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SHARON JONES & THE DAP-KINGS - 100 Days 100 Nights (2007)
Par LE KINGBEE le 6 Février 2017          Consultée 2043 fois

18 Novembre 2016, une date que je ne saurai oublier et pour cause. C’est l’anniversaire de ma femme (ce dont tout le monde se fout … même moi, sauf qu’il vaudrait mieux que je ne zappe pas la date, cela risquerait de créer de la tension à la maison) mais aussi et surtout l’annonce du décès de Sharon JONES. C’est quand même ironique, je risque de me rappeler la date du décès d’une chanteuse par le biais d’un évènement plutôt festif à l’origine. Ce funeste 18 novembre marque la fin d’une chanteuse exceptionnelle qui a revigoré la Soul moribonde de notre nouveau millénaire.

Originaire d’Augusta, seconde ville de Georgie au sud-est d’Atlanta, à une portée de fusil de la Caroline du Sud, où elle voit le jour le 4 mai 1956, Sharon JONES s’exile avec sa mère, sa sœur et ses trois frères à Brooklyn (New York) alors qu’elle est encore enfant. Comme de nombreuses chanteuses noires, elle débute le chant sur les bancs d’une paroisse new-yorkaise et se met rapidement à l’orgue. Ne parvenant pas à faire de sa passion son métier, Sharon accumule tout un tas de boulots : tour à tour convoyeuse de fonds pour la Wells Fargo, manager dans une petite imprimerie et gardienne dans le célèbre et dur pénitencier de Rykers Island.
Durant les eighties, alors que la vague Disco a tout bouffé sur son passage, elle essaie vainement de se lancer dans le monde de l’Industrie du Disque. Sharon fait un essai pour la major Sony, mais un 'gros connard' de directeur artistique la trouve trop vieille, trop grosse, trop noire, trop petite et trop moche, trop … tout ! Elle est recalée d’entrée, certainement jugée pas assez vendeuse en terme d’image.
Tout en bossant le jour, elle intègre plusieurs petites formations de Funk, d’électro et de Hip-Hop. Elle est brièvement choriste pour Big Daddy Kane (future vedette de Rap) et parvient tout de même à obtenir quelques cachets avant de bifurquer comme chanteuse de bal. En 1986, on la retrouve au sein d’Ivy. Huit ans plus tard, elle devient choriste pour le groupe espagnol Information Club. Un itinéraire qui a tout du parcours du combattant.

Mais il arrive parfois (c’est très rare) que les choses tournent favorablement. Invitée à une session du vétéran Lee Fields, sa route croise celles de Gabriel Roth et Philippe Lehman, deux producteurs qui lui permettent d’enregistrer deux titres en solo figurant sur l’album Gimme The Paw des Soul Providers. Les deux producteurs fondent alors Desco Records, label pour lequel Sharon enregistre trois singles. A l’orée du nouveau millénaire, les routes de Lehman et Roth se décroisent, Desco mettant la clef sous la porte. Sharon JONES décide alors de suivre Gabriel Roth qui vient de monter le label Daptone avec à la clef un premier single regroupant une version instrumentale et une vocale de "Got A Thing On My Mind". Mais c’est en 2002 que Sharon JONES accompagnée par The Dap-Kings, l’orchestre maison du label Daptone, lance un premier pavé dans la marre avec Dap Dippin’ With Sharon Jones & The Dap-Kings, un premier disque qui recueille les éloges de la presse Deep Funk. En 2005, après avoir beaucoup tourné afin de promouvoir son premier disque, Sharon enregistrait son second opus Naturally, un disque aussitôt salué par la critique internationale et grand succès commercial pour tout dire inattendu. Mais le meilleur n’allait pas tarder à venir.

C’est en 2007 que 100 Days, 100 Nights sort dans les bacs des disquaires. Depuis près de deux ans, Sharon et son groupe se sont fréquemment produits en France mais aussi dans toute l’Europe. Les prestations scéniques de la chanteuse, souvent très énergiques voire incendiaires, lui ont permis de capter une audience plus large que celle des amateurs de Soul ou de Funk. Autre atout, les membres des Dap-Kings restent fidèles, pas de changement de line-up, et Dieu sait si certains de ces musiciens sont sollicités et réclamés. Avec ce nouvel opus, la cohésion entre les différents instrumentistes et la chanteuse a encore pris du poids.
Entièrement composé par le groupe, Gabriel Roth aka Bosco Mann demeurant le plus grand pourvoyeur avec six titres, ce nouvel opus propose un répertoire pertinent et varié. Si les arrangements sont de haute tenue, avouons tout de même que c’est la voix qui frappe en premier lieu. Depuis son dernier album, le vocal de Sharon semble encore plus maîtrisé, pas de dérive comme cela lui arrive parfois sur scène quand elle veut trop mettre le paquet, expédier trop de carbure.
Si le parallèle avec James BROWN ne peut être occulté, Sharon et son groupe ont accentué le côté Soul et délaissé quelque peu le Funk mouvementé et dynamique des premiers albums.

En dehors de la qualité du chant, des arrangements d’une précision infaillible capables de réveiller un mort, de l’orchestration inattaquable, on a l’impression d’entendre un véritable Must d’expression collective. Chacun des virtuoses semble être en symbiose, se mettant au service du collectif. Si Sharon n’a coécrit qu’une seule chanson ("Tell Me"), elle donne vie aux titres composés par les différents membres. Comme l’annonce plus ou moins la pochette, clin d’œil aux productions Atlantic des mid-sixties, le répertoire est ici orienté sur une Soul sixties que certains journalistes nomment Revitalist Soul ou Retro Soul. Lors d’une interview postérieure à la sortie du disque, Sharon déclarait : Notre musique n’est pas intentionnellement rétro, nous écrivons et enregistrons la musique que nous aimons et ressentons.

Si "100 Days, 100 Nights", titre d’ouverture donnant son nom à l’album, a la préférence des stations radio avec des racines Gospel Soul clairement palpables, le disque propose d’autres petites pépites : l’entraînant "Nobody’s Baby" à la grosse ligne de basse se révèle plus intimiste, Sharon nous révélant qu’elle n’a pas de prétendant. Avec son intro au piano, "Be Easy" propose un pavé Soul bien dans la lignée des productions de Jerry Ragovoy ou d’Howard Tate. Mais, comme souligné plus haut, ce disque propose un répertoire délicatement varié. Si "Keep On Looking" reste résolument ancré dans une soul mid-sixties, le morceau s’avère plus dansant, les cuivres n’ayant de cesse de relancer ou d’atténuer le vocal. Si Sharon est souvent capable d’envoyer le pâté, elle sait tempérer ses ardeurs quand le besoin s’en fait sentir, la preuve avec "Humble Me", une ballade qui pourrait s’inscrire dans les répertoires d’Irma THOMAS, Betty HARRIS ou Ann PEEBLES. L’excellent "Tell Me" se trouve renforcé par un vibraphone qui imprime un rythme montant crescendo. Si "Let Them Knock" est ponctué de subtiles ruptures et de relances cuivrées, le morceau nous immerge dans une torpeur que ne renieraient pas Candi STATON ou Betty EVERETT. Autre grand moment avec "Something’s Changed" dans lequel un quatuor de cordes confère une certaine ambigüité, tandis que les cuivres sonnent résolument rétro. "Answer Me", dernière piste, peut être considérée comme la réponse Gospel Soul au titre d’ouverture, un morceau digne d’Aretha Franklin.

Ce troisième opus qui dépasse en termes d’exemplaires vendus les résultats escomptés permet à la chanteuse d’accéder à une notoriété accrue, pleinement méritée. A la suite de cet album, Sharon se permet de rares infidélités aux Dap-Kings en étant invitée à divers projets : Here Lies Love, un album concept de David Byrne (ex-TALKIN HEADS) et Fatboy Slim (ex-HOUSEMARTINS), elle interprète sept titres de Blues et de Gospel dans le film de Denzel Washington The Great Debaters. Sharon collabore également avec Rufus WAINGWRIGHT, Michael BUBLE, Lou REEC, They Might Be Giants, au disque pour enfants « Baby Loves Jazz ».

Souffrant d’un cancer depuis 2013, Sharon JONES s’est battue avec courage contre la maladie, mais comme souvent, cette dernière l’a emporté. Découverte tardive avec un premier disque mis en boîte à 46 ans, Sharon JONES incarnait le renouveau de la Soul. Auteure de prestations scéniques de haut calibre, Sharon laisse le souvenir d’une chanteuse pleine de conviction qui s'est battue comme une acharnée pour pouvoir assouvir sa passion, la chanson. Une réponse à tous les pontes de l’Industrie du Disque, aussi sourds dingues qu’obtus, qui tripatouillent plus la musique avec des grilles financières qu’avec leurs oreilles.

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- Sharon Jones (chant)
- Homer Steinweiss (batterie)
- Bosco Mann (basse)
- Tommy 'tnt' Brenneck (guitare)
- Binky Griptite (guitare)
- Neal Sugarman (saxophone)
- Ian Hendrickson-smith (saxophone)
- Dave Guy (trompette)
- Aaron Johnson (trombone)
- Fernando 'boogallo' Velez (congas, bongos)
- Toby Pazner (vibraphone)
- Cliff Driver (piano 1)
- Earl Maxton (orgue 1-3, piano 8)
- The Gospel Queens (chœurs 3)
- The Dansettes (chœurs 2-5-10)
- The Voices Of Thunder (chœurs 1)
- Antoine Silverman (violon)
- Entcho Todorov (violon)
- Christpher Cardona (viole)
- Alexander Kavdan (violoncelle)


1. 100 Days, 100 Nights.
2. Nobody's Baby.
3. Tell Me.
4. Be Easy.
5. When The Other Foot Drops, Uncle.
6. Let Them Knock.
7. Something's Changed.
8. Humble Me.
9. Keep On Looking.
10. Answer Me.



             



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