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1999 South Side Story

LITTLE AL THOMAS - South Side Story (1999)
Par LE KINGBEE le 3 Décembre 2018          Consultée 830 fois

LITTLE AL THOMAS⃰ est né à Chicago en 1930. Il passe son enfance dans les environs de Maxwell Street et se met comme beaucoup d’autres au Gospel, chantant pour la Zion Hill Baptist Church. Quand il n’est pas à l’école ou à l’église, il écoute des disques de Lonnie Johnson, Tampa Red et Sonny Boy Williamson, musiciens qu’il admire particulièrement.

Au cours des années 60, Al Thomas devient sidérurgiste le jour et chanteur semi pro la nuit, ne rechignant jamais à se produire le soir venu dans les bouges de la ville. Le petit bonhomme se fait même une spécialité d’ouvreur, se produisant souvent en première partie de Bobby « Blue » Bland. Durant les eighties, Al chante régulièrement auprès du guitariste Lacy Gibson et deviend l’un des chanteur attitrés du Lee’s Unleaded, un club entre la 65ème et Maxwell Street, en plein dans le South Side. Chanteur dans l’orchestre de Johnny Drummer, Little Al Thomas enregistre à 70 ans son premier disque avec un clin d’œil à son quartier natal.

On pourra regretter que Cannonball Records n’ait pas jugé bon de le faire enregistrer avec ses musiciens habituels et notamment le guitariste Luther Slim Adams (ex Willie Kent) mais il faut parfois savoir se contenter de ce qu’on nous offre.
On retrouve ici en backing band le Crazy House Band, un orchestre fondé par Tom « Mot » Dutko, un batteur installé à Chicago depuis trente ans (ex Homesick James, Eddie Shaw, Melvin Taylor). Cette troupe est complétée par le guitariste John Edelmann, un ancien membre de Little Mike & The Tornadoes et du pianiste Sidney James Wingfield (ex Luther Allison, Son Seals, Eddie Shaw et Kinsey Report). En clair, hormis l’excellent Sid Wingfield, une bande de blancs becs seconds couteaux qui parvient à sortir du lot grâce au chant puissant et crédible d’un septuagénaire aussi à l’aise dans le Chicago Blues que dans la Soul.

Enregistré à l’Acme Studios de Chicago, un studio fréquenté par Magic SLIM, Sunnyland Slim, Jimmy DAWKINS ou Willie Kent, « South Side Story » propose onze brûlots ancrés dans la tradition du Chicago Blues. De nos jours, il n’existe pas de différence entre le West Side et son voisin du South Side, seule la taille des rares clubs qui perdurent distingue les deux quartiers, celui du Sud ayant longtemps eu une réputation de ghetto encore plus affirmée que son voisin.

On ne dénombre que deux originaux composés par le guitariste John Edelmann. Le Petit Al, dépositaire d’une gouaille allant à l’encontre de sa taille, n’a jamais été un compositeur prolixe. Le chanteur au timbre puissant est par contre un excellent show-man, il faut le voir dans son antre du South Side s’accaparer les scènes où il se produit, n’hésitant jamais à amorcer le public féminin. Il faut dire qu’il a fière allure dans son élégant costume trois-pièces blanc cassé, coiffé d’un beau chapeau blanc, Al a tout du petit coq. Le gars a assez de baratin dans sa manche pour se mettre une salle entière dans la poche en deux coups de cuillère à pot.
Le disque débute en fanfare avec « Memphis Girl », morceau qu'il aurait peut-être été judicieux de placer en deuxième position ou au milieu du disque. Une section cuivre et un piano introduisent la mélodie et un chant plein de chaleur nous contant comment une superbe fille de Memphis tomba sous le charme de notre chanteur. On note à mi-parcours un solo dévastateur de guitare. Tout dans ce titre rappelle les traditions du Chicago Blues d’avant guerre avec le piano et les cuivres dans un style proche du Bluebird Sound si ce n’est la guitare électrique qui vient moderniser le morceau. La troupe enchaîne avec un énorme slow blues de plus de 9 minutes emprunté à Little Milton, titre long qui se déguste comme un petit lait. La voix de Thomas s’avère largement plus convaincante que celle de Milton. Rajoutez-y le travail d’orfèvre de Sid Wingfield aux ivoires et le jeu de guitare particulièrement ciselé et vous avez là un second morceau de toute beauté. Seconde et dernière composition d’Edelmann, « Bad Luck Baby » diffuse une dualité complice entre le piano et la guitare pour un blues urbain de bonne facture.
Si Casey Bill Weldon, l’auteur de « Somebody Changed the Lock on my Door », apportait une sonorité conjuguant slide et guitare hawaïenne, le titre sera transformé en R&B par Louis Jordan et Wynonie Harris puis en Blues électrique via B.B. KING, en Soul Funky par James BROWN et enfin en Piano Blues par Dr. JOHN. La guitare d’Edelmann et le piano lancent parfaitement le chant métaphorique, Little Thomas nous contant avec sa verve imparable les déboires d’un pauvre type ne pouvant plus rentrer chez lui pour cause d’un soudain changement de verrou. En fait, le gars vient de se faire virer par la propriétaire des lieux.
Si « Stepping Out », parfois accrédité à L.C Frazier, pseudonyme de James Bracken, patron du label de Chicago Vee Jay, est en réalité une création de Memphis SLIM, de nombreux amateurs de Rock et de Blues le connaissent via les reprises de John MAYALL ou de CREAM. Placé en milieu de disque, ce petit instrumental d’à peine 2 minutes 30 sert d’interlude, un peu à l’image du petit train que l’on voyait jadis défiler sur nos écrans de télévision.
Parmi les autres inusités, signalons « Stranded In St. Louis », accrédité ici par erreur au pianiste Omar Sharriff, mais œuvre de Deadric Malone (Don ROBEY) popularisée par Little Junior Parker. La version de Willie Kent nous paraît supérieure, moins pailletée. Les amateurs de blues lents seront comblés avec « You’re Breakin’ my Heart », aucun rapport avec l’homonyme d’Harry Nilsson, hit mineur de B.B. KING. Le chanteur reprend « I Gotta Find my Baby », accrédité par erreur à B.B. KING (le titre a été enregistré par Doctor Clayton en novembre 41 pour Bluebird Records) dans une interprétation aussi urbaine qu’électrique. Reprise d’un autre inusité avec « Just Like a Fish », une compo de Pearl Wood gravée par Junior Parker. Là, le Crazy House Band apporte une ambiance épicée via la section cuivre tandis que le piano prend le pas sur la guitare.
Le répertoire s’étoffe de deux gros standards : « Feel So Good », accrédité ici à Chuck Willis au lieu de Big Bill Bronzy, pour une excellente version de piano boogie rockin’ et enfin « Rollin’ & Tumblin’ », titre d’Hambone Willie Newbern dont s’est accaparé Muddy Waters. Ce gros carton passa de mains en mains : des bluesmen du Delta à ceux de Chicago, jusqu’aux groupes de British Blues en passant par les grosses formations Rock. Le Crazy House Band nous en délivre une version légèrement décalée mais pleine de peps, de groove et d’envie avec une guitare et un piano qui n’ont de cesse de relancer la machine pour en découdre. Un titre maintes fois rabâché mais qui s’écoute ici avec un certain plaisir.
Alors pour ceux qui ont eu la chance de voir cet énergumène de 70 balais dans son antre du South Side, ce disque studio sans les musiciens habituels du chanteur risque de se situer un cran au-dessous. Pour les amateurs de Chicago Blues contemporain, ce disque se situera au-dessus du panier avec un vétéran au chant souvent goguenard et plein de feeling, un excellent pianiste et un guitariste parfois un brin trop démonstratif mais sincère. Rien que pour le titre d’ouverture, ce disque vaut son 4.

⃰ Un Al Thomas aurait enregistré au milieu des sixties une poignée de singles pour différents labels (Virginia, Pacemaker, Wall-Cree, Popularity et Pablo). Un autre Little Al Thomas a également enregistré un unique 45 tours pour la firme Scepter. Enfin chez Checker, on retrouve la trace d’un Al Fats Thomas ayant mis en boîte un single en 52. Ces Thomas n’ont aucun lien avec celui de la pochette. On ignore si le chanteur est encore vivant. Cannonball Records ayant mis la clef sous la porte en 2000, ce disque a fait l’objet d’une réédition en 2006 via AudioQuest Music.

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   LE KINGBEE

 
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- Little Al Thomas (chant)
- John Edelmann (guitare)
- Ed Galchick (basse)
- Tom 'mot' Dutko (batterie)
- Sidney James Wingfield (piano)
- Bob Jacobs (orgue 1)
- Dave Clark (saxophone)
- Van Kelly (saxophone)
- Paul Mundy (saxophone)


1. Memphis Girl
2. Nobody Sleepin In My Bed
3. Bad Luck Baby
4. Somebody Changed The Lock On My Door
5. Stepping Out
6. Stranded In St. Louis
7. Feel So Good
8. You're Breakin' My Heart
9. I Gotta Find My Baby
10. Rollin' & Tumblin'
11. Just Like A Fish



             



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