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2000 Greyhound Blues

ERVIN CHARLES - Greyhound Blues (2000)
Par LE KINGBEE le 29 Juin 2019          Consultée 831 fois

Si le nom d’Ervin CHARLES (aucun lien avec un chroniqueur quasi homonyme sévissant sur ce site) ne vous dit rien, n’allez pas vous foutre sous un train, personne ne vous en tiendra rigueur. En fait, si vous n’avez pas mis les pieds en Louisiane ou au Texas, il y a peu de chance pour que le nom du guitariste vous interpelle.

Ervin Charles voit le jour en janvier 1932 à Port Barre, un bled à 10 kilomètres à l’est d’Opelousas. Gamin, il se met à la guitare par le biais de son beau-père George Andrus. A vingt ans, il suit sa famille qui part s’installer à Beaumont au Texas. Quand il ne joue pas de la guitare, Ervin bosse dans une usine fabriquant des cartons. C’est à Beaumont, fief de Clarence Garlow le mentor des Frères WINTER, qu’il monte The Hollywood Bearcats avec son beau-frère et batteur Roy Stelly et le guitariste Long John Hunter. Le trio parvient à se faire un nom en écumant les tavernes, juke-joints et les kermesses du Sud jusqu’à ce que Long John Hunter quitte le groupe, bien décidé à voler de ses propres ailes. Long John (aucun lien avec un autre chroniqueur du site) va alors tenter sa chance chez le label Duke avant de s’établir à El Paso. Ervin poursuit quelques temps avec son beauf avant de rejoindre Big Sambo & The House Wreckers (sans lien avec le dernier groupe de Mel Brown). La formation met en boîte un single pour le label Eric (aucun lien avec votre humble chroniqueur), propriété du sulfureux Huey Meaux, un sympathique personnage qui ne va pas tarder à se faire pincer pour trafic de came et pédophilie. Suite au départ de Big Sam, Ervin enchaîne au sein des Nite Riders.

Au retour de Big Sam à la fin des sixties, les deux amis décident de remonter un groupe avec le chanteur Richard Earl, Sam Young And The Soul Lovers. En 1972, la troupe enregistre « Funky Booty » pour Jet Stream, autre label de Meaux, sous le nom de James Young Blues Band. L’instrumental bien funky connaît alors un petit succès local. Deux ans plus tard, Ervin décide de changer d’activité. Il achète un camion poubelle et monte sa propre société tout en continuant de jouer avec le groupe. Au tout début des eighties, suite aux problèmes de santé dont est victime Big Sam, le groupe diminue sa voilure et Ervin stoppe toute activité musicale en 1983 suite au décès de son vieux pote. N’ayant pas de cœur à l’ouvrage, le guitariste préfère se consacrer à son entreprise et faire bouillir la marmite. Après être resté trois ans sans jouer, il reprend du collier grâce à son ami organiste Edgar Foster et décide de réactiver The Nite Riders. En novembre 97, Ervin franchit l’Atlantique afin de participer au Blues Estafette Festival d’Utrecht, la grande affiche Blues de l’époque avec Cognac Blues Passion. Deux ans plus tard, le producteur archiviste d’Austin Tary Owens qui rêvait de l’associer à son ancien partenaire Long John Hunter réussira la gageure de le faire venir à Austin pour participer à l’album « Lone Star Shootout » en compagnie des guitaristes Lonnie Brooks, Phillip Walker et Long John Hunter pour ce que de nombreux spécialistes décrivent comme le disque de l’année. Si le pochette avant montrait Brooks, Hunter et Walker debout armés de leur guitare, le visuel dorsal de la jaquette mettait en évidence Ervin assis sur un caisson de bois et entouré des trois précités.

Au Milieu de juin 99, Ervin Charles rentrait au Musik Factory, un petit studio de Port Arthur, et enregistrait « Greyhound Blues », un premier album signé sous son propre nom. L’album rend hommage à Greyhound, une compagnie de transport fondée au tout début de la Première Guerre Mondiale et dont les prix ont toujours été attractifs. Desservant plus de 3500 destinations et si le siège est basé à Dallas, c’est bien Beaumont qui figure sur le panneau indicateur en haut du bus. Ervin joue sur les mots, transformant bus en blues. Produit par le regretté Paul Orta, harmoniciste texan qui vécut quelques temps à Paris, et enregistré sous la houlette de Floyd Badeaux, patron du label Great Blues Recordings, le disque tisse d’entrée de jeu une atmosphère lourde et ténébreuse avec « So Mean To Me » un inusité d’Elmore James. Le jeu de guitare grondant n’est pas sans rappeler Clarence EDWARDS. « All I Want Is You », une compo de Jerry Strickland, apporte son plein de souplesse ; la voix de Richard Earl et le rythme sensuel apportent au titre une coloration Soul proche de celle qu’on retrouvait sur les productions Paula, Ronn ou Soul Power. « Greyhound Blues » qui donne son nom au CD se déguste comme une petite pépite navigant entre Swamp et Texas Blues, l’harmonica d’Orta conférant un décor poisseux. Retour à la Soul avec « Sweet Woman’s Love », hit mineur de Geater Davis, un ancien compagnon de route du chanteur Richard Earl. Dès les premières strophes, Earl parvient à émouvoir son auditoire, et même le plus fondu des sociopathes serait capable de verser une larme.

L’instrumental « Jumpin’ With Ervin » dans lequel le guitariste nous assène un jeu tout en souplesse sous un nappage d’Hammond marque une petite rupture. Un petit tour et puis revient, tel le furet, Richard Earl imprime encore un climat Soul Full aussi entêtant que sudiste avec « My Love Is Real » qui n’est pas sans évoquer les répertoires de Little Johnny Taylor ou Bobby Patterson. Retour au coté sombre avec « Everyday I Have The Blues », standard de Memphis Slim pompé outrageusement sur un vieux trad. d’Aaron « Pinetop » Sparks. Le timbre grave et l’harmonica ajoutent une touche dépressive, alors que la guitare se fait incisive mais en adéquation avec le chant. Second instrumental avec « Gulf Coast Boogie », un pur boogie (CQFD) entre HOOKER et THOROGOOD dans lequel la section rythmique n’a de cesse de placer le guitariste au diapason. Second emprunt à Little Johnny Taylor avec « Some Where Down The Line » un pur morceau de Soul Blues dans lequel l’harmonica s’engouffre comme une pierre jetée dans le lit d’une rivière. On ne compte plus les reprises de « You Don’t Have To Go », standard du grand Jimmy Reed ; dont on conseillera au passage les essais d’Otis RUSH, Freddie KING sans oublier la superbe guitariste gauchère Barbara LYNN. Ici, Ervin Charles se démarque des tempos et des carcans en jouant sur les octaves alors que la basse du Toulonnais Pierre Pelegrin se révèle d’une rondeur affolante. L’album s’achève sur une note festive avec « You Better Change Your Ways », une création de Little Milton transformée pour l’occasion en Rockin’ Blues louisianais et dans laquelle les grognements du guitariste apportent une touche attachante à cette palette se terminant par un rire aussi gros que sincère.

Entre répertoire personnel, grands classiques se démarquant du radotage et reprises Soul Blues inusitées de première bourre, cet opus authentique se range pleinement dans le haut du panier des productions Blues du nouveau millénaire. L’alternance entre le chant grave et parfois sombre du guitariste et celui de Richard Earl d’orientation Soul sudiste débouche sur un contraste tombant à pic. Eddie Stout, patron du label Dialtone, permettra plus tard d’enregistrer et ainsi de dévoiler des bluesmen comme Little Joe Washington, Earl Gilliam, Joe Doucet ou Birdlegg.

Malheureusement, sur F.P. certaines histoires connaissent des fins tristounettes. Ervin Charles n’aura pas l’occasion de découvrir son premier et unique disque, décédant quelques semaines avant la sortie de Greyhound Blues.

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- Ervin Charles (guitare, chant 1-3-7-10-11)
- Richard Earl (chant 2-4-6-9, piano 4)
- John Mcvey (guitare)
- Pierre Pelegrin (basse)
- Uncle John Turner (batterie)
- Edgar Foster (piano, orgue 1-3-5-7-8)
- Paul Orta (harmonica 1-3-7-8-9)


1. So Mean To Me
2. All I Want Is You
3. Greyhound Blues
4. Sweet Woman's Love
5. Jumpin' With Ervin
6. My Love Is Real
7. Everyday I Have The Blues
8. Gulf Coast Boogie
9. Some Where Down The Line
10. You Don't Have To Go
11. You Better Change Your Ways



             



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