Véritable icône de la musique pop et lyrique au Japon, elle n'est pourtant que très peu connue en France. Pour cause, un véritable fossé médiatique entre les deux pays, deux cultures complètement différentes, et finalement très peu de monde qui s'intéresse à ce qui se passe dans le monde tant que ce n'est pas médiatisé. Pourtant, KOKIA a une carrière réellement intéressante et gratifiante. En 1999, elle signe son premier single "Aishiteiru Kara" qui se fait instantanément remarquer au Japon et qui attire l'œil de beaucoup de monde sur elle. Yoko Kanno, compositrice qui travaille en parallèle sur le générique de l'anime Brain Powerd, lui demande de collaborer sur ce projet. Ceci fait exploser la notoriété de KOKIA qui peut maintenant sortir son premier album, Songbird, en toute sérénité.

Ce premier album est sans trop de prises de risques. KOKIA utilise sa voix avec simplicité, les mélodies sont pour la plupart relativement basiques et le tout est bien construit et efficace. Même si l'on ressent très rapidement que l'on est sur le premier essai pour la chanteuse, la construction au-delà d'être assez simple, nous emmène vers un morceau comme "Arigatō..." dans lequel la chanteuse parle de son chien de famille décédé, événement qui l'a probablement beaucoup touchée. Ce morceau est pour le moins déroutant, parti sur une balade pour finir en éclat sur un solo de guitare fort bien amené, le tout d'une cohérence satisfaisante.
Les autres bonnes surprises sont l'utilisation de sa voix lyrique sur le premier titre
"Watashi wa Utau Kotori Desu" qui se place directement au rang d'incontournable de cet album, pur exercice de voix dans lequel KOKIA excelle. La mélodie uniquement emmenée par un piano peut se faire ressentir comme étant pauvre, cependant le niveau est remonté par la prestation de la chanteuse. La chanson pleine de positivisme qu'est "Soyokaze ga Sōgen o Naderu Yō ni" est un bon moment imparable, plein d'innocence et de sincérité, dans lequel KOKIA nous expose sa palette d'interprétation vocale que l'on imagine alors presque infinie. La douceur de sa voix sur "Shiroi Yuki" nous rend compte à quel point la chanteuse peut attiser la sympathie de l'auditeur, ce morceau se plaçant en tant que pièce maîtresse de cet album, que ce soit grâce à une guitare à la mélodie lancinante mais idéale, que grâce à une chanteuse qui ne fait aucun faux pas.

Tout n'est pas rose dans Songbird, seuls quelques élus arrivent à faire de leur premier album une référence incontournable. Pour KOKIA, ce premier jet s'avère une excellente entrée en matière, ni plus ni moins, freinés que nous sommes probablement par l'aspect simpliste et un peu trop kawaii (mignon, en japonais) de "I catch a cold", même si l'on continue à ressentir de la sympathie pour le personnage qu'est KOKIA. Par ailleurs, "Hirisagari no Toki" arrive à convaincre tout autant que "You" qui arbore une mélodie épique et franchement bien ficelée, tandis que "Live Alone" reste un peu en retrait malgré le thème de la solitude bien amené et une douce interprétation. "Erika" est un morceau solide de l'album, qui confirme qu'il y a tout de même peu de ratés.

Voilà un premier album bien audacieux pour une jeune chanteuse. KOKIA prend les devants, explore de nombreux styles sans vraiment s'accrocher à un concept en particulier. Même si, de toute évidence, elle se cherche sur Songbird, l'interprétation et la sympathie qu'elle dégage en font un album fort solide. S'il ne s'inscrit pas dans les meilleurs projets de la chanteuse, il n'en reste pas moins un album à écouter pour comprendre la genèse d'une chanteuse qui n'a pas fini de surprendre son public.