et le groupe se contente soir après soir d’un best of live comme un vulgaire tribute band (d’autres le font aussi me direz-vous mais on s’en fout). On ne parle même pas de MOLLY HATCHET dont les musiciens qui osent se produire sous ce nom ne méritent que notre mépris, voire le goudron et les plumes.
Reste BLACKBERRY SMOKE qui joue son rôle et qui s’affirme de plus en plus comme une entité incontournable mais sa musique n’est pas du pur southern-rock. Et d’autres également, mais Hogjaw ou Whiskey Myers ne sont pas vraiment au niveau et je ne cite que le haut du panier.

Pourtant à l’ouest l’horizon s’éclaircit. Orange County c’est la Californie et le berceau de ROBERT JON & THE WRECK. Le combo est composé par Robert Jon son leader à la barbe ZZ TOP et au chapeau texan, d’Henry James lead guitare, Warren Murrell basse, Andrew Espantman batterie, et Steve Maggiorra claviers. Ils ont déjà quelques albums studio à leur actif, mais leur passage à PARIS sur la scène des Etoiles début novembre a assis leur réputation. Leur premier album live est sorti en support de cette tournée, et reflète parfaitement la prestation du groupe.

Le duo de guitaristes est carrément superbe avec des passages époustouflants d’Henry JAMES à la slide, les claviers semblent tenus par le fantôme de Billy Powell, et la rythmique est parfaite. Les improvisations sont inspirées, écoutez les dix-sept minutes de "Tightrope", et surtout non répétitives. Les titres accrochent avec des bons riffs et des chorus ("Blame It On the Whiskey") et toujours un background solide sur lequel peuvent s’appuyer les guitares ("The Devil Is Your Only Friend", "Rollin").

Une écoute approfondie met en évidence les influences de l’ABB et de LYNYRD SKYNYRD, mais cela reste surtout un point de départ pour explorer d’autres aspects du southern-rock. Car le son de groupe est pur "south" très peu de références country comme chez BLACKBERRY SMOKE ou plus encore le MARSHALL TUCKER BAND, pas vraiment de soul ni de funk, juste un son qui semble tout droit sortie de la Georgie ou du nord de la Floride revisité avec cinquante ans de recul.

Les musiciens sont jeunes, encore une bonne nouvelle, tant il est pénible de voir se produire sur scène toutes ses vieilles gloires qui seraient mieux en maison de retraite. Signe qui ne trompe pas, à la fin de leur concert parisien, le groupe a vendu énormément de CD et de 33T ; certains achetant toute leur production.

Clairement si vous aimez BLACKBERRY SMOKE et LYNYRD SKYNYRD, il est fortement recommandé d’écouter les petits gars d’Orange County loin du Deep South géographiquement, mais très proches par le talent.
On vous aura prévenu, il ne faudrait pas dire dans quelques années 'on ne savait pas".Et ils reviendront en Europe au printemps 2019. Moi j’y serai !
Il existe cinq albums studio du groupe sortis en 2011 et 2017, mais ce live est parfaitement représentatif de leurs concerts.