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GIBSON BROTHERS - Non-stop Dance/ Come To America (1977)
Par LE KINGBEE le 4 Décembre 2018          Consultée 982 fois

Cette chronique provient d’un pari. Un pote, gros collectionneur de disques, passe parfois à la maison pour échanger, me montrer ses acquisitions, discuter pressage, cotations bref on se taille une bavette.
Ce coup-ci, il a ramené quelques petites pépites (Lightnin’ Slim, Sister Rosetta Tharpe, Johnny Shines) et au milieu de sa pile figure « Non-Stop Dance/Come to America » des GIBSON BROTHERS♦.

Pas de soucis, le copain a récupéré de belles pièces mais se paye quelques petites vannes avec son 33 des Gibsons. Entre deux tranches de saucisson et un verre de blanc, le disque passe sur ma platine. Le pote a l’air fier de son achat. Probablement porté par un effet nostalgique, il se remémore certaines soirées de nos dernières années de bahut. J’avais en horreur ces soirées du genre mes-parents-sont-pas-la,on-fait-la-fête à-la-maison, mais ça plaisait et ça permettait de rencontrer des gens et surtout des nanas. Au moment de la sortie de « Non- Stop Dance », le Disco avait envahi la moitié de nos ondes radio, l’autre moitié proposait des daubes de variétoches à la française, pas de quoi faire saliver un jeune amateur de Blues, de Rock et de Garage.

Après avoir écouté le disque vite fait, le copain me met au défi de chroniquer les Gibson Brothers, un groupe que j’avais oublié depuis des lustres, pas ma tasse de thé, et surtout un registre qui m’a toujours horripilé le Disco.

Alors les Gibson sont vraiment trois frangins natifs de la Martinique: Alex, Patrick et Chris ont débuté dans le circuit des bals et auraient même joué au sein des Phalansters, formation dans laquelle jouait Jean Jacques Goldman. En 1976, les trois frères mettent en boîte un premier single « Come To America » pour le compte du label Zagora dirigé par Daniel Vangarde, un producteur qui fricote avec Sheila et Ringo et qui produira plus tard La Compagnie Créole, Ottawan. Pas gagné d’avance ! Surtout avec la pochette, coupe afro de rigueur évoquant la Philly Soul et la mode de l’époque, et les vestes de costards à paillettes et roses. Pas beaucoup d’atouts dans leurs manches, les frangins Gibson malgré leurs sourires. On ajoute à cela une production un brin ampoulée, bien dans les usages du moment. Contre toute attente, le single monte sur la plus haute marche des classements en France, en Italie et accède à de nombreux Top 5 dans toute l’Europe. Pour Vangarde, il faut battre le fer pendant qu’il est chaud et essayer de tirer les marrons du feu en sortant un album qui se vende.
On ignore quelles étaient les espérances du trio et de leur producteur, mais on peut penser que les rêves les plus fous seront dépassés, car pendant un an le disque va cartonner à la fois dans les discothèques mais aussi à la radio.

Alors, 40 ans après sa sortie, si on retrouve quelques titres légèrement obsolètes, ce disque fait encore illusion et préfigure certains concepts qui font fureur : un répertoire fédérateur, une musique résolument ancrée sur la danse, un registre capable de faire danser les deux communautés (la blanche et la noire).
Avec ses envolées de piano, de brefs passages de basse et de guitare funky, « Non-Stop Dance » parviendrait à faire danser n’importe quel poliomyélitique, les plus réfractaires tomberont sous le joug du saxophone. Moins rythmé, « Such A Funky Way » est placé pour laisser reposer les soupapes et évoque par moment la Soul Disco de Floride. Sur un tempo plus ralenti, à la limite du langoureux, la guitare funky tient les rennes sur « Music Is A Message ». Mais à contrario de certains titres intellectuels, il ne faut pas ici chercher trop loin la signification du dit message. « Too Late Baby » et « Never Said Goodbye » font figure aujourd’hui de pièces plus faiblardes, même si l’esprit de la danse plane comme une ombre.
En 1977, les Etats-Unis pouvaient encore se targuer d’attirer certains rêveurs. L’anglais David Essex avait rencontré le succès quelques temps auparavant en claironnant « America », et bien lui, Anita (Rita Moreno) membre des Sharks dans le film « West Side Story » laissait entendre que la terre promise n’était peut-être pas en Amérique. Les Gibson eux nous dressent une ode au pays, nous invitant à y venir danser. Pas certain, avec le mur que veut faire construire le Président Trump, que les Gibson iraient aujourd’hui danser en Amérique. Comme dans tous les disques Disco de l’époque, vient le moment de tomber la veste afin de ne pas repartir bredouille et quoi de mieux qu’un slow bien dans l’air du temps pour conclure? « Because I Love You », s’il peut faire sourire aujourd’hui, vaut bien une moitié du répertoire de Barry White et il a même qui plus est quelques violonades. « People Of The City » n’a pas grand-chose à envier aux productions US de l’époque, la finalité du titre étant toujours la danse. Le dernier titre « Music Of The World » contient de fortes fragrances de musiques des Caraïbes, rien d’anormal vu l’origine des trois musiciens.

Les Gibson commettront par la suite deux gros cartons avec « Cuba » et « Que Sera Mi Vida », deux titres qui rempliront leurs portefeuilles. A l’heure où j’écrivais ces lignes, les Gibson (seuls deux frères persistent) se produisaient en Amérique. La formation se produit toujours dans le monde entier, n’hésitant jamais à faire danser les publics les plus exotiques lors de concerts alliant rétro et danse. En mars 2019, le groupe doit tourner en Angleterre avec IMAGINATION et VILLAGE PEOPLE.

Une moitié du disque demeure aujourd’hui à la page, comme on dit, et pourrait même en remontrer à certaines productions Soul et R& Bee contemporaines. Reste à savoir où classer ce disque, en Soul, en World Music ou en variété internationale ? On conseillera la case Soul, le Disco en étant l’une des branches qu’on a heureusement fini par couper. Certains pressages de « Non-Stop Dance » valent une fortune, ce qui n’est pas le cas du Zagora.

Note réelle 2,5.

♦ Un autre groupe du même nom officie dans le domaine du Bluegrass. Mais les ricains jouent petit bras, se contentant de deux frères.
◊ J’ai bien entendu rendu le disque à son propriétaire.

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   LE KINGBEE

 
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- Alex Gibson (chant, piano)
- Patrick Gibson (batterie)
- Chris Gibson (chant, percussions)
- François Coréa (guitare)
- Vicky Edimo (basse)
- Mam Houari (saxophone, flûte)
- Freddy Housépian (trompette)
- Kako (trompette)


1. Non-stop Dance
2. Never Said Good-bye
3. Such A Funky Way
4. Music Is A Message
5. Too Late Baby
6. Come To America
7. Because I Love You
8. People Of The City
9. Music Of The World



             



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